La plupart des enseignantes
et enseignants aiment apprendre et il nexiste pas dautres expériences
dapprentissage plus totales que de se submerger dans la culture, la langue et les
coutumes dun autre pays.
Déménager à lautre bout du monde pendant une année est un luxe
que bien peu peuvent se permettre, mais un organisme dans le sud de lOntario aide
des dizaines denseignantes et denseignants ainsi que des élèves et
des directrices et directeurs décole à réaliser cette aventure chaque
année.
La Canadian Education Exchange Foundation (CEEF), organisme à but non
lucratif situé à Barrie, assure le jumelage déducatrices et déducateurs
avec des collègues dailleurs dans le monde et dailleurs au Canada
qui veulent briser la routine et vivre lexpérience dapprentissage par
excellence. Les échanges denseignantes et denseignants à
lélémentaire et au secondaire sont dune durée dun an, mais la
fondation aide aussi à organiser des jumelages en observation à court terme pour les
administrateurs scolaires, des programmes de partenariats décoles pour des groupes
délèves, ainsi que des échanges de six mois pour les élèves.
«Cette expérience vous revitalise ainsi que votre enseignement, elle
élargit votre vision du monde, vous donne loccasion dapprendre à travailler
avec de nouvelles méthodes, de se faire de nouveaux amis, de voir des lieux inconnus»,
promet Dennis Nolan du CEEF. Et si lon se fie à lenthousiasme des
commentaires des participants, il a tout à fait raison.
«En fait, jen ai retiré bien plus que je ne laurais cru»,
dit Sheila Capperauld, qui a passé lannée 1997 à enseigner en 2e et 3e année à
Waikerie en Australie méridionale. Capperauld, maintenant directrice de lécole
publique Uptergrove à Orillia dit que «cette expérience sest avérée des plus
enrichissantes, tant au plan personnel que professionnel.»
Betty Hamilton, qui a passé une année à Wollongong en
Nouvelles-Galles-du-Sud, en Australie, à enseigner les mathématiques, répète les
propos de Capperauld. «Cette expérience a été merveilleuse.» Hamilton a quitté son
emploi à lécole secondaire John Fraser de Mississauga en 1995. «LAustralie
fut une découverte fantastique pour moi. Je me suis fait de nouveaux amis pour la vie.»
Grâce au programme de la fondation, une enseignante ou un enseignant
dici échange son emploi avec un collègue dun autre pays ou dune autre
province tout en demeurant à lemploi de son conseil scolaire qui continue de payer
son salaire et ses avantages sociaux. Le nombre dannées de service continue aussi
de saccumuler. Habituellement, les deux personnes échangent aussi leur demeure,
mais il y a des exceptions, rares toutefois.
Pour être admissible à un échange, il faut avoir accumuler cinq années
dexpérience réussie en enseignement et avoir lappui du conseil scolaire qui
vous emploie. Parfois, le processus de jumelage se fait en Ontario; parfois, il se fait
dans le territoire du collègue. Le processus de jumelage peut savérer très
complexe et la fondation est très claire à cet égard mais la plupart des
participants le comprennent sans difficulté.
«Jai rempli ma demande à lautomne et ils ont fait le reste
du travail. On ma offert un poste le printemps suivant et je suis partie pour
lAustralie à la fin de lannée», précise Hamilton.
Une fois quun jumelage possible a été établi, les formulaires
sont échangés entre écoles et léchange doit être approuvé par la direction de
chaque école et par chaque conseil scolaire. Puis, restent à régler les questions des
coûts de déplacement, dhébergement, de ce qui devra être mis en entreposage. De
plus en plus denseignantes et denseignants se servent du courrier
électronique pour établir la communication avec leur collègue et se préparer à leur nouvelle expérience.
DESTINATIONS
La fondation a des liens avec les organismes déchange de bon nombre
de pays dEurope, des États-Unis, dAustralie et de Nouvelle-Zélande. Les pays
de langue anglaise comptent parmi les destinations les plus recherchées, pourtant, pour
bien des enseignantes et enseignants, les différences linguistiques ont été une source
dapprentissage cocasse.
