«Il faut de la passion! s’exclame Véronic Dicaire. Je veux être heureuse comme mes enseignants qui respiraient la joie de faire ce qu’ils faisaient.» Les enseignantes et enseignants de Véronic Dicaire savaient-ils combien ils avaient mis la barre haute en montrant de la joie dans leur travail quotidien? Quelle satisfaction ils pourraient tirer de savoir que leur élève a relevé ce défi de toute une vie et que, comme eux, elle vit sa passion et excelle à le faire!
Bien connue pour ses imitations de personnalités comme Céline Dion, Madonna et Diane Dufresne, la chanteuse, actrice et imitatrice franco-ontarienne Véronic Dicaire a aussi fait ses preuves au théâtre, y compris dans l’adaptation québécoise de la comédie musicale Grease. De plus, elle double la voix de Renée Zellweger dans la version française de la comédie musicale Chicago. En octobre dernier, elle est même passée dans Chansons d’amour pour + de vie, l’émission télévisée de France 3 animée par Michel Drucker, où son imitation d’Édith Piaf a fait pleurer l’acteur français iconique Alain Delon et même la France entière.
«Tout au long de mon parcours scolaire, plusieurs enseignants ont grandement contribué, chacun à leur manière, à l’essor de mon talent de chanteuse», précise-t-elle. Elle se souvient clairement de tous ces pédagogues qui l’ont accompagnée au cours de sa scolarité.
Véronic Dicaire attribue tout d’abord à Thérèse Brisson, alors enseignante de 4e année, le fait d’avoir découvert le potentiel remarquable de sa voix. «Elle m’a donné l’occasion de chanter en solo. Je me suis très vite sentie à l’aise, dit-elle. Je me souviens du spectacle annuel de Noël de l’école vers le milieu des années 1980. En 6e année, j’ai également donné un spectacle de chant dans un foyer pour personnes âgées de ma communauté.»
Brian St-Pierre, EAO, en 2005
Mme Dicaire ajoute : «Les enseignants ont un grand pouvoir d’influence sur la vie des élèves. Ils peuvent positivement changer le cours d’une vie, être une source d’inspiration pour les jeunes».
Sa montée fulgurante ne lui fait pas pour autant oublier ses racines à Embrun près d’Ottawa, la petite communauté franco-ontarienne où elle est née et où elle a fréquenté l’école élémentaire catholique Saint-Jean, puis l’école secondaire catholique de Casselman, toutes deux du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. «J’ai eu la chance de m’épanouir comme artiste très tôt grâce à l’apport de plusieurs de mes enseignants qui ont su détecter et encourager mes talents», dit-elle.
L’école, un lieu d’épanouissement
Véronic Dicaire se souvient d’avoir adoré les programmes d’arts visuels et de musique qu’elle a suivis au secondaire et qui l’ont menée à participer activement au spectacle annuel La Caféthèque, un spectacle entièrement préparé par les élèves, et qui lui ont donné le goût des feux de la rampe.
«J’étais une élève très créative, avec une imagination débordante, irrémédiablement attirée par tout ce qui touchait les arts. Mon rendement scolaire était plutôt faible et ma motivation d’aller à l’école provenait essentiellement de mon désir d’y accomplir des activités à caractère artistique», avoue Véronic Dicaire.
«Gilles Lalonde, EAO, directeur adjoint de l’école de Casselman à l’époque, avait formé un groupe de musiciens. Il m’a encouragée à faire un spectacle devant l’école et lors d’un festival local. Colette Dromaguet, EAO, enseignante d’arts visuels au secondaire, m’a aussi appuyée dans mon développement artistique», ajoute Mme Dicaire, se souvenant du nom de ses enseignants comme si c’était hier.
Les enseignants peuvent positivement changer le cours d’une vie.
Brian St-Pierre, EAO, enseignant d’art dramatique et de musique quand Mme Dicaire était au secondaire, a participé d’une façon toute spéciale au développement de son talent de chanteuse. «Je n’ai fait que l’encourager à suivre son destin. Je voyais qu’elle avait déjà beaucoup de talent; je lui ai donc demandé de chanter une de ses compositions. Mais à part ça, elle a volé de ses propres ailes», dit-il modestement.
Brian St-Pierre a enseigné à Véronic Dicaire de la 9e à la 12e année, soit quatre années importantes où il a eu le temps de connaître son élève, de l’influencer et de la voir se développer et trouver sa voie.
