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Articles de fond

État de la profession enseignante en 2005 : À votre avis?

Les résultats du 3e sondage annuel sur l'état de la profession enseignante sont arrivés.

de Brian Jamieson  

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Les résultats


Un voyage de rêve

Hugh Dale-Harris, enseignant de Thunder Bay, nous relate son expédition vers le pôle Nord en skis et traîneaux à chiens.

de Beatrice Schriever  

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Apprendre en jouant

Des participants au cours menant à la QBA Art dramatique racontent leur expérience.

de Gabrielle Barkany  

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Une classe à l'échelle du monde

Vous aimeriez enseigner à l'étranger? Voici une foule de renseignements utiles pour vous aider à vous préparer.

d'Alan Travers  

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Un voyage de rêve

Au printemps dernier, Hugh Dale-Harris, enseignant de Thunder Bay, était un des cinq aventuriers qui ont participé à une expédition vers le pôle Nord en skis et traîneaux à chiens.

de Beatrice Schriever

«C'était comme rencontrer une classe pour la première fois, dit Hugh Dale-Harris affectueusement, pour décrire l'attelage de chiens qui l'a conduit jusqu'au pôle Nord.

«Mon rôle était de conduire le traîneau et de faire avancer les chiens pour arriver le plus vite possible.

«Mon plus grand défi a été d'apprendre à connaître les chiens. Je me demandais : Quelles sont leurs forces? Lequel est le meneur? Certains chiens se feront remarquer par leurs prouesses tandis que d'autres auront des problèmes. Tout comme dans une classe, vous avez un clown et des bouffons. Il y a vraiment différentes personnalités.

«Il faut assortir les bons chiens ensemble avec autant de soin que vous prendriez à trouver deux enseignants pour partager une classe. Vous voulez que tout se passe le mieux possible. Par exemple, le chien du traîneau de tête doit être à l'aise en avant, tandis que le meneur du deuxième groupe doit suivre les traces du premier.»

Comparée à la dynamique des chiens, celle des aventuriers «n'était pas difficile du tout. C'est en partie la raison pour laquelle nous avons réussi. Les cinq d'entre nous formions une très bonne équipe dans le sens que nous avions des rôles clairement définis et une très bonne idée des objectifs à atteindre.»

Le record de Peary

Le but de l'expédition Ultimate North était de battre le record de l'explorateur Robert Peary et de ses partenaires qui, en 1909, ont voyagé du cap Columbia, le point le plus septentrional de l'île d'Ellesmere, jusqu'au pôle Nord en 37 jours et quatre heures.

Au siècle dernier, nombreuses furent les personnes à douter de la véracité de cet exploit, disant que c'était un record impossible à établir. Toutefois, le 17 avril à 9 h 32, M. Dale-Harris et ses compagnons ont prouvé aux sceptiques qu'ils avaient tort. Ils ont même battu l'expédition de Peary de quatre heures et trente minutes.

«Il faut assortir les bons chiens ensemble avec autant de soin que vous prendriez à trouver deux enseignants pour partager une classe.»

L'expédition Ultimate North était organisée par un alpiniste britannique et guidée par Matty McNair, une Américaine vivant à Iqaluit.

Mme McNair n'avait auparavant jamais travaillé avec M. Dale-Harris lorsqu'elle lui a demandé d'être son assistant. Elle cherchait un conducteur d'attelage de chiens imperturbable et en excellente forme physique, quelqu'un ayant de l'expérience avec les chiens, capable de l'appuyer mais aussi de lui dire si quelque chose n'allait pas.

Les deux onf formé une très bonne équipe.

Tous les jours, Mme McNair skiait en avant du groupe pour choisir les meilleures routes à travers la glace rugueuse, calculant le risque contre la sécurité. Les autres suivaient.

«Je savais toujours où se situaient les équipes, affirme-t-elle. Hugh était habile avec les chiens, très patient, et l'attelage de chiens était ma bouée de secours. On travaillait bien ensemble. Nous n'avons jamais eu à nous expliquer pour régler un désaccord.»

Les grands espaces

Hugh Dale-Harris est diplômé de l'Université Queen's où il a également obtenu son B.Éd. en 1995. Il a travaillé dans des centres d'enseignement de plein air, mais il voulait partir plus longtemps dans des voyages itinérants en canoë et passer plus de temps dans la nature.

En 1996, il s'est inscrit à Outward Bound, un organisme qui enseigne le leadership et la croissance personnelle par des activités en pleine nature.

«Lorsque je suis arrivé, ils avaient un parc de 30 chiens, se rappelle-t-il. J'étais fasciné.» Peu après, il a commencé à faire du traîneau à chiens.

En 1998 et 1999, il a vécu à Iglulik où il a enseigné un programme alternatif de 8e et 9e année pour les élèves qui n'avaient pas réussi à l'école. Certains étaient retournés à l'école après avoir décroché tandis que d'autres avaient fait de la prison. Nombre d'entre eux avaient des enfants.

