La profession subit de
profonds changements et les nouveaux enseignants et enseignantes, tout comme ceux qui sont
expérimentés, ont besoin de mentors. Mais le concept et la pratique du mentorat doivent
eux aussi changer radicalement.
dAndy Hargreaves et Michael Fullan
Un patient meurt, un édifice sécroule, un élève abandonne ses
études. Telles peuvent être les conséquences dun jugement professionnel
déficient. Cest pourquoi lidée que les recrues dans une profession ont
besoin dun mentor pour les aider à acquérir les aptitudes nécessaires à
lexercice de leur métier et à maîtriser le stress est de mieux en mieux
acceptée.
Toutefois, dans le domaine de lenseignement, bien que des programmes
dinitiation à lenseignement et de mentorat aient été mis sur pied depuis
une dizaine dannées, leur mise en uvre a été par trop souvent décevante.
Or, lorsque la pratique du mentorat natteint pas lidéal que lon en a,
ce ne sont pas les politiques ou la conception des programmes quil faut incriminer,
mais le fait que nous ne considérons pas le mentorat comme faisant partie intégrante de
lenseignement et du professionnalisme en général.
Le mentorat des nouveaux venus en enseignement atteindra son plein
potentiel le jour où les enseignantes et enseignants comprendront quil joue un
rôle essentiel dans la transformation de la profession enseignante elle-même.
Lhistoire montre que les façons dapprocher le mentorat ont changé au fur et
à mesure que le modèle de professionnalisme en enseignement a évolué.
LÈRE PRÉPROFESSIONNELLE
À ses débuts, le système déducation publique sapparentait
à un système déducation de masse. Les méthodes denseignement de base
consistaient la plupart du temps à réciter ou à écouter un cours magistral, ainsi
quà prendre des notes, à remplir des bulletins de questions-réponses et à faire
du travail assis. Dans cette ère préprofessionnelle, lenseignement était
considéré comme exigeant au plan de la gestion, mais simple au plan technique. Ses
principes et paramètres étaient traités comme une simple question de bon sens.
Selon cette perspective, les enseignantes et enseignants sont, dans le
meilleur des cas, des enthousiastes qui savent de quoi ils parlent et comment transmettre
leur savoir, et sont en mesure de faire régner lordre dans leur classe. Ils
apprennent à enseigner en observant les autres dans lexercice de la profession,
dabord en tant quélèves, puis en tant quétudiants-enseignants.
Daprès cette vision préprofessionnelle de lenseignement, les besoins du
personnel enseignant en ce qui a trait à la formation initiale et au perfectionnement
professionnel sont peu élevés. Ils raffinent leurs connaissances sur le terrain, dans la
classe où ils enseignent. Le mentorat se réduit ici à quelques mots
dencouragement, à des conseils de gestion éventuellement offerts dans la salle du
personnel sinon, les nouveaux enseignants et enseignantes doivent se débrouiller
tout seuls. Mais peut-on vraiment parler de mentorat?
LE PROFESSIONNEL AUTONOME
À partir des années 60, le statut et la situation du corps enseignant se
sont considérablement améliorés dans de nombreux pays, par rapport à lère
préprofessionnelle. Pendant cette période, les termes «professionnel» et «autonomie»
sont devenus de plus en plus indissociables dans le milieu enseignant. Lenseignement
se caractérisait alors surtout par lindividualisme. La plupart des enseignantes et
enseignants exerçaient leur métier dans lisolement le plus total.
Lautonomie professionnelle a renforcé le statut des enseignantes et
enseignants tandis que la formation initiale sest prolongée et que les salaires se
sont élevés. Mais cette autonomie professionnelle a également freiné
linnovation.
Les acquis du perfectionnement professionnel étaient rarement appliqués
en classe, car ceux qui avaient suivi des cours retrouvaient à lécole où ils
enseignaient des collègues peu enthousiastes qui navaient pas partagé cette
expérience dapprentissage avec eux. La pédagogie stagnait donc étant donné leur
réticence à se distinguer de leurs collègues.
On a commencé à introduire des programmes dinitiation à
lenseignement et de mentorat dans une profession que lon reconnaissait
maintenant comme étant plus difficile. Toutefois, la tradition dindividualisme
environnante signifiait que les relations daide au sein dune école se
limitaient au mentorat des nouveaux venus. Le message transmis était que seuls les
novices ou les incompétents avaient besoin daide. Les autres pouvaient très bien
se débrouiller par eux-mêmes.
