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Décembre 1998

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Des professeurs remarquables :

Peter Gzowski

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«J’en ai trois, tous des professeurs d’anglais», annonce une voix familière. «À l’école Galt Collegiate, il y avait un homme remarquable nommé Frank Ferguson, dit Peter Gzowski. Il a exercé une influence considérable sur moi et sur des centaines voire des milliers d’autres jeunes.»

«M. Ferguson, comme je l’ai appelé toute ma vie, avait le don de présenter un sujet. Il aimait tellement les œuvres qu’il enseignait que nous en venions à mettre de côté notre aversion naturelle pour Shakespeare et à nous dire que s’il pouvait faire preuve de tant d’enthousiasme, cela en valait sans doute la peine.»

Gzowski appelle Ferguson le «Mister Chips» de l’école Galt : «Les gens l’aimaient. Il était très jovial.»

Ferguson a fait quelque chose d’inusité pour un enseignant : il a été candidat CCF (ancien NPD). Gzowski se rappelle que bon nombre avaient été surpris, y compris son beau-père qui croyait que ces «socialistes radicaux» ne devraient pas avoir le droit d’enseigner. L’activité politique de Ferguson n’était jamais mentionnée en classe. «Il ne parlait que des écrivains au programme», ajoute Ferguson.

Ferguson enseignait aussi la composition. «J’étais capable d’écrire un peu à l’époque, dit Gzowski. Je suis fils de bibliothécaire. J’avais déjà un intérêt poussé pour ces choses, et il n’a fait que m’encourager.»

Gzowski aimait recevoir des nouvelles de Ferguson. «Quand j’ai commencé à travailler à la radio, je recevais des lettres merveilleuses, érudites, drôles et parfois même, des réprimandes. Les lettres étaient écrites à la main, à la plume, sur de petits feuillets blancs de M. Ferguson. Frank Ferguson – alors à la retraite – qu’il signait. C’est à ce moment que j’ai appris son nom», ajoute Gzowski.

Helen Rudick enseignait aussi l’anglais à l’école Galt. «Elle avait l’esprit un peu mal tourné, ce qui était toujours un plaisir, dit Gzowski en riant. Elle adorait mettre les garçons mal à l’aise et faisait tout ce qu’elle pouvait pour jouer sur les mots. Et je sais qu’elle aimait nous observer rigoler et rougir de la situation.»

En 11e année, Gzowski est passé à l’école Ridley, une école indépendante pour garçons à St. Catharines. C’est là qu’il a rencontré Jim Pringle, qui venait d’Atikokan et qui avait été commando pendant la guerre. «Enfin quelqu’un qui avait vraiment été à la guerre, précise Gzowski. Je ne me rappelle pas de la littérature qu’il enseignait, mais il savait toujours nous inspirer pour écrire.»

«On pouvait remarquer chez lui un peu de la dureté de la guerre, se souvient Gzowski. Il était parfois plutôt morose, mais en général très éveillé et de compagnie fort agréable.»

«Ce dont je me rappelle le plus, ajoute Gzowski, c’est une dissertation dans laquelle je voulais démontrer mes énormes talents littéraires. J’ai rédigé un texte du type «courants insaisissables de la conscience» et il l’a complètement démoli. Non seulement ma note fut horrible, mais les commentaires d’accompagnement étaient caustiques. Bien entendu, il avait raison. La leçon a bien servi. J’étais un peu la vedette en composition dans la classe, et quand j’obtenais un 30 ou à peu près, c’était un moment inoubliable. Ce qui était très bien pour moi. Cela signifiait que je devrais laisser mes prétentions de côté, ne pas me prendre pour ce que je n’étais pas.»

«C’est, je crois, ce que font les grands enseignants, soit ne pas avoir peur de vous faire décrocher de vos prétentions. Il savait sans doute que j’espérais travailler dans le domaine des communications», conclut Gzowski.