Mais il était attiré par l'enseignement de plein air et il est retourné à Thunder Bay pour travailler à Outward Bound pendant un an.

«Je crois en leur approche philosophique : utiliser la nature comme véhicule d'apprentissage de soi-même.» Il a vu des gens faire des choses qu'ils n'avaient pas crues possibles, tant sur le plan personnel qu'en groupe. Dès le cinquième jour d'une sortie dans la nature, «non seulement ils sont à l'aise et ouverts à la beauté qui les entoure, mais ils sont prêts à passer la nuit seuls dans la nature. Quand ils reviennent, ils ont du mal à le croire!»

Nature et technologie

En 2004, M. Dale-Harris a conjugué sa passion de l'éducation de plein air, son amour du traîneau à chiens et son enthousiasme pour le Grand Nord durant une expédition d'Arctic Transect qui a duré cinq mois. Son groupe a parcouru plus de 3 000 kilomètres de Yellowknife à Pond Inlet sur l'île de Baffin.

La recherche et l'éducation étaient les buts de cette expédition. Au cours de leur voyage, ils ont interrogé des aînés inuits sur les effets du changement climatique. Toutes les semaines, ils s'arrêtaient une journée pour afficher des mises à jour sur leur site web.

«...utiliser la nature comme véhicule d'apprentissage de soi-même.»

«L'objectif principal d'Arctic Transect était l'éducation en ligne. On mesurait notre succès au nombre d'élèves qu'on avait. Des notes d'encouragement nous arrivaient du monde entier, y compris du Japon, de l'Australie et de différentes régions des États-Unis.»

Arctic Transect l'a préparé au test d'endurance de l'expédition Ultimate North vers le pôle. «J'étais à l'aise. J'avais vu des tempêtes arctiques et je connaissais la difficulté des conditions géographiques, j'avais mené des chiens sur de longues distances et perfectionné mes techniques.»

Robert Peary et ses partenaires ont voyagé, en 1909, du Cap Columbia au pôle Nord en 37 jours et quatre heures. L'équipe de l'expédition Ultimate North a recréé les mêmes conditions que celles vécues par l'équipe de Peary. Ils ont même construit leurs traîneaux sur place.

Photo : The Artic Museum, collège Bowdoin. Autres photos fournies par Barclays Capital.

 

Beauté sauvage

Le terrain environnant changeait constamment, à la fois traître et magnifique.

Tel un lit d'eau sous le pied, la mince couche de glace souple formait une vague devant le traîneau. «Le traîneau a presque coulé à travers la glace marine, se souvient-il. Ce n'est pas comme parcourir de la glace d'eau douce, qui est plus rigide. La glace d'eau salée est souple car ses propriétés sont différentes.»

L'équipe est arrivée sans encombre, mis à part des chiens trempés, des pieds mouillés et la grippe. Hugh et Matty ont tous deux été malades au point qu'ils pouvaient à peine avancer. Ils n'ont pourtant pu se décider à s'arrêter. Pendant plusieurs jours, ils ont combattu une infection virale qui les a affaiblis. Ils étaient aux prises avec la nausée et parcourus de frissons.

«Un jour, la température de Hugh a atteint 105 degrés, confie Mme McNair. Si nous n'avions pas continué quand même, il se serait senti coupable. Il fallait trouver le bon équilibre entre trop pousser les chiens et nous-mêmes, et prendre soin de nous.»

«Avec du recul, je me rends compte que ce sont un peu des clichés qui me touchent en tant qu'éducateur. Par exemple, tout est possible. À Outward Bound ou ailleurs où j'ai enseigné, j'essaie d'aider les élèves à poursuivre leurs rêves. Je leur dis de pousser leurs limites, d'améliorer leurs aptitudes, d'élargir leur zone de confort. Ils peuvent transformer leurs rêves en réalité si seulement ils essaient.

«En tant qu'enseignant, vous n'aurez peut-être pas l'occasion de le faire vous-même. Mais j'ai pu faire ces deux voyages-là.»

Durant les deux prochaines années, Hugh Dale-Harris veut se consacrer à sa famille. Mais Matty McNair est implacable : «Tôt ou tard, il ne pourra pas résister à l'appel de l'Arctique.»


Hugh Dale-Harris dirige Fallingsnow Wilderness Education à Nolalu, en bordure de Thunder Bay (www.fallingsnow.ca) et poursuit des études de maîtrise en éducation. Avec sa partenaire Amy, il a un enfant de trois ans et attend un bébé pour le mois d'octobre.

Arrivée au pôle

C'était un sentiment étrange d'être arrivé au pôle Nord et de voir les mêmes paysages qu'on avait eus devant les yeux durant tout le voyage. Étions-nous vraiment à l'endroit qu'on avait tant peiné à atteindre ces 36 derniers jours? Et puis, j'ai vraiment commencé à réaliser ce que j'avais devant moi : l'axe de notre planète, le nord absolu après lequel il n'y a que le sud, le point où convergent tous les fuseaux horaires, où le soleil ne se lève et ne se couche qu'une seule fois.

Hugh Dale-Harris