«Le terme «root» (racine) est utilisé couramment en mathématiques au
Canada, raconte Betty Hamilton. Mais en Australie, il signifie forniquer. Les premières
fois que je lai utilisé, mes élèves avaient lair étonné. Et plus ils
étaient vieux, plus ils rigolaient.»
Capperauld a aussi dû shabituer à laccent australien.
«Jai voulu constater les connaissances de mes élèves en orthographe. Quand je
disais le mot pet, ils navaient pas de réaction. Ils nétaient
pas sûrs si je disais pat, put ou pit.»
Néanmoins, lAustralie et la Nouvelle-Zélande demeurent les
destinations les plus populaires pour les enseignantes et enseignants de lOntario.
Les échanges dans cette partie du monde ont lieu pendant leur année scolaire qui
commence au début de février et se rend jusquà Noël. Les enseignantes et
enseignants du secondaire ontariens des écoles semestrielles commencent léchange
à la fin du premier semestre et parfois en janvier. Dans les autres écoles,
léchange commence en janvier. Dans les écoles élémentaires, lenseignante
ou lenseignant venant dAustralie arrive dans une classe le premier jour
décole en janvier et son collègue ontarien commence à enseigner en Australie vers
le 1er février.
LEurope est aussi une destination populaire, mais il faut
complètement maîtriser la langue du pays visité même si lon prévoit
enseigner langlais pour communiquer avec ladministration, les
collègues sur place et les parents. La France donne préférence aux francophones. Au
palier élémentaire, les élèves sont léquivalent de la maternelle à la 6e année en Ontario. En France, il existe deux paliers secondaires : le collège et le
lycée. Le palier collégial commence à ce qui correspond à la 7e année en Ontario; le
lycée correspond au palier supérieur.
Les échanges en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas se limitent aux
écoles secondaires. Les Néerlandais comptent quelques écoles bilingues
(néerlandais-français ou néerlandais-anglais) où les matières sont enseignées en
français ou en anglais, tout comme dans les écoles dimmersion française
ontariennes. Il faut quand même avoir une bonne base du néerlandais.
La Suisse représente la destination la plus populaire en Europe, mais les
régions de langue française de Suisse sont les seules à accepter des enseignantes et
enseignants à lélémentaire. Au secondaire, toutes les régions de Suisse
acceptent des échanges, peu importe la langue parlée sur place : français,
allemand ou italien. La Suisse accepte des échanges pour toutes les matières et toutes
les langues, bien que la plupart des jumelages qui réussissent se font entre du personnel
de langue française ou dans des programmes dimmersion française.
Le Royaume-Uni demeure un bon choix pour les enseignantes et enseignants
ontariens qui ne parlent que langlais. Les enseignantes et enseignants travaillant
dans un conseil scolaire catholique qui nembauche que du personnel catholique ont
encore de meilleures chances dobtenir un échange en République dIrlande. Au
palier élémentaire, les échanges avec lIrlande ne se font que depuis un an
seulement et certains échanges seront offerts au palier secondaire pour lannée
2000-2001.
Chaque année, la fondation offre des échanges avec les États-Unis, y
compris avec les dépendances américaines comme Puerto Rico et les Îles vierges. Un
organisme central de Washington coordonne tous les échanges avec les États-Unis.
Il est également possible dorganiser des échanges
interprovinciaux. Le Québec ne participe actuellement pas au programme déchange,
mais il existe des programmes dimmersion française dans les autres provinces
canadiennes pour lesquels il est possible de faire une demande. La fondation a organisé
des échanges entre des enseignantes et enseignants de la Colombie-Britannique et des
Maritimes.
AUTRES AVANTAGES
Les avantages dun jumelage vont au-delà du voyage. Betty Hamilton a
également appris en rencontrant dautres collègues déchange en Australie
qui se réunissaient régulièrement pour se donner des conseils et se réconforter.
«Jai rencontré des enseignantes et des enseignants de partout dans le monde. Il
est fascinant dapprendre ce qui se fait ailleurs.» Son expérience la
convaincue de continuer sa participation une fois revenue au Canada; elle organise depuis
de nombreuses activités à lintention des personnes venues ici au Canada.
