Cette chronique recense des ressources utiles. Vous pouvez emprunter la plupart des ouvrages en question à la bibliothèque Margaret-Wilson, à l’exception de certaines trousses de classe. Vous n’avez qu’à envoyer un courriel à biblio@oeeo.ca. Pour consulter des critiques en anglais, rendez-vous à Reviews.
Pour s’instruire ou se distraire
Guérir l’anxiété de nos enfants, sans médicament ni thérapie
Collection Famille
de Louise Reid
De nos jours, le nombre d’enfants traités pour troubles d’anxiété augmente alors que la moyenne d’âge des enfants traités baisse. En effet, dans nos écoles, il n’est plus rare que des enfants de sept ans souffrent de troubles de panique et que des jeunes d’à peine dix ans aient des phobies diverses. Il est donc urgent de mieux comprendre l’anxiété afin de recourir à des outils efficaces visant à aider les enfants, sans médicament ni thérapie.
J’ai trouvé ce livre exceptionnel. L’ouvrage donne une description détaillée des diverses formes d’anxiété (p. ex., peurs, troubles du sommeil, panique, phobie scolaire, dépression) et suggère des activités simples qui peuvent énormément aider nos élèves, comme le dessin pour maîtriser la peur, la visualisation pour traiter la peine, la colère, la rancune ou l’irritabilité.
J’ai appris les règles de base pour apaiser l’inquiétude chez les enfants, soit leur offrir un environnement sécuritaire et sécurisant, ainsi qu’un encadrement qui allie constance, prévisibilité et douceur, tant à la garderie qu’à l’école, que ce soit durant un divorce ou un autre changement dans leur vie. En reconnaissant les symptômes de l’anxiété, les croyances qui la sous-tendent et les comportements inadéquats qui en découlent, on facilite de beaucoup notre travail avec les enfants. C’est un très beau cadeau à leur offrir que de les aider à se libérer de l’inquiétude qui les ronge afin qu’ils puissent vivre pleinement.
Je recommande cet ouvrage aux parents, aux intervenants en garderie et aux enseignants. C’est un guide précieux pour tous ceux qui veulent aider les jeunes à gérer leurs angoisses et à se délivrer de souffrances inutiles.
Guérir l’anxiété de nos enfants, sans médicament ni thérapie; Les Éditions Quebecor; Montréal; 2009; ISBN 978-2-7640-1481-3; 144 p.; 24,95 $, Messageries ADP; 1-800-771-3022; adpcommercial@sogides.com; www.messageries-adp.com
Critique de Mona Beebakhee, EAO, directrice de l’école élémentaire catholique Lamoureux, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa.
Le bon prof : Essais sur l’éducation
Collection L’Essentiel
de David Solway, traduction de Yollande Amzallag, Christine Ayoub et Emmy Bos
En écrivant cette critique, je me suis posée le même type de question que l’auteur qui commence son premier essai par «mais qu’entendons-nous par un bon prof?» : Mais qu’est-ce qui fait un bon livre? Quel est cet amalgame de pensées, de sentiments et de mots, qui fait d’un livre un bon livre? Je ne peux répondre à cette question, mais je suis absolument certaine que ce livre est excellent et que je le recommande à tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont impliqués dans l’avenir d’autrui… ne le sommes-nous pas tous?
L’ouvrage est composé de neuf extraits, dont deux inédits et sept déjà publiés en anglais dans Education Lost (1989), Lying about the Wolf (1997) et The Turtle Hypodermic of Sickenpods (2000).
Il faut tenir compte de plusieurs aspects de cette compilation de textes pour en comprendre la valeur : d’abord les idées de l’auteur – pleines de sensibilité, de bon sens, de controverse, exprimées avec beaucoup de verve, mordantes – des idées qui feront réfléchir quiconque, quelle que soit sa conception de la réalité du monde de l’éducation, de notre société tout court, dirais-je; ensuite l’éloquence du style, l’érudition de l’essayiste et le savoir profond qui jouent à tous les niveaux, pour créer le sens qui, comme l’affirme le philosophe Roland Barthes, n’est autre que le rapport qui réunit un élément à un autre; enfin le choix judicieux des extraits et surtout, surtout, la traduction hors pair. L’engrenage des mots, la structure des phrases, l’enchaînement des paragraphes nous incitent à savourer la richesse de la langue et la profondeur de la pensée. Quel délice!
