Kevin Bush, EAO

Nourrir un sentiment d’unification

de Leanne Miller, EAO

Il suffit de voir les murs du bureau de Kevin Bush pour savoir quelles sont ses croyances en leadership : le portrait de Martin Luther King Jr. rappelle l’importance de rêver, et celui de Nelson Mandela, qu’il faut surmonter des épreuves pour atteindre ses objectifs. S’y trouvent aussi la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies ainsi qu’une peinture mystérieuse haute en couleur d’un ancien élève qui s’est inspiré du programme Butterfly Peace Garden.

Sans aucun doute, Kevin Bush s’est inspiré de ces grands penseurs et de cette production artistique éloquente pour mener à bien son rôle de directeur de la Sir Guy Carleton Secondary School, mais c’est son approche unique et magistrale en leadership qui a été honorée par le Prix du premier ministre pour l’excellence en enseignement 2010-2011.

Les 90 membres du personnel enseignant et de soutien de l’école secondaire de formation professionnelle de l’Ottawa-Carleton District School Board aident 500 élèves à acquérir les aptitudes qui les prépareront à intégrer le marché du travail. Environ 80 pour cent des diplômés passent directement au marché du travail, tandis que 15 pour cent choisissent d’aller au collège ou de suivre une formation d’apprenti. Les autres vivent de l’aide communautaire.

La plupart des élèves ont éprouvé des difficultés sur le plan scolaire ou social durant l’élémentaire et ont connu très peu de réussite. En tant que directeur d’école, Kevin Bush doit relever un double défi : nourrir et maintenir un sentiment d’unification au sein d’une population estudiantine souvent rebelle, et établir une vision commune pour les élèves, le personnel scolaire, les parents et les tutrices et tuteurs. Kevin Bush a été primé en raison de sa philosophie unique : il fait partie de la chevalerie.

Le respect et l’honneur font partie de la chevalerie, thème universel de l’école. Et si ce thème semble contraire à l’ère de l’iPad et de l’iPhone, les élèves, eux, font rapidement preuve d’un esprit ouvert dès qu’ils mettent le pied dans le bureau de M. Bush.

Oui, c’est un vrai heaume de joute de chevalier. Les élèves veulent l’essayer et parfois même l’emmener chez eux, dit M. Bush en riant.

La chevalerie de l’école est basée sur la courtoisie, le bon sens, la co-opération, la carrière et la communication. Cette dernière commence avant même que l’élève décide de fréquenter l’école. Souvent, lorsqu’un enfant arrive à notre école, ses parents, sa tutrice ou son tuteur nous ont déjà rendu visite plusieurs fois, explique M. Bush.

L’école organise un barbecue d’accueil en août et des soirées à l’intention des parents d’élèves de 8e année en février et en mai afin de les habituer à la chevalerie avant la rentrée. Plus les gens sont accoutumés à notre façon de faire, plus ils nous appuient. Plus on en fait l’expérience, plus on est attaché à la chevalerie.

Une fois les élèves inscrits, la communication est continue. Chaque semaine, M. Bush envoie par courriel le bulletin Knight Talk à 250 familles pour renforcer le sens de la communauté et de l’appartenance. Il invite les parents à des réunions du conseil d’école, à des célébrations marquant le rendement des élèves, à des remises de prix, à des entrevues avec le personnel enseignant et à des soirées pour leur apprendre à suivre l’emploi du temps de leur enfant.

Rares sont les élèves qui ne connaissent pas M. Bush. Lorsqu’il n’est pas dans les couloirs, sa voix retentit du haut-parleur pendant les annonces matinales et son visage apparaît lors de ses annonces télévisées quotidiennes.

Fait très atypique, c’est que les élèves abordent leur directeur tout le temps. Certains, tout simplement pour dire bonjour, et d’autres, pour lui demander de la gomme à mâcher. M. Bush dit qu’il passe à travers plusieurs paquets de gomme sans sucre chaque jour. C’est ce qui me rend humain et accessible.

Ils le reconnaissent aussi grâce au repas du jeudi midi avec lui. Il s’agit d’un événement pour célébrer les accomplissements chevaleresques des élèves. Du bénévolat pendant les élections provinciales à l’aide procurée à presque 800 personnes dans le besoin lors du repas annuel de l’école à l’Action de grâces, tout est bon pour obtenir une place à la table de M. Bush.

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Des élèves célèbrent leurs réussites chevaleresques avec Kevin Bush, dans la salle à manger du gouverneur général, durant le dîner hebdomadaire avec le directeur d’école. La salle est une réplique de celle de Sir Guy Carleton.

Parmi des invités récents, notons Shaun, représentant de l’école au Relais du 25e anniversaire de la tournée mondiale Rick Hansen; Daniela, reconnue pour son ardeur au travail, sa courtoisie dans les corridors et sa capacité à se faire des amis facilement; Stacey, qui arrive dans la pièce en fauteuil roulant, honorée pour ses splendides efforts quotidiens en éducation physique; Naomi, une élève de 12e année qui s’était inscrite au programme de la Majeure Haute Spécialisation en hôtellerie et tourisme de Sir Guy il y a tout juste une année, reconnue pour sa participation au niveau national du concours culinaire de Compétences Canada.

Cette école est très différente, explique Naomi. Généralement, les élèves ne remarquent que ce qui ne va pas chez un directeur d’école. Toutefois, nous remarquons notre directeur par le bien qu’il fait. Il connaît le nom de tout le monde et il prend le temps de parler à chacun. C’est cela qui nourrit la confiance et la démontre.