La notion daide étant associée à celle de faiblesse, rien
détonnant alors à ce que les nouveaux enseignants et enseignantes cherchent à
sen défaire aussi vite que possible. Lère de lautonomie
professionnelle na pas donné aux enseignantes et enseignants une préparation
suffisante pour faire face aux changements sans précédent qui les attendaient et contre
lesquels les portes de la classe offraient peu de protection.
LE PROFESSIONNALISME COLLECTIF
Au milieu des années 80, lautonomie des enseignantes et enseignants
ne répondait plus aux complexités croissantes de lécole; or, en raison de la
persistance de lindividualisme dans lenseignement, les réponses des
enseignantes et enseignants aux défis à relever étaient improvisées, non coordonnées
aux efforts de leurs collègues et sappuyaient sur des taux de perfectionnement de
leurs propres connaissances et compétences.
Pourtant, les raisons de créer des mécanismes de collaboration ne
manquaient pas : explosion des connaissances, renforcement des exigences du curriculum,
élèves en difficulté plus nombreux et diversifiés dans les classes ordinaires et
accélération du rythme du changement.
De nos jours, les écoles intensifient leurs efforts pour construire un
cadre de collaboration professionnelle solide. Daprès les études effectuées, cela
aide les membres du corps enseignant à développer le sens de la poursuite dun
objectif commun, à affronter les incertitudes et la complexité de la profession, à bien
répondre au changement rapide, à créer un climat de prise de risques et
damélioration continue et à renforcer leur sentiment dun enseignement
efficace.
Le professionnalisme collectif a des incidences importantes sur la
formation initiale à lenseignement, le perfectionnement professionnel et le
mentorat.
LA QUATRIÈME ÈRE PROFESSIONNELLE
Le monde dans lequel nous vivons subit de profondes transformations
sociales, économiques, politiques et culturelles. Les frontières entre les institutions
se dissolvent, les rôles deviennent de moins en moins séparés.
Le monde extérieur sinfiltre maintenant dans ce qui se passe dans
lenceinte de lécole, ce qui a des répercussions importantes sur le rôle des
enseignantes et enseignants et de ladministration. Les membres du corps enseignant
doivent apprendre à travailler avec des communautés plus diversifiées, à considérer
les parents comme une source dapprentissage et de soutien plutôt que
dinterférence et à collaborer avec des organismes sociaux.
Le contenu du perfectionnement professionnel doit maintenant
sétendre et sapprofondir pour englober les aspects suivants : travailler avec
les parents, se familiariser avec les évaluations relatives aux normes et aux données
sur lapprentissage des élèves, se tenir au courant des percées scientifiques en
pédagogie, raviver la passion et la motivation denseigner et collaborer avec les
collègues afin de favoriser des réformes positives de léducation.
LE MENTORAT AU NOUVEAU MILLÉNAIRE
Après avoir cru pendant des décennies que les enseignantes et
enseignants travaillaient en vase clos, quils apprenaient (ou non) par eux-mêmes et
que ce nétait quavec le temps quils samélioraient en
général, seul et à tâtons on pense maintenant de plus en plus que tous les
enseignants et enseignantes sont plus efficaces sils sont soutenus par un solide
groupe de collègues et que les nouveaux venus ont tout intérêt à avoir un mentor qui
leur sert de guide et de conseiller.
En outre, les mentors ont tout autant à gagner de leurs stagiaires que
linverse : ces derniers leur permettent dentrevoir de nouvelles perspectives
sur leur façon denseigner et sur celle des autres, de nouer de nouvelles relations
et de faire renaître leur engagement et leur enthousiasme envers leur métier.
Un nombre croissant détudes se consacre à des questions clés
comme le choix des mentors, la façon daccorder les mentors aux stagiaires, la
nature formelle ou non de leurs relations, la façon dont les mentors
devraient être
payés ou récompensés plus généralement en échange de leur contribution et où
trouver le temps de faire du mentorat.
Quels sont les défis posés par le mentorat à laube du nouveau
millénaire? Quatre principaux domaines de changement incitent les éducatrices et
éducateurs à envisager le mentorat de manière différente à lère postmoderne.
