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Juin 1999

La méthode phonétique :
une efficacité variable


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Selon des recherches menées en Écosse et aux États-Unis, les programmes de lecture fondés sur la méthode phonétique ne donnent pas toujours des résultats comparables. La méthode synthétique permet un apprentissage beaucoup plus rapide que les autres programmes.

de Malkin Dare

Les enseignantes et enseignants de 1re année portent tout un fardeau. Chaque année, ils ont entre les mains le sort de plus de 20 enfants vulnérables, dont l’avenir repose sur les aptitudes à la lecture qu’ils sauront acquérir au cours de l’année scolaire.

Selon Marilyn Jager Adams, la capacité de lecture à la fin de la 1re année représente un excellent moyen de prévoir le degré de réussite future dans toutes les matières, le revenu futur et, en définitive, la probabilité de mener une vie longue et satisfaisante. C’est surtout le cas pour les enfants défavorisés, dont les parents sont moins bien placés pour surmonter les difficultés d’apprentissage éventuelles.

Pour bien des enseignantes et enseignants, il n’est pas si important que les enfants apprennent à lire avant la fin de la 1re année. Certains hésitent à trop pousser les enfants à apprendre à lire avant qu’ils ne se sentent prêts à le faire. D’autres sont convaincus qu’il leur est impossible d’enseigner à certains élèves, notamment aux enfants dyslexiques ou à ceux qui proviennent d’un foyer perturbé ou dont la langue maternelle n’est pas la langue d’enseignement.

Pourtant, tout indique que presque tous les enfants sont capables de maîtriser la lecture avant la fin de la 1re année. C’est ce que démontrent année après année quelques écoles spéciales comme la Wesley Elementary de Houston, au Texas, dont les élèves vivent dans le centre-ville de Houston. La plupart de ces enfants proviennent de foyers défavorisés, et 80 pour cent sont admissibles aux repas gratuits. Pourtant, tous apprennent à lire avant la fin de la 1re année, certains même à un niveau typique de la 3e ou de la 4e année.

RIEN DE SORCIER

Comment donc les enseignantes et enseignants de l’école Wesley obtiennent-ils de tels résultats? Voici ce qu’en dit un article paru dans le numéro de mai-juin 1997 de la revue American Teacher, publication officielle de l’American Federation of Teachers : «Cette école parvient régulièrement à obtenir des résultats supérieurs à la moyenne de l’État et du district, et cela pour trois raisons bien simples. D’abord, les élèves et le personnel consacrent beaucoup d’efforts à l’apprentissage, de préférence avant la maternelle. Ensuite, les enfants savent dès leur premier jour d’école qu’ils doivent respecter les règles. L’école veille également à ce que le personnel enseignant et les adjoints d’enseignement disposent de la documentation et de la formation nécessaires. Enfin, à l’école Wesley, on apprend aux enfants à lire, à écrire, à épeler et à calculer au moyen d’un programme fondé sur des recherches probantes, selon la méthode de l’enseignement direct.»

Pour enseigner les rudiments de la lecture, tout le personnel enseignant de l’école Wesley se sert d’un programme axé sur la méthode synthétique appelé Reading Mastery.

Évidemment, la majeure partie du personnel enseignant de 1re année de l’Ontario utilise la méthode phonétique. Cependant, les résultats de deux études comparatives démontrent que certains programmes phonétiques sont plus efficaces que d’autres.

La première, «Accelerating Reading Achievement: The Effectiveness of Synthetic Phonics», a été menée par Joyce
E. Watson et Rhona S. Johnston, psychologues à la Scotland’s University de St. Andrews, et financée par le gouvernement écossais. Elle a été réalisée surtout auprès d’élèves défavorisés du Clackmannanshire, en Écosse.

APPRENDRE PAR L’ÉNONCIATION

En examinant l’enseignement de la méthode phonétique dans les écoles écossaises, les chercheurs ont constaté qu’un enseignant qui enseignait la lecture à ses élèves au moyen de la méthode «synthétique» obtenait d’excellents résultats. Selon cette méthode, il faut enseigner les sons très rapidement, c’est-à-dire six lettres en huit jours, et donner aux enfants des exercices d’énonciation et de combinaison des lettres pour former des mots. La méthode synthétique (également appelée phonétique systématique) vise à assurer rapidement une reconnaissance instantanée des mots afin que le lecteur n’ait plus besoin de s’en remettre au contexte. Elle est fondée sur l’hypothèse selon laquelle les enfants devraient pouvoir prononcer sans faute des mots inconnus.

