Des enseignants remarquables

Lawrence Hill

Mme Rowe, Margaret Shinozaki et Donald Gutteridge

de Brian Jamieson

Quand la comédienne Nancy Robertson, vedette de Corner Gas et de Hiccups, et récipiendaire d’un prix Gemini, s’est rendue aux retrouvailles marquant le 100e anniversaire de son école élémentaire, elle a été impressionnée par son «idole».

Elle était nerveuse à l’idée de revoir son enseignant de 7e année, Chuck McNicholl.

«J’ai dit à mon amie : “J’espère qu’il va se rappeler de moi.” J’ai gardé un si beau souvenir de lui et il a joué un si grand rôle dans ma vie, mais comme il a côtoyé des milliers d’élèves au fil des ans, ça ne m’étonnerait pas qu’il m’ait oubliée.

«Heureusement, il s’est souvenu de moi et m’a saluée comme s’il m’avait vue la veille.»

Mme Robertson n’avait pas revu M. McNicholl depuis sa 7e année à l’école élémentaire Kerrisdale à Vancouver. «Il a toujours eu les cheveux très roux. Il a grisonné, mais il n’a pas changé, précise-t-elle.

«Ce fut un véritable plaisir. Il l’ignore, mais c’est surtout pour le voir que je suis allée à ces retrouvailles. J’ai eu beaucoup de plaisir en 7e année. Il m’a épatée.»

C’est souvent comme ça à la petite école. Nos meilleurs enseignants, ceux qui nous marquent, restent gravés dans nos mémoires comme des vedettes.

Pour sa part, M. McNicholl se souvient de Nancy Robertson comme d’une actrice en herbe. «Je ne pourrais pas nommer les traits de caractère qui la destinaient à une carrière de comédienne, de dire M. McNicholl, aujourd’hui directeur adjoint à l’école élémentaire Tecumseh de Vancouver. Je me souviens seulement qu’elle n’avait pas froid aux yeux.

«Rien qu’à voir comment elle se comportait avec ses amies, je ne suis pas surpris de son choix de carrière. Elle a besoin d’un public.»

Mme Robertson a certes été très en vue au cours de la dernière décennie, notamment dans son rôle principal dans la série Corner Gas (2004 à 2009) diffusée à l’antenne de CTV, où elle incarnait Wanda Dollard, intellectuelle brillante, mais socialement inadaptée.

La série Corner Gas, à la fois accessible et sournoisement intelligente, a anéanti de nombreux stéréotypes et a démontré qu’une comédie de situation canadienne n’est pas nécessairement un navet. Corner Gas a été un franc succès, mais Brent Butt, créateur et vedette de la série, et maintenant mari de Mme Robertson, a décidé de tout arrêter après six saisons. Il écrit aujourd’hui une nouvelle comédie de situation, Hiccups, diffusée à l’antenne de CTV avec Mme Robertson en vedette dans le rôle de Millie Upton.

Mme Robertson, qui a remporté divers prix et de nombreuses nominations pour son travail sur scène, au cinéma et à la télévision, se souvient avoir donné l’un de ses premiers spectacles dans la classe de 7e année de M. McNicholl.

«Voici ce que nous faisions, et c’était formidable parce que nous avions cette passion pour la scène qu’il nous fallait extérioriser : il nous demandait de présenter un spectacle de quelques minutes le matin avant les cours, dit-elle en parlant d’elle-même et d’une amie d’enfance.

«Nous ne voulions pas avoir l’air plus malignes que les autres, mais nous aimions nous amuser et rire. Nous faisions notre spectacle et tout le monde pouvait y assister. Un jour, nous avons même eu la visite d’un enseignant en théâtre de l’école secondaire Point Grey (école que Mme Robertson a fréquentée par la suite).

Nos meilleurs enseignants, ceux qui nous marquent, restent gravés dans nos mémoires comme des vedettes.

«On fouillait dans le garde-robe de nos parents pour trouver des vêtements de circonstance. Honnêtement, je dois dire que j’oublie combien de fois on a monté ces spectacles, mais je me disais, ce gars-là est rusé, il nous laisse faire nos folies avant le son de la cloche.»

Tout le monde y gagnait.

«Je le trouvais très sympathique, parce qu’il n’essayait pas de nous réprimer, souligne Mme Robertson; à preuve, je suis devenue actrice.

«Il est très pince-sans-rire et n’est jamais condescendant. Je me souviens qu’il avait toujours un sourire en coin quand on préparait un mauvais coup et il savait toujours exactement ce qui se mijotait.»

M. McNicholl a bien ri quand on lui a cité une phrase tirée d’une entrevue avec son ex-élève : «Je n’ai jamais eu de difficulté avec Nancy et ses amies».

Ironiquement, quand Mme Robertson est passée au secondaire, l’influence de M. McNicholl lui a apporté à la fois du bon et du mauvais. D’une part, ses techniques d’enseignement l’avaient rendue plus confiante. D’autre part, elle a été déçue par le secondaire.

«Je me souviens d’avoir pensé : “Mais où sont les Chuck McNicholl dans cette école-là?”, de dire Mme Robertson. Il m’a réellement manqué au secondaire.»

M. McNicholl s’est montré intéressé par ces commentaires, non seulement parce qu’il était flatté, mais aussi parce qu’il a enseigné au secondaire pendant dix ans.

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Chuck McNicholl a enseigné la 7e année à Nancy Robertson.

«Nous avons évidemment plus d’influence sur les élèves de l’élémentaire, ce qui a ses pours et ses contres. Si vous avez une bonne relation avec les élèves, c’est merveilleux. Sinon, l’année est très longue.

«Il ne faut jamais oublier qu’il y a toutes sortes d’enfants dans une classe. Il y en a pour tous les goûts et ça clique avec certains, dans un sens ou dans l’autre.»

M. McNicholl œuvre dans le domaine de l’éducation depuis plus de trente-cinq ans et a enseigné trois ans en Allemagne et un an en Australie. Il a autant d’enthousiasme qu’au premier jour.

«Je suis toujours aussi passionné par mon travail, moins peut-être par la paperasse, explique M. McNicholl. Il m’arrive aussi de faire de la suppléance. Mes matières de prédilection sont les sciences.»

Quand on lui a demandé de résumer sa philosophie de l’enseignement, il a répondu : «Je suis très exigeant. J’ai toujours mis la barre haut.»

Il s’est laissé dire qu’il était assez strict, mais juste et constant.

«À mon avis, rigueur, justice et constance sont une recette gagnante. Si vous pouvez y ajouter un brin d’humour, ça ne peut pas nuire.»

Chose certaine, ce fut une recette gagnante pour Nancy Robertson, qui a vraiment été impressionnée par son «idole».