photo

Quatre enseignants utilisent téléphones intelligents, médias sociaux, cybercaméras et autres outils pour pousser l'apprentissage vers un tout autre niveau.

de Gerry Blackwell avec Francis Chalifour, EAO
Photographie de Kevin Hewitt

S’il existe un domaine que les enseignantes et enseignants veulent connaître – et dont ils veulent suivre l’évolution – c’est celui de la technologie dans la salle de classe. Nous avons donc décidé de découvrir comment des pédagogues à la fine pointe des connaissances utilisent la technologie de façon amusante et créative pour mieux motiver les élèves, résoudre des problèmes ou enrichir le matériel pédagogique.

Nos recherches ont débuté à la conférence annuelle de 2011 de l’Organisation ontarienne pour la cybernétique en éducation, laquelle a réuni plus de 600 professionnels dans le but d’échanger des pratiques exemplaires et des nouvelles idées sur l’utilisation de la technologie dans la salle de classe.

Un des faits saillants de la conférence, Minds on Media, a été la présentation de 12 pédagogues de l’Ontario qui ont montré à leurs collègues des manières intéressantes d’utiliser la technologie. C’est exactement sur ce genre de pédagogues que nous avons l’intention de faire pleins feux dans cette nouvelle chronique de Pour parler profession.

Entre-temps, voici un aperçu de ce que quatre pédagogues branchés font présentement, ainsi que des conseils sur la façon de faire de même dans votre classe.


Mali Bickley, EAO

Enseignante de 5e année,
Fieldcrest Elementary School, Bradford

Au début, il faut plus d'énergie pour enseigner de cette façon, mais c'est également plus dynamique.

Problème 

Comment inspirer les enfants de la génération Internet et les sensibiliser aux questions de justice sociale?

Solution 

Participer à des projets de collaboration en ligne avec des classes d’autres pays.

Leçons retenues 

Rien ne motive autant les élèves de Mali Bickley à donner le meilleur d’eux-mêmes que les projets portant sur les programmes-cadres qu’elle organise plusieurs fois par année. «C’est toujours le moment-phare de leur semaine», dit-elle.

L’International Education and Resource Network (iEARN) organise des projets dans plus de 130 pays. (Mme Bickley est l’un des deux coordonnateurs d’iEARN au Canada). iEARN jumelle des classes, fournit un animateur, donne aux pédagogues des instructions détaillées et aide à la planification des leçons. Les projets portent sur de nombreux sujets et on peut les adapter.

Les élèves travaillent à des tâches communes, parlent de leurs recherches et de leur travail, et discutent dans des forums. Ils se rencontrent parfois dans le cadre de vidéoconférences. Lors d’un projet récent, la classe de Mme Bickley a travaillé avec une classe du Japon. Les élèves ont fait des recherches sur les problèmes liés à la qualité de l’eau dans leur pays respectif tout en se familiarisant avec la culture de l’autre pays.

Un projet mené avec une école de Kandahar, en Afghanistan, s’est penché sur la façon dont la vie dans une zone de guerre touche les enfants, et a permis le développement d’idées sur la manière de devenir ambassadeur de la paix.

Observations 

Mme Bickley montre l’un des livres illustrés que les élèves afghans ont produit. «C’est de l’apprentissage authentique et ciblé. Mes élèves ont atteint tous les objectifs, mais ils ont dit que je les avais amenés à participer par la ruse!»


Mme Bickley est d’avis qu’un plus grand nombre d’enseignants devraient essayer les projets iEARN. L’organisation n’est pas aussi difficile qu’elle en à l’air. «Les élèves utilisent les médias sociaux de toute façon», souligne-t-elle.

Vous pouvez le faire aussi

Il faut : Étapes : Conseils utiles : «Au début, il faut plus d’énergie pour enseigner de cette façon, déclare Mme Bickley, mais c’est également plus dynamique. Les enfants sont tellement enthousiastes. C’est un vrai miracle!»


Danika Barker, EAO

Enseignante d’anglais et d’étude des médias, Central Elgin Collegiate Institute, St. Thomas

Les blogues permettent aux élèves de produire leurs travaux sommatifs.

Problème 

Comment intéresser des élèves de 12e année, virtuoses des messages textes, aux ouvrages de Shakespeare?

Solution 

Leur enseigner en utilisant les médias sociaux qu’ils connaissent, y compris les blogues et Twitter.

Leçons retenues 

Danika Barker suggère de demander aux élèves quels sont les outils en ligne qu’ils préfèrent. Son dernier projet : amener les élèves à créer des jeux de rôles dans Twitter autour d’Hamlet.«Je pense que ça les aidera à mieux comprendre la pièce et que ce sera amusant», affirme-t-elle. Mme Barker utilise aussi régulièrement Ning, un service d’abonnés qui permet aux pédagogues de créer des sites de réseautage social privés, semblables à ceux de Facebook. «C’est un environnement qu’ils connaissent très bien. Ils apprennent vite à s’en servir»,dit-elle.