MENTORS MAIS PAS TOURMENTEURS
Enseigner est devenu incroyablement plus complexe au cours des dernières
années. Les répertoires de classe sétendent en raison des progrès accomplis en
sciences de léducation constructivisme, apprentissage coopératif,
stratégies de métacognition et dévaluation, entre autres de la percée des
technologies de linformation et du défi présenté par la nécessité
dadapter linstruction aux besoins et styles dapprentissage
délèves provenant de milieux culturels divers et délèves en difficulté.
Ces progrès représentent un défi pour les enseignants et enseignantes,
quils soient nouveaux ou expérimentés. Le vieux modèle de mentorat selon lequel
des experts sûrs de détenir les clefs du savoir en transmettent les principes à des
novices avides dapprendre na plus cours.
Bien quil soit toujours possible de trouver des exceptions
des superenseignants qui connaissent et appliquent les nouvelles stratégies
denseignement ces personnes, quelles exercent dans des écoles de
formation ou ailleurs, sont rares et peuvent vite être surchargées.
De nos jours, bien quil arrive que des mentors en sachent plus que
les nouveaux enseignants et enseignantes sur les procédures scolaires ou la gestion de la
classe par exemple, ces derniers sont plus au fait des nouvelles stratégies
denseignement.
Cependant, si dans une école, on part du principe que le mentor en sait
toujours plus, même en ce qui a trait aux stratégies denseignement, les nouveaux
venus désireux dinnover pourraient rapidement percevoir la relation avec le mentor
comme oppressive. Les mentors pourraient leur apparaître davantage comme des
tourmenteurs, et le processus dinitiation à la profession pourrait au contraire
amener les nouvelles recrues à séloigner des objectifs et des pratiques
préconisés dans le cadre du programme de formation initiale.
Lépoque à laquelle nous vivons exige que les relations avec le
mentor soient moins hiérarchisées, que tout le monde reconnaisse que lenseignement
est un métier difficile en soi et quil existe de nombreux problèmes de pratique
pour lesquels même les «experts» nont pas de réponse toute faite. Cela suppose
aussi que la relation avec le mentor ne soit pas la seule relation de soutien dans une
école. Dans lexercice dun métier considéré comme complexe et difficile de
par sa nature, tout le monde, et pas seulement lenseignante ou enseignant
incompétent ou le novice, a besoin daide.
LIMPORTANCE DU SOUTIEN ÉMOTIONNEL
Lenseignement fait appel aux émotions. Il suscite des sentiments
chez les enseignantes et enseignants comme chez les élèves. Enseigner, ce nest pas
seulement dispenser une instruction aux élèves, cest aussi se soucier de leur
bien-être, nouer des liens avec eux. Étant donné les conditions dans lesquelles vivent
les enfants dans de nombreuses familles postmodernes aujourdhui familles
éclatées, pauvres, monoparentales cette charge est devenue de plus en plus
lourde.
Enseigner néquivaut pas simplement à maîtriser un ensemble de
compétences; cest un métier qui exige que les enseignantes et enseignants donnent
constamment deux-mêmes. Le rythme accéléré des changements, quils soient
choisis ou imposés, peut créer encore plus danxiété et dinsécurité chez
bon nombre dentre eux tandis que leur compétence et leur confiance en eux sont
remises en question par la nécessité de maîtriser de nouvelles stratégies.
Étant donné les efforts déployés pour standardiser lenseignement
pour le définir et le diviser en niveaux et en normes de connaissances et
dhabiletés on peut facilement perdre de vue la dimension émotionnelle de
lenseignement, lenthousiasme, la passion, lempathie, la sagesse,
linspiration et le dévouement de bien des enseignantes et enseignants qui exercent
leur métier dune manière absolument fantastique.
Si les émotions sont une source de stimulation pour les membres du corps
enseignant, elles peuvent également les miner. Lun des besoins les plus marqués
des débutants est celui de soutien émotionnel. Dans les classes particulièrement
éprouvantes au plan émotionnel que lon connaît de nos jours, les enseignantes et
enseignants expérimentés ont eux aussi besoin de ce type de soutien
dexprimer leurs émotions et den parler, de gérer et de contrôler leurs
inquiétudes et leurs frustrations, dêtre guidés et rassurés quant aux limites de
lattention quils peuvent prodiguer lorsque la crainte de ne pas en faire assez
risque de les submerger.
