Cette chronique recense des ressources utiles. Vous pouvez emprunter la plupart des ouvrages en question à la bibliothèque Margaret-Wilson, à l’exception de certaines trousses de classe. Vous n’avez qu’à envoyer un courriel à biblio@oeeo.ca Rendez-vous à professionallyspeaking.oct.ca → Reviews pour des ressources en anglais.
Les albums :
une richesse en mots et en images
Le chasseur de loups-marins
de Claire Vigneau
illustrations de Bruce Roberts
Comme pédagogue, il est aussi important d’exposer les élèves à des œuvres qui traitent d’enjeux peu connus et mal compris que de pouvoir leur présenter des œuvres littéraires qui sortent de l’ordinaire. Cet album illustré, gagnant de plusieurs prix et destiné aux adolescents, y parvient. L’auteure et l’illustrateur ont marié textes et images de façon intrigante. De plus, le titre de l’œuvre fait vibrer une des cordes sensibles des Canadiennes et Canadiens : la chasse aux phoques. Voilà un sujet complexe qui fait l’objet d’une couverture médiatique négative au pays. En utilisant ce livre comme amorce, l’enseignant peut animer des discussions éthiques à ce sujet.
Le livre n’offre pas de récit comme tel. À mi-chemin entre la poésie et la prose, les souvenirs de l’auteure évoquent le déclin de cette industrie nordique saisonnière. D’un côté, on traite des conséquences économiques; de l’autre, on aborde la nostalgie de sa disparition. «Mais l’air frais, le blanc et le bleu, le rouge aussi qui s’y était ajouté, tout ça faisait que je me sentais en communion avec la nature.» Finalement, on met en lumière la perception actuelle de la chasse aux loups-marins et l’opinion de la jeune génération. «Ma fille n’éprouve pas les mêmes sentiments. Le loup-marin, le phoque pour elle, doit être protégé.» Chaque petit récit-souvenir nous apporte une perspective intéressante à propos de cette tradition canadienne si peu connue. Le tout nous permet de réfléchir aux aspects positifs et négatifs de cette chasse tout en se questionnant sur la perception qu’en ont les chasseurs et leurs descendants.
Il est toutefois difficile de déterminer à qui s’adresse ce livre. D’une part, il est très imagé et les textes sont courts. Les images font appel à la pensée critique et encouragent l’interprétation. Donc, selon l’âge des jeunes, un suivi de l’enseignant est nécessaire afin de bien faire comprendre les subtilités de ce sujet. D’autre part, étant donné qu’il n’y a pas de récit à décortiquer, cette œuvre est idéale pour le travail en groupe afin que chaque équipe explique au reste de la classe le récit et l’image qui leur sont assignés. On peut donc conclure que cet ouvrage se prête bien à l’intégration de multiples matières.
Bref, l’ajout de ce livre à la bibliothèque de votre école saura diversifier vos ressources grâce à la sensibilité et à la beauté du texte et des illustrations.
➔ Le chasseur de loups-marins; Éditions Les 400 coups; Montréal; 2010; ISBN 978-2-89540-454-5; 32 p.; 19,95 $; Diffusion Dimedia inc.; 514-336-3941; general@dimedia.qc.ca; www.dimedia.com
Critique de Mélany Bouchard, EAO, enseignante de français à l’école secondaire catholique Franco-Cité, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa.
Léo et les presqu’îles (livre sur cédérom)
de Gilles Vigneault
illustrations de Stéphane Jorisch
Ce livre cédérom est une invitation lancée aux élèves de 4e et de 5e année à découvrir le plaisir de lire, à s’initier à la poésie et à la chanson, et à baigner dans le patrimoine culturel. Cette fable de Gilles Vigneault présente le récit d’un jeune garçon, fils d’un pêcheur perdu en mer, qui part à la recherche d’aventures. Sur son chemin, il découvre les liens qui tissent la vie : les relations entre les membres d’une famille, les rythmes de la nature, les échanges entre les animaux et les humains, les étapes de construction d’un bateau. Le tout, illustré à l’aquarelle avec finesse et subtilité, est empreint de beaucoup de caractère.
Un des nombreux titres de la collection À l’école de la montagne secrète, cet album cédérom présente chansons, comptines et contes de Gilles Vigneault interprétés par des chanteurs et comédiens de renom, dont Fred Pellerin, Diane Dufresne, Claude Gauthier, Clémence DesRochers, Robert Charlebois et Édith Butler.
Conçu principalement pour le programme de français au Québec, cette ressource vise la maîtrise des connaissances et des stratégies ciblées par le programme-cadre de français à l’élémentaire de l’Ontario, et permet des activités multidisciplinaires, notamment : arts plastiques, art dramatique, géographie, français, musique et histoire.