Mon enfance ayant été bercée par la tradition des contes, ce livre évoque pour moi «Les habits neufs de l’empereur», une histoire qui dérange et perdure. Dans ce conte, les «habits» de l’empereur soulèvent une vérité que personne n’a le courage d’avouer, soit que l’empereur est nu. Dans ce sens, l’auteur du Bon prof, ici, devient notre porte-parole, puisqu’il ose crier tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Le bon prof : Essais sur l’éducation; Éditions Bellarmin; Montréal; 2008; ISBN 978-2-8900-7966-3; 280 p.; 24,95 $; Socadis; 1-800-361-2847; socinfo@socadis.com; www.fides.qc.ca
Critique de Véra Nochtéva, EAO, enseignante de français à la White Oaks Secondary School, Halton District School Board, Oakville.
55 défis quotidiens de l’enseignant
Pour chacun, 10 moyens simples et efficaces de réussir avec brio
de Kathy Paterson, adaptation de Jacques Dumouchel
Si vous voulez vous ressourcer ou tout simplement revoir certaines pratiques efficaces, vous saurez tirer profit de ce volume. Ce livre d’à peine une centaine de pages présente de façon succincte 55 défis couramment vécus par les pédagogues, autant sur le plan professionnel que personnel, et les dix meilleures stratégies pour parvenir à les surmonter. Présenté dans un format simple et original, cet ouvrage saura plaire par la richesse et le pragmatisme des idées qui y sont offertes.
Onze grands thèmes touchant des éléments du pouvoir personnel (la compassion, la force intérieure, la diligence, la protection de soi) et du pouvoir professionnel (l’organisation, les stratégies d’enseignement, la communication, la gestion de classe, la motivation, la présentation, le leadership) sont abordés par le biais de sujets précis. Pour chacun d’eux, l’auteur présente d’abord une brève mise en situation, puis dix conseils, moyens ou suggestions à intégrer dans sa pratique afin d’accroître ses habiletés personnelles et professionnelles. C’est une profusion d’idées qui ne laissera personne au dépourvu dans la recherche de l’excellence. Ce volume pourrait devenir un manuel de référence fort utile pour les enseignants qui font leur entrée dans la profession et désirent des points de repère éprouvés concernant les pratiques à privilégier. Quant aux pédagogues chevronnés, ils sauront également tirer profit d’une lecture rapide de cet ouvrage en validant leurs présentes interventions ou même en s’enrichissant de nouvelles pratiques plus efficaces.
En somme, cet ouvrage offre non seulement de précieux conseils, mais il invite aussi le lecteur à poursuivre sa pratique réflexive, et donc à intégrer de nouveaux gestes dans sa pratique professionnelle. C’est une lecture des plus pertinentes que je recommande à tout enseignant à l’affût d’un ressourcement professionnel «afin de mener à un enseignement encore meilleur et plus efficace».
55 défis quotidiens de l’enseignant; Chenelière Éducation; Montréal; 2009; ISBN 978-2-7650-2509-2; 104 p.; 30,95 $; 514-273-1066 ou 1-800-565-5531; clientele@cheneliere.com; www.cheneliere.ca
Critique de Chantal Campbell, EAO, directrice de l’école élémentaire catholique d’enseignement personnalisé Édouard-Bond, Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, Ottawa.
Activités ouvertes en mathématiques
600 «bonnes» questions pour développer la compréhension en mathématiques
de Peter Sullivan et Pat Lilburn,
adaptation de René Hurtubise
Saviez-vous que les pédagogues passent plus de 60 % de leur temps en classe à poser des questions? Vous êtes-vous déjà demandé si ces questions étaient efficaces, ou encore si elles pourraient être posées de manière à offrir à l’élève une occasion de réfléchir en profondeur, d’analyser, de critiquer, et ainsi lui permettre d’avancer solidement dans son apprentissage? On suggère souvent aux enseignants de favoriser les questions ouvertes qui sont plus faciles et plus naturelles dans des domaines d’études, comme les langues ou les études sociales. Mais qu’en est-il du domaine des mathématiques? Ce livre nous amène à planifier nos questions tout en invitant l’élève à la résolution de problème pour accéder aux habiletés supérieures de la pensée.
Les auteurs commencent par nous présenter les caractéristiques d’une «bonne» question. Ces questions devraient avoir plusieurs réponses possibles et témoigner de l’étendue de la compréhension de chaque élève. J’ai trouvé intéressante cette idée de demander aux élèves plus rapides à répondre de trouver d’autres solutions et de les amener ainsi à poursuivre leur recherche. Entre-temps, l’enseignant peut travailler avec les élèves qui sont plus lents à répondre ou ont besoin de plus d’appui.
Ensuite, on apprend à bien formuler nos propres questions selon deux méthodes, dont les étapes sont bien décrites et amplement illustrées d’exemples très utiles. Le but est de rendre l’apprentissage dynamique et de permettre aux élèves de s’investir activement dans leur apprentissage, un point qui, pour moi, est essentiel.