Un aspect important du mentorat consiste, par conséquent, à faire plus
que de guider des stagiaires parmi les normes dapprentissage et les compétences; il
doit aussi leur fournir un soutien émotionnel solide et constant. Dans les écoles
secondaires, le soutien émotionnel des élèves ne doit pas seulement être du ressort
dun ou deux orienteurs, mais la responsabilité de tout le personnel enseignant.
Parallèlement, la responsabilité doffrir un soutien émotionnel au corps
enseignant ne doit pas quêtre endossée par quelques mentors désignés, mais bien
sétendre à tous ceux qui enseignent dans une école.
LE RÔLE GRANDISSANT DES COMMUNAUTÉS
Un troisième moteur de changement à lère postmoderne est le fait
quune transparence accrue, un choix décoles plus étendu et des changements
culturels importants dans les familles et les communautés ont pour effet détablir
davantage de liens entre les enseignantes et enseignants et les individus et groupes à
lextérieur de lécole.
Un bon mentorat consiste donc à aider les membres du corps enseignant à
travailler efficacement avec des adultes, à être sûrs en tant que groupe de
professionnels de leur jugement tout en étant ouverts et à lécoute des
opinions des autres. Les enseignantes et enseignants ont des choses importantes à
apprendre des parents et des autres membres de la communauté, sur des enfants auxquels
ils enseignent et parfois même par exemple, en ce qui concerne la technologie de
linformation sur des méthodes denseignement à employer.
Les enseignantes et enseignants ne sont pas toujours les experts;
collaborer efficacement avec dautres adultes suppose quils sont parfois
placés dans la position de lapprenant. Comme Willard Waller la observé dans
un document écrit en 1932, intitulé The Sociology of Teaching, «Dans la relation
parents-enseignants, les écoles ont surtout essayé de sassurer du soutien des
parents, cest-à-dire de faire en sorte que les parents voient les enfants plus ou
moins à la manière des enseignants. Mais il serait bien triste pour les enfants si la
relation parents-enseignants se limitait à cela.»
LE FACTEUR DÉMOGRAPHIQUE
Les enseignantes et enseignants recrutés dans les années 60 et 70 pour
éduquer la génération du baby-boom sapprêtent maintenant à prendre la retraite,
si ce nest pas déjà fait. Au cours des cinq prochaines années, le corps
enseignant va être renouvelé de façon massive, alors quun grand nombre de jeunes
enseignantes et enseignants fera son entrée dans la profession.
Au cours des deux dernières décennies, le nombre de débutants était
faible dans la plupart des écoles et de nombreux enseignants et enseignantes
expérimentés étaient susceptibles dêtre leurs mentors. Ces derniers ont pu
initier les nouveaux venus aux mécanismes traditionnels de lécole, et cest
un fait prouvé que les enseignantes et enseignants débutants se conforment vite aux
mécanismes existants, surtout lorsque la situation de lemploi dans le secteur de
lenseignement est peu sûre.
On va donc bientôt assister à un renversement de la situation. Des
vagues denseignantes et enseignants expérimentés vont prendre leur retraite, au
nombre desquels se trouveront de nombreux mentors potentiels. Simultanément, les jeunes
enseignantes et enseignants vont bientôt former des groupes importants dans de nombreuses
écoles, à tel point quils vont peut-être y faire naître et développer une
nouvelle dynamique.
Si cette situation offre des possibilités considérables
dinnovation et de renouvellement, elle comprend aussi le risque de mal diriger
lénergie et de commettre trop derreurs. Des groupes importants de nouveaux
enseignants et enseignantes peuvent constituer un levier puissant du renouvellement des
écoles. Néanmoins, si les directions décole et les leaders en enseignement ne
valorisent que les recrues, ils risquent de diviser lécole en deux les
jeunes enseignantes et enseignants et les plus anciens où chaque groupe exclut et
dévalorise la contribution de lautre groupe.
Dans ces circonstances, le défi que devront relever un groupe de mentors
ou de leaders de plus en plus petit ne consistera peut-être pas à offrir des conseils
individuels, mais plutôt à rapprocher les acquis de la jeunesse et de
lexpérience. Il faudra donc canaliser les énergies des nouveaux enseignants et
enseignantes sans pour autant marginaliser les perspectives et la sagesse des plus anciens
dont les connaissances et lexpérience sont profondément enracinées dans le
passé.