Robert McDougall est lun dentre eux. Venu de la West Barns
Primary School, située à West Barns en Écosse, McDougall a découvert quil était
possible denseigner dans dautres pays à la lecture dun dépliant
diffusé par la League for the Exchange of Commonwealth Teachers (LECT), équivalent de la
fondation en Écosse. «Je songeais justement à faire quelque chose de différent et le
jumelage mest apparu comme la solution.
Comme bien des enseignantes et enseignants du Canada, le premier choix de
McDougall était la Nouvelle-Zélande ou lAustralie, mais il a envoyé sa demande
trop tard pour leur année scolaire, puis on lui a offert le Canada. «Je voulais une
école différente de ce que je connaissais, et je lai eue.» Lécole
secondaire John Fraser à Mississauga compte 600 élèves; la population doù il
vient sélève à 400 personnes. Cest différent, mais il aime beaucoup son
expérience.
Avant de commencer à enseigner, McDougall a passé quelques semaines sur
lîle de Vancouver et dans les Rocheuses; la beauté du paysage la ravi.
Depuis, il a passé de nombreux week-ends à Ottawa et dans la région de Haliburton. «En
Écosse, il est impensable de faire cinq heures de route pour partir un week-end
seulement», dit-il. Il passe une bonne partie de son temps libre à mieux connaître ses
nouveaux collègues et jusquà maintenant, «je passe la meilleure année de ma
vie.»
LA CLÉ : LA FLEXIBILITÉ
Les enseignantes et enseignants à qui lon offre un jumelage ont
presque toujours quelques mois pour se préparer au déménagement. Lun des
éléments importants à considérer est la différence du coût de la vie. Les
enseignantes et enseignants du Canada paient leurs coûts de déplacement et aiment aussi
en profiter pour effectuer dautres voyages sur place pendant leur année
déchange. Certains pays, comme la Suisse où le coût de la vie est très élevé,
fournissent une allocation, mais cest plutôt rare. Au plan financier, un échange
peut être inégal et le salaire dun enseignant ne correspond pas aux dépenses
courantes dans un autre pays ni au désir de faire des voyages ailleurs. Il ne faut tout
de même pas sarrêter quà un seul facteur.
McDougall est moins payé quun enseignant ontarien et, en Écosse,
le coût de la vie est bien plus élevé, mais le taux de change est à son avantage.
«Jobtiens 2,50 $ pour une livre, et bien des choses coûtent moins chères. Je
paierais léquivalent de 1,80 $ le litre dessence en Écosse. Financièrement,
je nai donc pas eu ce problème.»
Ses élèves en Écosse et en Ontario profitent aussi de son aventure.
«La LECT exige que je réalise un projet professionnel. Jai donc demandé à mes
élèves dÉcosse de dresser un portrait deux-mêmes pour mes élèves
dici. Ces derniers sont vraiment intéressés par lÉcosse maintenant; ils
veulent sy rendre.»
Dans le cadre du projet, les élèves ontariens de McDougall effectuent
une recherche sur lÉcosse et posent des questions auxquelles les élèves de West
Barns doivent répondre. «Jespère que mes élèves dici produiront un
document sur lÉcosse quils pourront envoyer aux élèves de West Barns»,
ajoute McDougall.Les enseignantes et enseignants jumelés, quils partent du Canada
vers létranger ou quils arrivent dailleurs, obtiennent de laide
en vue de leur adaptation aux différences culturelles et professionnelles de la part de
la Canadian League for Educational Exchange (CLEE) qui tient des conférences et des
ateliers trois fois lan.
Jim Palsetia, président de la CLEE, a participé à des échanges en
Angleterre et en Australie. «La personnalité compte beaucoup dans la réussite du
jumelage. Ce que je répète toujours, cest quil faut comparer lénergie
requise pour réussir à lénergie que
lon consacre à la première année denseignement.» Mais lui aussi a trouvé
lexpérience «fantastique» et passe une partie de ses vacances dété en
Angleterre où il visite des amis quil sest faits sur place.
AUTRES POSSIBILITÉS