«Que ce soit le chant, la danse, le théâtre et même les arts visuels, elle possédait déjà des talents artistiques variés. Elle était attirée vers la pratique plutôt que la théorie; elle apprenait rapidement et intégrait facilement les différents médiums artistiques. Véronic dégageait un réel tempérament d’artiste, parfois dans sa bulle, distraite, habitée par son talent. D’autre part, c’était aussi une élève très engagée au niveau du parascolaire», se souvient M. St-Pierre, qui a bien plus tard composé la musique de trois chansons figurant au menu du premier album de la chanteuse.
Source d’inspiration
«Le rôle de l’enseignant est, en quelque sorte, de nourrir les enfants. Il doit rendre les apprentissages intéressants, plus particulièrement auprès des élèves qui n’entrent pas dans le moule. Par exemple, en intégrant les arts dans la façon d’enseigner», déclare Véronic Dicaire.
M. St-Pierre insiste sur l’importance de l’enseignement des arts, ayant eu des élèves qui auraient décroché s’ils n’avaient pas nourri une passion pour la musique ou le théâtre; même s’ils n’en font pas une carrière. Il ajoute avec humour : «Enseigner, c’est faire un spectacle chaque jour. En musique surtout, on est comme un chef d’orchestre.»
En 2009, Brian St-Pierre, lui-même auteur-compositeur, interprète, musicien et directeur musical connu dans le milieu artistique franco-ontarien, a reçu le prix Trille Or, Meilleur spectacle Jeune public, pour son spectacle Réveille – des chansons originales qui touchent l’axe de la construction identitaire. Deux ans plus tard, il obtient deux nominations pour le prix Trille Or 2011 pour l’album Zone et le spectacle musical de rock francophone du même nom qu’il présente avec deux autres musiciens. Ce spectacle, réalisé avec le soutien du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien et des fonds de l’Entente Canada-Ontario, fait la tournée des écoles ontariennes et encourage les élèves à entrer dans la «zone francophone».
Le groupe d’harmonie de l’école secondaire catholique Casselman en 1993. En médaillon : Véronic Dicaire et Brian St-Pierre.
Véronic Dicaire reste convaincue de l’importance des activités parascolaires; elle dit être la preuve vivante de leurs répercussions sur un choix de carrière. «Il faut continuer les spectacles dans les écoles, car ils permettent aux jeunes de se familiariser avec le monde de la scène, d’être reconnus comme artistes et de contribuer au développement des arts francophones. Les spectacles permettent aux jeunes de se découvrir sur bien des points», affirme-t-elle.
Ambassadrice franco-ontarienne
Vers la fin du secondaire, elle rencontre une conseillère en orientation comme les jeunes se doivent de le faire, mais il était évident que l’adolescente aspirait à devenir chanteuse.
«On m’a parlé de l’école de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, mais j’ai préféré entamer tout de suite ma carrière de chanteuse après le secondaire. J’avais hâte et je me sentais prête, je savais que c’était ma voie!»
À l’âge de 17 ans, Véronic débute donc comme chanteuse semi-professionnelle. En 1994, à la suggestion de Brian St-Pierre, cet enseignant qui a si bien su reconnaître le talent de son élève, elle se présente au concours Ontario Pop et gagne le prix d’interprète. En 2002, elle réalise son premier album. Puis la chanteuse déménage à Montréal et contribue à de nombreuses revues et comédies musicales. Maintenant établie dans les Laurentides, au nord de la métropole québécoise, Véronic Dicaire mène une brillante carrière, appuyée de son agent Rémon Boulerice, également ancien élève de Brian St-Pierre à l’école secondaire de Casselman. «Même si elle a un talent naturel, Véronic a toujours travaillé très fort et avec grande détermination. Aujourd’hui, elle a fait ses preuves!», dit fièrement M. St-Pierre.
En effet, en août 2008, Mme Dicaire s’est produite en première partie de Céline, le spectacle à succès de Céline Dion au Centre Bell de Montréal. Pour Céline Dion et René Angelil, ce fut le coup de foudre. Peut-on garder la tête froide quand on est propulsé sur la scène de l’Olympia à la suite de chanteurs comme Édith Piaf, Michel Sardou, Véronique Sanson et Charles Aznavour, et qu’on prévoit même un spectacle à Las Vegas?
Véronic Dicaire est la preuve vivante que oui. À l’instar de Céline Dion qui ne perd jamais de vue ses modestes origines québécoises et même qui les chérit, Mme Dicaire est fière de ses origines franco-ontariennes. Elle n’oublie pas tous ceux qui ont contribué à sa carrière et qui lui ont montré qu’on peut vivre sa passion et trouver de la joie dans son travail, dont ses nombreux enseignants remarquables.
Voyez-la en spectacle à www.coullier.com/index.php/newsmenu/216-veronic-dicaire.