Ce ne sont là que quatre des défis qui attendent les enseignantes et
enseignants et les mentors au siècle prochain; il sagira de rendre le mentorat
moins hiérarchisé, moins individualiste, plus ouvert et plus inclusif dans son
orientation que par le passé.
TROIS ÉLÉMENTS CLÉS
Les programmes dinitiation sont de plus en plus répandus. Bien des
programmes de mentorat natteindront malheureusement pas leur objectif, car on
omettra de reconnaître quils doivent sinscrire dans le cadre dautres
changements dans la politique et la pratique pour transformer la profession enseignante.
Toute politique formelle de mentorat peut facilement dégénérer en initiative de
restructuration par lajout de rôles formels sans renouvellement des
mécanismes sans modifier la capacité des enseignantes et enseignants.
Il existe au moins trois conséquences stratégiques qui justifient
lélaboration de programmes de mentorat qui peuvent faire changer les choses de
façon durable.
Premièrement, nous pouvons concevoir des programmes de mentorat de façon
à ce quils soient considérés explicitement comme des instruments de
renouvellement des mécanismes scolaires. Cela signifie que toutes les personnes
intéressées doivent réfléchir au sens profond du mentorat, le considérer comme un
moyen de préparer les enseignantes et enseignants à devenir des agents de changement
moral efficaces, désireux dopérer un changement dans la vie des jeunes et
familiers avec les méthodes pédagogiques et les partenariats qui visent la réussite
scolaire.
Le mentorat ne se limite alors pas à une forme de soutien individuel des
membres du corps enseignant; il permet de créer des mécanismes professionnels solides
dans des écoles engagées à améliorer lenseignement, lapprentissage et les
services aux élèves.
Deuxièmement, le mentorat doit être explicitement lié à dautres
composantes des réformes visant à transformer la profession enseignante. Le mentorat
doit, par exemple, répondre aux besoins de tous les enseignants et enseignantes
nouvellement arrivés dans le district ou dans lécole et pas seulement à ceux des
débutants. En outre, il doit être associé à la reconception de la formation initiale
à lenseignement et à lamélioration constante du système scolaire.
À lUniversité de Toronto, nous mettons en uvre des
programmes de préparation à lenseignement qui possèdent trois composantes de
conception : un grand nombre détudiants (jusquà 60), des équipes de membres
du corps professoral comprenant des enseignants (jusquà six par équipe) et des
groupes décoles associées (jusquà dix) dans lesquelles travaillent des
sous-groupes de stagiaires.
Selon ce modèle, les établissements de formation à lenseignement
considèrent quelles ont pour mandat daméliorer le système scolaire tout
autant que la formation à lenseignement et lécole se voit nantie du rôle
daméliorer à la fois la formation à lenseignement et lécole même.
En outre, linitiation à lécole et le perfectionnement
professionnel du corps enseignant et de ladministration doivent consolider les
efforts déployés pour améliorer la formation initiale à lenseignement. Tous ces
aspects doivent être éclairés et contrôlés à leur tour grâce à des normes
dexercice correspondant aux concepts dun enseignement qui tient compte des
réalités émergeantes de lère postmoderne.
Ainsi, le mentorat ne fait pas seulement partie intégrante des efforts de
perfectionnement et damélioration au sein de lécole, mais il entre
également dans le cadre de tout un système de formation, de perfectionnement et
damélioration au-delà de lécole.
Troisièmement, et de façon plus globale, tous ceux qui
sintéressent de près ou de loin au mentorat doivent réaliser que les prochaines
années seront décisives pour la revitalisation de la profession enseignante.
Deviendra-t-elle un moteur de changement social et de justice sociale?
Peut-elle créer sa propre vision des changements éducationnels et sociaux nécessaires
et sengager dans ce sens au lieu de se borner à mettre son veto et à réagir aux
plans de changement des autres?
Regardons la situation bien en face : ceux qui entreront dans la
profession au début du nouveau millénaire et ils seront nombreux à le faire
pendant les années à venir commenceront leur carrière à un moment où lavenir de la profession enseignante est en
jeu.
En dautres termes, le mentorat est un moyen dont la fin comporte de
nombreux défis la création dune profession solide au sein de laquelle
écoles, associations professionnelles et syndicats travaillent de concert à
lamélioration de lenseignement. Pour que nous puissions relever ces défis,
le mentorat doit évoluer dans les directions suivantes :