Une trousse scolaire (manuel, cédérom, guide d’enseignement avec multiples activités, fiches reproductibles et grilles d’évaluation) est aussi disponible.
Léo et les presqu’îles donne au personnel enseignant et aux parents l’occasion de développer les compétences linguistiques des élèves dans un contexte original, imagé et stimulant.
➔ Léo et les presqu’îles; À l’école de la montagne secrète; Montréal; 2010; ISBN 978-2-923163-68-0; 64 p.; 24,95 $; Diffusion Dimedia, inc.; 514-336-3941; general@dimedia.qc.ca; www.dimedia.com
➔ La trousse pédagogique : Groupe Modulo; Montréal; 2011; ISBN 978-2-896507-63-4; 114,95 $; 1-888-738-9818; service.clientele@groupemodulo.com; www.groupemodulo.com
Critique de Pierre Drouin, EAO, enseignant de mathématiques à la retraite et professeur à temps partiel au programme de formation à l’enseignement de l’Université d’Ottawa.
La mer
de Marianne Dubuc
Voici une histoire toute simple d’une quarantaine de pages : un chat qui a faim et un poisson qui ne veut pas servir de repas. De l’aquarium, nous suivons le poisson rouge dans un tourbillon d’aventures et de ruses qui le conduiront vers une liberté définitive : l’océan.
La simplicité de cette histoire repose sur une particularité assez singulière : le lecteur n’y trouve aucun mot. Un livre pour enfants ne comportant que des images a pour but d’exploiter l’expression orale spontanée et l’émergence d’une banque de mots sans fin! L’enseignement explicite de stratégies de lecture y trouvera ainsi son compte. L’enseignant pourra aborder avec ses élèves l’anticipation, l’activation de connaissances antérieures, la visualisation, l’inférence et l’appréciation. Il sera aussi en mesure de faire des liens entre le vécu des élèves et l’histoire, et de déterminer avec eux quels événements relèvent du monde réel ou fictif.
En ce qui a trait à l’écriture, ce livre permettra de leur faire créer individuellement ou collectivement un récit, un dialogue ou une chanson pour accompagner les images.
La mer est aussi une histoire magnifiquement imagée. Plusieurs activités artistiques sont possibles : choix des couleurs (l’illustrateur n’en a choisi que trois), styles de dessin, conversion de l’histoire en bandes dessinées ou reprise des images en utilisant d’autres animaux.
Une telle ressource nous démontre qu’un livre peut être universel. Nos élèves du programme ontarien d’actualisation linguistique en français (ALF) ou d’appui aux nouveaux arrivants (PANA) pourraient y trouver leur compte, puisque les mots écrits ne représenteront pas de barrières à la compréhension ou à l’interprétation de l’histoire. La littératie illustrée est un outil qui peut définitivement encourager le développement de la créativité et du raisonnement chez nos apprenants, petits et grands.
➔ La mer; Les Éditions de la Pastèque; Montréal; 2011; 92 p.; 21,95 $; ISBN 978-2-923841-04-5; Socadis; 514-331-3300 ou 1-800-361-2847; client@socadis.com;www.socadis.com
Critique de Chantal Leclerc, EAO, directrice de l’école élémentaire Francojeunesse, Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, Ottawa.Harvey
de Hervé Bouchard
illustrations de Janice Nadeau
J’ai été bouleversée en lisant Harvey. Même si je suis mitigée par rapport à ce roman, une chose est certaine : il ne laisse personne indifférent!
Cette histoire est très facile à lire et fait beaucoup réfléchir. Elle parle des événements graves de la vie avec des mots simples et de belles illustrations.
Hervé Bouchard et Janice Nadeau ont tous deux misé sur la sobriété pour aborder des sujets qui nous affectent tous. Dans la vie à peine colorée du petit garçon surgit l’immense néant de la mort, qu’il n’arrive pas à comprendre. La personne décédée est celle qui le protège et qu’il considère invincible : son père.
Mais cette œuvre, gagnante d’une dizaine de prix, dont deux Prix du Gouverneur général pour le texte et les illustrations, ne relate pas seulement la tragédie d’une famille. Elle parle aussi des éléments que nous tissons autour de nous et qui nous enveloppent dans un cocon.
Je ne connaissais pas le personnage tiré du film des années 1950, L’homme qui rétrécit, qui a inspiré Hervé Bouchard pour créer Scott Carré, le héros de Harvey. Quand j’ai lu le livre, c’est avec candeur que je me suis appropriée ce récit : le petit atome qui jadis avait été un homme et qui continue à vivre parce qu’un garçonnet aime fixer du regard le point noir qu’il est devenu.
Si je devais recommander ce roman graphique, ce serait à des élèves plus âgés qui sont plus enclins à l’abstraction.