Cette constatation a poussé les chercheurs à examiner les résultats obtenus dans d’autres classes après dix semaines d’enseignement selon cette méthode. Encore une fois, les résultats ont été supérieurs à la moyenne.

À la dernière étape de l’étude, 13 classes ont été divisées en trois groupes. Quatre classes ont reçu un enseignement axé sur la méthode «phonétique analytique». Cette méthode présente des mots entiers et, en général, un son par semaine, suivi de combinaisons de consonnes et de digrammes de voyelles. Selon la méthode phonétique analytique, la connaissance phonologique compte parmi plusieurs stratégies que les enfants peuvent utiliser pour identifier des mots inconnus. Quatre autres classes ont reçu un enseignement fondé sur la méthode phonétique analytique, plus dix minutes par jour de formation axée sur les phonèmes et les rimes. La méthode synthétique a été employée pour les cinq autres classes. En mars, on a constaté que le groupe de méthode synthétique avait huit mois d’avance sur les deux autres groupes au plan de la lecture. En outre, il avait huit mois d’avance sur le premier groupe et neuf mois sur le deuxième pour ce qui est de l’orthographe.

Les chercheurs ont employé le programme Jolly Phonics, dont se servent avec succès un certain nombre d’écoles de la région de Toronto. En Ontario, l’efficacité de Jolly Phonics a été évaluée par Dale Willows de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario de l’Université de Toronto. Dans une série de documents présentés à différentes conférences sur la lecture, elle rend compte de réalisations tout à fait remarquables. Le succès de ce programme dans une école d’Etobicoke a fait l’objet d’un article dans le numéro de mai-juin 1996 du bulletin de la Federation of Women Teachers’ Association of Ontario.

DEUXIÈME ÉTUDE

La seconde étude portait sur 285 enfants défavorisés, c’est-à-dire les 18 pour cent des enfants les plus à risque de huit écoles du centre-ville de Houston, au Texas. Cette étude, intitulée «The Role of Instruction in Learning to Read: Preventing Failure in At-Risk Children» et menée par Barbara R. Foorman et ses collaborateurs, est décrite dans le Journal of Educational Psychology, 1998, vol. 90, n° 1, 37-55.

Le groupe A a reçu un enseignement intensif selon la méthode synthétique, le groupe B un enseignement phonétique «intégré» (semblable à la phonétique analytique de l’étude écossaise) et le groupe C un enseignement phonétique «implicite». À la fin de l’année, le groupe A se rapprochait de la moyenne nationale pour le décodage (43e centile) et la compréhension de passages (45e centile); le groupe B s’est classé aux 29e et 35e centiles et le groupe C aux 27e et 33e centiles.

Le groupe A a reçu un enseignement fondé sur Open Court, un programme utilisé actuellement avec un certain succès dans plus de 200 écoles ontariennes.

Parmi elles, on retrouve l’école Holy Cross de Mississauga, dont la clientèle est fortement multiculturelle. «J’ai enfin trouvé ce que je cherchais dans le programme Open Court, qui est de toute première qualité», affirme Brenda Vassallo, enseignante-ressource à Holy Cross. De même que ses collègues, elle apprécie Open Court, car :

  • les enfants aiment ce programme, qui leur donne d’excellentes aptitudes à la lecture;
  • les parents sont enchantés de l’enthousiasme et des progrès de leurs enfants;
  • ce programme est fondé sur une riche base littéraire et de nombreux documents imprimés;
  • les enfants font des progrès remarquables en orthographe et en écriture;
  • les enseignants peuvent réduire de moitié le temps consacré à la préparation.

Pour survivre au XXIe siècle, les enfants ontariens devront posséder d’excellentes aptitudes à la lecture et à l’écriture. La méthode synthétique représente le meilleur moyen pour eux d’atteindre cet objectif.

Pour de plus amples renseignements, consulter l’étude menée en Écosse, intitulée Accelerating Reading Achievement: The Effectiveness of Synthetic Phonics, à www.hmis.scotoff. gov.uk/riu 

L’article «The Role of Instruction in Learning to Read: Preventing Failure in At-Risk Children» de Barbara R. Foorman et coll. a paru dans le Journal of Educational Psychology, 1998, vol. 90, n° 1, 37-55.

Pour commander un catalogue de Science Research Associates (SRA), qui contient des renseignements sur Reading Mastery et Open Court, composez le 1-800-565-5758. Les documents Jolly Phonics peuvent être commandés auprès de Scholar’s Choice et de Louise Kool & Galt au 1-800-268-4011.

Malkin Dare est rédactrice en chef du bulletin de l’Organization for Quality Education et auteure de l’ouvrage How To Get The Right Education For Your Child. On peut la joindre à dare@netcom.ca