Le Respect Club, un prolongement du thème de chevalerie, a été mis sur pied il y a deux ans. Les élèves qui en font partie doivent signer un contrat et porter un bracelet pour montrer leur engagement à la courtoisie, au bon sens et à la coopération à l’école comme ailleurs.

Cela nous confère un langage commun et un ensemble d’attentes rattachées à nos comportements. Nous pouvons en discuter dans le but de corriger les comportements inappropriés, mais aussi de valoriser les nombreuses actions positives. Nous parlons ici du développement des aptitudes à la vie quotidienne. Ces jeunes ont besoin d’être valorisés et d’avoir le sentiment qu’ils contribuent à la société. C’est notre travail de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à y arriver, déclare M. Bush.

Une fois membre du Respect Club, l’élève peut se joindre à l’équipe des leaders et participer à ce titre à des événements à l’échelle de l’école, tels que les élections provinciales.

M. Bush croit fermement qu’un corps sain, un esprit sain et une attitude saine contribuent à la réussite de l’élève. Il est fier du nouveau partenariat communautaire qui a mené à l’ouverture d’une clinique en milieu scolaire. Des élèves-infirmiers du programme conjoint Ottawa-Algonquin font des visites hebdomadaires à l’école, tandis qu’un médecin et une infirmière d’un organisme de santé communautaire travaillent côte à côte pendant quatre heures tous les vendredis pour s’assurer que chaque élève est suffisamment en bonne santé pour pouvoir apprendre.
Ce n’est donc pas surprenant que l’athlétisme soit un autre élément important de la chevalerie. Non seulement les élèves doivent-ils participer aux cours d’éducation physique chaque année, mais plus de 60 pour cent d’entre eux et presque tous les enseignants prennent part à des activités sportives intramurales ou font partie d’une équipe compétitive.

Bob Lanthier, EAO, est un enseignant à la retraite qui fait du bénévolat à l’école où il a enseigné pendant 37 ans. L’ancien enseignant leader en mathématiques et en sciences explique que l’athlétisme n’est qu’une autre façon d’unir les élèves.

«Pendant les journées sportives, ils viennent à l’école en portant leur maillot de chevalier Sir Guy Carleton et sont resplendissants de fierté à cette occasion de représenter la chevalerie».

Et lorsque vous demandez à Kevin Bush ce qu’il pense de l’éducation et ce qu’il fait pour rassembler ses élèves, il retourne à la source, là où il puise son inspiration.

Notre école, tout comme le Butterfly Peace Garden, crée un milieu et une culture dans lesquels les jeunes qui sont marginalisés peuvent raviver leur passion pour l’apprentissage et la créativité. Dans notre chevalerie et dans cette expression artistique, on met l’accent sur le fait qu’on ne fabrique pas un produit. L’éducation n’est ni une marchandise ni un investissement dans une compagnie. L’éducation, tout comme une peinture mystère est, en fin de compte, une pratique contemplative. Les deux visent à discipliner, à nourrir et à libérer l’esprit, non seulement pour l’intérêt de la personne, mais aussi pour rendre service à la communauté. Les deux permettent de reprendre notre vie en main quand elle est profondément ébranlée. La peinture mystère a le potentiel de libérer, tout comme le processus de l’apprentissage à l’école Sir Guy Carleton.

Ces jeunes ont besoin d’être valorisés et d’avoir le sentiment qu’ils contribuent à la société.

Les dix traits majeurs de Kevin Bush qui font de lui un leader efficace :

  1. Attentif : Établir les priorités tout en prenant le temps d’écouter.
  2. Visible : Ne jamais sous-estimer le pouvoir de la proximité.
  3. Sincère : Comprendre que les élèves et le personnel sont des experts quand il s’agit de déceler la sincérité des gens.
  4. Démocratique et égalitaire : Pratiquer les valeurs morales de la démocratie et de l’inclusion. Les trois mousquetaires avaient réussi grâce à leur devise «Un pour tous, tous pour un».
  5. Branché sur l’avenir : Comprendre que chaque décision constitue un précédent. L’intégration des autres dans la prise de décision est primordiale lorsqu’on cherche à bâtir une équipe et à favoriser la cohésion.
  6. Empathique : Comprendre que les décisions ont des conséquences sur la vie des gens – elles peuvent favoriser ou détruire le potentiel, l’ambition et l’espoir des autres.
  7. Inclusif : Créer des possibilités pour souligner l’inclusion quotidiennement, hebdomadairement et mensuellement.
  8. Stimulant : Reconnaître que prendre des décisions collectivement a ses points forts. Le fait de diriger un groupe implique prendre du recul par rapport au groupe.
  9. Facilitateur : Créer des possibilités afin d’aider les gens à prendre certains risques qui leur permettent d’atteindre leur potentiel.
  10. Visionnaire pragmatique : Se rappeler qu’un vrai leader bâtit le futur un jour à la fois, a une vision d’un avenir probable et la patience de voir se dérouler cet avenir pas à pas.
Expression artistique
L’organisme Butterfly Peace Garden offre un soutien aux enfants affectés par la guerre civile et les catastrophes naturelles au Sri Lanka au moyen d’une variété d’expressions artistiques qui encouragent des rituels de guérison pour les individus et les communautés.
La peinture mystère est une expression artistique que le psychologue américain Hogan appelle induction imaginative et qui permet d’exprimer ses problèmes, son traumatisme et parfois même ses réjouissances à partir d’images et d’histoires que le subconscient reproduit sur le canevas.
Pour de plus amples renseignements, consultez butterflypeacegarden.org.