➔ Harvey; Les Éditions de la Pastèque; Montréal; 2009; ISBN 978-2-922585-67-4; 168 p.; 26,95 $; Socadis; 514-331-3300 ou 1-800-361-2847; client@socadis.com; www.scocadis.com
Critique de Véra Nochtéva, EAO, enseignante de français à la White Oaks Secondary School, Halton District School Board, Oakville.
Les échecs
de Sylvie Roberge,
illustrations de Gabrielle Grimard
Collection Curieux de savoir
Le jeu d’échecs est une activité intellectuelle des plus intéressantes. Si cet album illustré a attiré mon attention, c’est que je crois à l’importance d’intégrer les échecs dans nos salles de classe. C’est un jeu de stratégie qui développe de nombreuses compétences, telles la logique, la concentration et la mémoire.
À ma grande surprise, ce livre n’est pas seulement informatif. On y retrouve un magnifique conte bien illustré. Le jeu de Sissa raconte l’histoire d’un jeune homme qui se présente devant un roi, lequel s’ennuie à mourir. Sissa l’invite à jouer à un jeu qu’il a inventé : le chaturanga. Le roi est émerveillé par ce jeu de guerre dont le but est de détruire l’armée de son adversaire et de capturer le roi.
Nous apprenons ensuite les règles de base du jeu d’échecs. On explique aussi les déplacements des pièces de même que quelques tactiques.
J’ai beaucoup apprécié les liens Internet proposés; ils permettent de se renseigner davantage sur ce jeu. J’ai d’ailleurs appris que l’origine du jeu d’échecs n’est pas tout à fait connue, mais que le chaturanga pourrait bien être son ancêtre. Un site invite même l’enfant à inventer et à construire, ce qui le pousse à utiliser ses compétences.
➔ Les échecs; Dominique et Compagnie; Montréal; 2010; ISBN 978-2-89512-849-6; 32 p.; 18,95 $; Messageries ADP; 450-640-1237 ou 1-866-874-1237; www.messageries-adp.com
Critique de Lysiane Couture-Lemieux, EAO, enseignante de 3e-4e année à l’école catholique St-François-Xavier, Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières, Mattice.Le catalogue des gaspilleurs : 2e édition!!!
d’Élise Gravel
Voici une façon rigolote de sensibiliser les jeunes à la surconsommation et au gaspillage. Dans ce catalogue, on trouve 24 inventions, toutes plus farfelues les unes que les autres. Une bonne façon d’attirer ceux qui ne savent pas quoi faire de leur argent!
Connaissez-vous le Tristylo? C’est un stylo à trois pointes (qui ressemble drôlement à une petite fourche du diable) pour se faciliter la tâche quand on doit faire des lignes et qui promet de vous aider à «faire vos devoirs en deux temps trois mouvements!» Et que dire du spaghetti aérosol : appuyez sur le bouton-pressoir et les pâtes sortent du contenant, déjà chaudes, sans goût et 100 % chimiques! Vous voulez avoir une haleine de génie? Choisissez parmi celle d’Einstein, de Madonna, d’Elvis ou de Cléopâtre : maintenant disponible en vaporisateur. «Qui a besoin d’apprendre des trucs quand on peut simplement avoir l’haleine d’Einstein?» revendique la légende.
Grâce à ses illustrations loufoques et à ses slogans accrocheurs, ce bouquin fera rire les élèves de la 3e à la 5e année et, en même temps, les incitera à scruter la publicité omniprésente et à réfléchir sur la consommation effrénée.
À la fin du livre, on encourage le lecteur à concocter son «propre produit stupide» et à créer sa publicité. Quelques trucs importants : montrer une vedette en train d’utiliser le «bidule», inventer un slogan et offrir une prime! Voilà une activité amusante qui peut servir de tremplin dans un cours d’arts plastiques, de français ou d’éthique, et qui se prête bien au travail d’équipe.
Les illustrations débridées et colorées ainsi que les petits textes absurdes de cet album sont susceptibles d’attirer et d’inspirer les plus récalcitrants des jeunes lecteurs. Ne manquez pas cette occasion de leur faire découvrir le «bonnet nasal», le «dentifrice à l’escargot» et les céréales «Bidull’s» à une calorie seulement. Vous ne le regretterez pas!
➔ Le catalogue des gaspilleurs, 2e édition!!!; Éditions Les 400 coups; Montréal; 2011; ISBN 978-2-89540-499-6; 32 p.; 16,95 $; Diffusion Dimedia inc.; 514-336-3941; general@dimedia.qc.ca; www.dimedia.com
Critique de Rochelle Pomerance, responsable de la présente rubrique.