J’ai beaucoup aimé le fait que cet ouvrage soit composé d’environ 10 % d’explications et 90 % d’exemples de questions. Ainsi, le livre est très pratique sans se perdre en théories. J’ai aussi apprécié que l’auteur ait regroupé efficacement ses types de «bonnes» questions par domaines mathématiques (sens du nombre et des opérations, mesure, géométrie, probabilité et statistique) ainsi que par groupes d’âge (6 à 8 ans, 8 à 10 ans, 10 à 12 ans). Une excellente ressource pour ceux qui veulent améliorer ou enrichir leur façon d’enseigner les mathématiques.
Activités ouvertes en mathématiques; Chenelière Éducation; Montréal; 2010; ISBN 978-2-7650-3014-0; 160 p.; 35,95 $; 514-273-1066 ou 1-800-565-5531; clientele@cheneliere.com; www.cheneliere.ca
Critique de Véronique Bisson, EAO, enseignante ressource à l’école élémentaire Sainte-Madeleine, Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud, Toronto.
Parents efficaces : pour ne pas avoir vos ados à dos!
Collection Famille
de Robert Dupras
Ce court guide aborde plusieurs problèmes rencontrés à l’adolescence. L’intimidation, la drogue, l’hypersensibilité, les fréquentations amicales, la pornographie ne sont que quelques-uns des thèmes effleurés pour remettre en perspective le rôle des parents, soit celui d’être d’abord et avant tout à l’écoute de son ado.
L’auteur définit l’adolescence comme une période de grande vulnérabilité où le jeune qui se veut plus autonome est appelé à faire du ménage dans ses valeurs, préjugés, qualités et faiblesses. À travers ses expériences personnelles, il nous apprend que ses adolescents ont toujours eu besoin de limites et d’encadrement. L’adolescent désire être conseillé et le parent se doit d’être perspicace pour saisir les moments où il s’ouvre pour continuer de lui fournir des repères. L’auteur nous avise d’être vigilant à l’égard d’erreurs commises par les ados. Il ne faut jamais blâmer l’enfant, mais bien son comportement. Il nous rappelle aussi d’essayer de remplacer le mot «échec» par «apprentissage»!
Bien que l’auteur recommande quelques sites Internet pour en savoir plus sur les sujets abordés, les études mentionnées n’ont aucune référence sérieuse. Pour se rapprocher de ses lecteurs, l’auteur tutoie le parent tout au long de son ouvrage, mais je trouve que cela rend ses conseils quelque peu moralisateurs et superficiels.
De jeunes pédagogues pourront peut-être y trouver leur compte, surtout s’ils ne sont pas encore parents. Pour les parents et les adultes plus âgés, peu de leçons à retenir les attendent, sinon une revue de principes, tirés d’un bon jugement intuitif qui a toujours fait ses preuves.
Parents efficaces : pour ne pas avoir vos ados à dos!; Les Éditions Quebecor; Montréal; 2010; ISBN 978-2-7640-1577-3; Messageries ADP; 1-800-771-3022; adpcommercial@sogides.com; www.messageries-adp.com
Critique de Chantal Leclerc, EAO, directrice de l’école élémentaire L’Odyssée, Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, Ottawa.
Contes absurdes pour délier la langue (livre et CD)
Collection Conter fleurette
de Jacques Pasquet,
illustrations de Lou Beauchesne
Ces contes sont de véritables petits bijoux finement ciselés, nés de l’imaginaire d’un écrivain-conteur, pédagogue de formation. Les mots prennent tout leur sens, grâce au fin maniement et à la juste sélection de l’auteur. Ce dernier se joue des proverbes, des dictons et des expressions consacrées, dans ces contes qui s’adressent à tous les jeunes d’âge ou de cœur.
Grâce au CD, on passe du plaisir de la lecture à celui de l’audition… ou on peut combiner agréablement les deux. La narration des contes, livrée par la voix chaude et expressive de l’auteur, est soutenue par une trame musicale qui, tout en appuyant le texte, nous entraîne dans l’univers un peu loufoque de l’œuvre. En prime : un conte surprise et des plages musicales dignes d’intérêt.
Enfin, les aquarelles de style naïf qui illustrent les contes ajoutent une touche de douceur qui donne l’irrépressible envie de plonger.
Comme tout bon livre, on regrette lorsque la fin arrive. C’est à souhaiter que Jacques Pasquet récidive.
Contes absurdes pour délier la langue; Éditions Planète rebelle; Montréal; 2009; ISBN 978-2-922528-92-3; 48 p.; 21,95 $; Prologue; 1-800-363-2864; prologue@prologue.ca; www.prologue.ca
Critique de Pauline Ouellette, EAO, enseignante de français à contrat, Kapuskasing.
Rochelle Pomerance est journaliste culturelle, animatrice et traductrice; elle est aussi la responsable de cette rubrique. Écrivez-lui à revue@oeeo.ca.