Chaque élève utilise une page personnelle Ning pour bloguer régulièrement sur des discussions qui se sont déroulées en classe. Elle note ce qu’ils y affichent. Les élèves doivent également commenter les inscriptions de deux autres élèves et répondre aux commentaires sur les leurs.

Observations 

L’obligation de commenter est un élément clé. «C’est là que réside tout le pouvoir de cet outil : c’est un document qui évolue. On ne peut pas dire “je l’ai terminé, je l’ai remis, je n’y penserai plus” les conversations se poursuivent», dit Mme Baker. Les blogues génèrent des idées pour les dissertations de fin de semestre.

Elle permet aussi aux élèves de produire leurs travaux sommatifs à l’aide d’outils multimédias tels que Glogster, un service en ligne de création d’affiches multimédias; Bitstrips pour la création de bandes dessinées; Voicethread, un outil de collaboration multidimensionnel.

Vous pouvez le faire aussi

Il faut :
Étapes :

Conseils utiles :
Selon Mme Barker, il est essentiel de choisir le bon outil pour la tâche à accomplir. Si vous évaluez leur capacité de rédiger des paragraphes en bonne et due forme, il faut du papier et des crayons. Si vous évaluez leur compréhension du concept, des outils tels que Glogster peuvent se révéler une source importante de motivation et permettre de respecter différents styles d’apprentissage.

Ne faites pas l’erreur de recourir à des outils d’enseignement du XXIe siècle tout en vous accrochant à des méthodes pédagogiques du XIXe axées sur l’enseignant, ajoute-t-elle.

Kent Manning, EAO

Enseignant de 6e année,
Harmony Public School, Corbyville

Ses projets de films ont connu un franc succès auprès d'élèves auparavant démotivés.

Problème

Comment susciter le goût d’écrire chez les garçons, surtout chez ceux qui ont des difficultés?

Solution 

Dissimuler le travail dans des projets de création de films, image par image.

Leçons retenues 

«Les données montrent un écart incroyable entre les sexes en matière d’écriture», affirme M. Manning, qui ajoute cependant que les garçons exécuteront les tâches si on leur fait vivre des expériences qui les motivent en classe. Ses projets de films image par image ont connu un franc succès auprès d’élèves auparavant démotivés.


Les élèves forment des groupes, collaborent à la rédaction d’une histoire originale, prévoient la manière de la présenter en utilisant la scénarisation, puis apportent des jouets de la maison (p. ex., autos et figurines comme accessoires et personnages) et, à l’aide d’une cybercaméra et du logiciel Frames, sous licence du Ministère, produisent le film. «Ce sont des Tim Burton en herbe», de dire M. Manning.

«La rédaction d’un scénario constitue bel et bien de l’écriture», souligne-t-il. Les projets qui nécessitent des aptitudes langagières et la compréhension de la structure d’une histoire répondent donc aux objectifs du programme.

Observations 

M. Manning, alors conseiller en éducation technologique du conseil scolaire, avait d’abord expérimenté la production média pour motiver des garçons il y a quelques années. Les résultats des garçons aux tests d’écriture se sont améliorés et les visites au bureau ont diminué.
Les renseignements non scientifiques sont également convaincants. Cette année, un garçon du Programme d’intervention en autisme, après avoir éprouvé des difficultés avec d’autres activités d’écriture, a été tellement enthousiasmé par le projet qu’il a demandé à faire des travaux supplémentaires.

Vous pouvez le faire aussi

Il faut :
Étapes :

Conseils utiles : Attendez-vous à du chahut durant la production des vidéos. «Ce n’est pas tranquille, avertit M. Manning. Les garçons aiment le vacarme.»


Charles Corradini, EAO

Enseignant de mathématiques en 11e et en 12e année, programme de baccalauréat international, Collège français, Toronto

Ne craignez pas d'essayer de nouvelles façons de faire les choses, surtout en informatique.

Problème 

Comment permettre aux élèves d’acquérir des compétences en mathématiques sans avoir à tout prendre en note?

Solution 

Utiliser les ordinateurs et les outils informatiques pour partager des ressources en ligne.

Leçons retenues 

De nombreux sites expliquent des problèmes de mathématiques, mais peu offrent des modèles de solution.

Observations 

Les élèves se concentrent vraiment sur la résolution de problèmes sans perdre de temps à prendre des notes puisque le contenu du cours est affiché en ligne.

Vous pouvez le faire aussi

Il faut :
Étapes :

Conseils utiles :
Ne craignez pas d’essayer de nouvelles façons de faire les choses, surtout en informatique. Il est facile d’utiliser un tableau blanc interactif et les outils deviennent plus efficaces. N’hésitez pas à demander de l’aide auprès des autres pédagogues ou des conseillers en apprentissage. La technologie peut vraiment faciliter notre travail et plaire aux élèves, quel que soit leur style d’apprentissage.


Cela vous inspire?

Nous aussi! C’est pourquoi nous lançons la nouvelle rubrique TechnoLogique. Dans chaque numéro, nous vous montrerons comment un vrai pédagogue met la technologie à son profit dans sa classe, et que faire pour l’imiter.

Vous venez d’arriver dans le futur!