Lisa LaFlamme manifeste une pensée critique et une curiosité sans bornes pour notre monde, des qualités qui se sont révélées essentielles à sa profession. Mme LaFlamme occupera le siège du légendaire Lloyd Robertson à titre de chef d’antenne à CTV National News, un poste qui couronne publiquement sa carrière de journaliste.

D’après elle, le développement de ces deux qualités remonte aux années qu’elle a passées à la St. Mary’s High School de Kitchener – alors une école de filles où le port de l’uniforme était obligatoire – et à une enseignante, sœur Vivian Zoller.

«Au secondaire, j’ai eu besoin de l’aide de sœur Vivian», reconnaît-elle ouvertement.

Douée pour les langues et les arts, Lisa LaFlamme avait de la difficulté à suivre le cours de mathématiques de 11e année, et sœur Vivian a fait des heures supplémentaires pour l’aider. Mais l’influence que cette enseignante a exercée sur elle a été plus considérable que pour les problèmes d’algèbre.

«Bien que j’aie oublié les détails de nos conversations, je me souviens de l’essence de son enseignement qui touchait évidemment plus que les mathématiques, affirme Mme LaFlamme. Quand je vois ce que sœur Vivian fait maintenant (enseignante au Kenya), je suis d’avis que ces discussions m’ont donné une perspective du monde qui dépassait les horizons de Kitchener et de l’école St. Mary’s.

«Elle a joué un rôle déterminant dans ma vie.»

Née à Kitchener, Mme LaFlamme a fréquenté la St. Daniel Catholic Elementary School.

«J’aimais bien aller à l’école, mais je raffolais des activités parascolaires, raconte-t-elle. Au secondaire, je faisais partie du conseil des élèves et je participais même à un groupe folklorique : je jouais de la guitare et je chantais. À l’élémentaire, j’étais fervente d’athlé­tisme, mais au secondaire, je préférais les arts. J’ai toujours participé à une foule d’activités.

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Sœur Vivian enseigne maintenant dans une école pour filles, la St. Francis High School, au Kenya.

«J’étais une élève assez studieuse et appliquée. L’écriture me passionnait : j’étais toujours en train d’écrire, même à l’élémentaire. C’est un intérêt qui a continué jusqu’au secondaire.»

Sœur Vivian a enseigné à Lisa LaFlamme plusieurs matières et à plusieurs cycles pendant ses années au secondaire; ainsi fonctionnait l’école St. Mary’s à l’époque. Quand les mathématiques de 11e année ont menacé d’ébranler la confiance de la jeune Lisa, sœur Vivian était là.

«J’étais terriblement vulnérable, dit-elle. Mais je me souviens d’avoir rencontré sœur Vivian après les cours; elle me disait : "Oui, viens n’importe quand." Ce n’était jamais un problème.

«Elle était exigeante, mais extraordinaire. Je l’adorais. Elle possédait un sens de l’humour plein d’ironie. Elle aimait plaisanter, mais menait les élèves d’une main ferme. Elle n’avait aucune patience pour les sottises, mais elle était indulgente. Une combinaison d’attributs très particulière.

«Elle m’a permis de m’épanouir. Elle m’a fait étudier plus assidûment. J’ai dû travailler pour son approbation. Elle avait le don d’apporter son aide et de m’encourager à réaliser mes objectifs. Je ne peux l’expliquer.»

De la St. Francis Girls’ Secondary School au Kenya, sœur Vivian affirme qu’elle était au courant de la promotion de Mme LaFlamme au réseau CTV, puisque l’annonce a été diffusée pendant son congé au Canada.

«Je me souviens de Lisa à l’école St. Mary’s en partie parce que j’enseignais avec sa tante Jeanette (un tempérament vigoureux); je faisais donc des comparaisons, dit-elle. Elles avaient plusieurs traits en commun.

«Une très jolie adolescente, Lisa adorait parler. Un jour, exaspérée, je lui ai dit que la seule façon de gagner son pain serait de tirer profit de sa loquacité!»

Sœur Vivian, qui a enseigné un peu partout au Canada et ailleurs dans le monde, convient que son propre intérêt pour le travail à l’étranger a probablement exercé une influence sur Lisa LaFlamme, même par réciprocité.

 Elle était exigeante, mais extraordinaire. Elle aimait l’humour, mais menait les élèves d’une main ferme. 

«Quand j’ai commencé à l’école St. Mary’s, je revenais d’Angleterre où j’avais enseigné pendant huit ans, raconte sœur Vivian, née et éduquée à Wilkie, en Saskatchewan. Cette expérience a élargi mes horizons, puisque j’accompagnais des élèves presque tous les ans en voyage sur le continent. Ces expériences m’ont transformée et elles ont évidemment influencé mon enseignement.

«En tant que sœur enseignante de Notre-Dame, j’ai acquis et enseigné la philosophie de l’éducation des Sœurs de Notre-Dame (SND) : permettre aux élèves de réaliser leur plein potentiel en tant qu’individus créés à l’image de Dieu et les aider à canaliser leurs talents à l’édification du globe.

«La dernière partie de cette philosophie est particulièrement importante; je crois que Lisa l’a apprise de sa famille et de son école.»

Mme LaFlamme et sœur Vivian ne se sont ni revues ni parlé depuis des décennies; malgré tout, grâce à des liens avec d’autres religieuses, Lisa LaFlamme se tient plus ou moins au courant des voyages de sœur Vivian.

«Elle ne se doute probablement pas de l’influence qu’elle a exercée sur moi, dit Mme LaFlamme. Mais j’ai souvent pensé que, quand j’irai en Afrique, je passerai la voir. Je n’ai pas encore eu l’occasion de le faire, mais ce serait sympa.»

Invitée à envoyer un message à Lisa LaFlamme, sœur Vivian a répondu : «Vous êtes une vraie pédagogue. Nous sommes très fières de vous, de votre dévouement et de la façon dont vous avez tiré parti de votre potentiel. Continuez à utiliser vos dons pour le progrès de l’humanité. Nous, les Sœurs de Notre-Dame, prions pour nos élèves, qu’ils soient nouveaux et anciens; nous n’oublierons pas votre nom.»

Lisa LaFlamme souligne que les nouveaux pédagogues peuvent tirer des leçons de sœur Vivian. «Je pourrais en parler longtemps, car les enseignants qui sont passionnés pour l’enseignement et la matière inspirent leurs élèves.

«Je dirais aux enseignantes et enseignants que, si vous vous ennuyez en classe, vos élèves s’ennuieront aussi, et vous devrez alors changer de matière, d’école ou de profession. À mon avis, il est essentiel d’apporter de la passion dans la classe.»

Sœur Vivian était-elle passionnée de mathématiques?

«Je suppose que oui, répond Mme LaFlamme en riant. Ou du moins passionnée de faire la conquête d’une montagne, qui consistait en une élève qui n’arrivait pas à percer.»

Mme LaFlamme, par curiosité, quels ont été vos résultats de mathématiques en 11e année?

«Je m’en souviens comme si c’était hier, j’ai eu 82, déclare-t-elle avec fierté. C’est grâce à sœur Vivian. C’est une grande dame.»