Fourchon
de Kyo Maclear et Isabelle Arsenault
Aujourd’hui, beaucoup d’enfants vivent dans une famille reconstituée. Parfois, ils se sentent seuls, comme s’ils n’appartenaient pas entièrement à leur famille. Voici un livre qui pourrait leur faire du bien.
Fourchon est né d’une maman cuillère et d’un papa fourchette. Cependant, lui, qui est un peu des deux, ne trouve pas sa place dans ce monde. Entouré d’ustensiles qui se retrouvent quotidiennement à la table, il s’ennuie. Il essaie de se déguiser en cuillère, puis en fourchette. Toutefois, les autres résidents du comptoir de la cuisine le rejettent.
Il passe ses jours à admirer le service de couverts qui s’amuse à jouer dans la nourriture et qui, à la fin de chaque repas, prend un bain luxueux. Ça l’attriste.
Jusqu’à ce point de l’histoire, les illustrations piquent la curiosité; les pages grisâtres ont juste un peu de couleurs. On s’amuse à examiner la texture des dessins en plus des expressions drôles des fourchettes et des cuillères.
Nous sommes aveuglés de rouge lorsqu’un jour apparaît dans la maison une «chose malpropre», incapable d’utiliser ni fourchette ni cuillère et qui, pendant les repas, fait de gros dégâts! Les ustensiles crient au secours, et c’est à ce moment-là que Fourchon trouve sa place à la table.
Cet album pourrait être utilisé par les enseignants et les parents en tant qu’amorce pour une discussion sur la différence, le rejet, la ségrégation et l’acceptation. Fourchon apprendra aux enfants que, même s’ils se sentent différents des autres, même s’ils ont l’impression de n’appartenir nulle part, ils vont finir par trouver leur place dans ce monde.
➔ Fourchon; Les Éditions de la Pastèque; Montréal; 2011; ISBN 978-2-923841-03-8; 36 p.; 16,95 $; Socadis; 514-331-3300 ou 1-800-361-2847; client@socadis.com; www.scocadis.com
Critique de Lyanne Marion, EAO, enseignante de 5e-6e année en immersion française à la St. Francis Catholic School, Sudbury Catholic District School Board, Sudbury.
Les 1001 livres pour enfants qu’il faut avoir lus avant de grandir
de Julia Eccleshare
Êtes-vous de ceux qui sont toujours à la recherche d’une perle à ajouter à leur bibliothèque de classe? Craignez-vous de n’avoir jamais réussi à lire les essentiels de la littérature jeunesse? Ce recueil est pour vous!
Voici un véritable ouvrage de référence, tant pour les pédagogues et bibliotechniciens que pour les parents et les grands enfants. Plus de 1 001 livres pour enfants, toutes origines et tous genres confondus, sont réunis ici, évoquant une magie indescriptible où flottent éclats de rire et souvenirs. Nostalgie assurée pour les adultes qui le feuilletteront!
Il contient des fiches détaillées contenant toute l’information nécessaire pour permettre un survol du livre présenté, entre autres : titre, auteur, illustrateur, nationalité, édition, thèmes, descriptions, commentaires, livres du même auteur et autres histoires similaires.
Les illustrations sont colorées, accrocheuses et très représentatives de l’œuvre qui leur est associée. Elles racontent une histoire en elles-mêmes. C’est avec fébrilité et intérêt que l’on referme le recueil pour se procurer une des œuvres présentées.
Vous y retrouverez les plus grands classiques, de Winnie l’ourson d’A.A. Milne en passant par Pierre Lapin de Beatrix Potter, Le Chat chapeauté de Dr. Seuss et Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, mais également des ouvrages plus récents, comme Twilight : Fascination et la série Harry Potter. Vous reconnaîtrez certains titres européens, dont Petit ours brun, Le petit Nicolas, T’choupi, Sans famille et Tintin. Des albums de plusieurs pays, dont la Suède, la Finlande, la République tchèque et le Japon, font partie de cette collection internationale; toutefois, du Canada, seulement deux titres, dont le célèbre Anne… la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery.
La variété des cultures représentées offre nombre de possibilités d’activités à caractère éthique et des projets sur la littérature jeunesse du monde entier. De plus, c’est un bon outil pour susciter l’amour de la lecture chez les jeunes.
➔ Les 1001 livres pour enfants qu’il faut avoir lus avant de grandir; Éditions du Trécarré; Montréal; 2010; ISBN 978-2-89568-487-9; 960 p.; 34,95 $; Messageries ADP; 450-640-1237 ou 1-866-874-1237; www.messageries-adp.com
Critique de Marie-Christine Payette, EAO, enseignante et traductrice contractuelle, à La Tuque, Québec.Rochelle Pomerance est journaliste culturelle, animatrice et traductrice; elle est aussi la responsable de cette rubrique. Écrivez-lui à revue@oeeo.ca.