Peter Swalwell, directeur décole à la
retraite, explique quau cours dune journée type, il nest pas rare que
les écoles de Peel soient à court de près de 200 enseignantes et enseignants. Comme de
nombreux conseils, Peel a décidé de consacrer plus dargent à lembauche de
suppléants.
La registrateure de lOrdre, Margaret
Wilson, a écrit récemment aux membres de lOrdre qui ont pris leur retraite
lan dernier. Elle leur a rappelé que près de 50 pour cent des enseignantes et
enseignants de la province auront atteint lâge de la retraite dici 2010. Elle
ajoute : «Je vous encourage fortement à envisager un retour en classe à temps partiel.
Votre expérience na pas de prix. Ensemble, nous pouvons nous assurer que du
personnel qualifié et bien formé seulement soccupe de léducation des
enfants ontariens.»
Quest-ce qui pousserait une enseignante
ou un enseignant, qui prend un repos bien mérité après 35 ans de plans de cours et de
formulaires en trois copies, à retourner en classe, même à temps partiel? Demandez-le
à ceux et celles qui lont fait et ils vous répondront quils en tirent des
avantages tout en aidant les autres.
LENSEIGNEMENT SUR MESURE
Lenseignement sur mesure est le terme
retenu par Linda Bell parce que la suppléance lui permet de choisir les écoles
quelle veut, les jours et même les années qui lui plaisent. Enseignante
dimmersion française dans la cinquantaine, Bell avait pris une retraite anticipée
lautomne dernier, pour découvrir après coup quelle était vraiment trop
jeune pour être à la retraite. Elle a trouvé le changement de rythme déroutant et a
même traversé une période de deuil.
Très en demande comme enseignante
dimmersion française dexpérience, Bell na pas tardé à être
recrutée pour faire de la suppléance dans ses anciennes écoles de lancien conseil
dEast York. En faisant de la suppléance deux ou trois jours par semaine pour ses
collègues, la plupart des connaissances, elle combat lisolation et la solitude.
Elle a limpression daccomplir quelque chose, de faire un peu de gymnastique
mentale, de soccuper de sa famille... et de payer son golf et ses billets de
théâtre.
Mais le plus important pour elle,
souligne-t-elle, cest que la suppléance lui permet de rattraper le manque à gagner
entre le facteur 85 et le facteur 90. Ainsi, son revenu est presque égal à ce quil
aurait été si elle avait continué de travailler pendant un certain temps. À 140 $ par
jour, ce qui représente son salaire net approximatif, elle ne dépend de personne
financièrement.
Bell aime bien ne pas avoir la
responsabilité qui vient avec lenseignement à plein temps : les bulletins, les
réunions de personnel, la surveillance aux récréations, les réunions avec les parents
et la préparation sans fin. Et elle aime pouvoir refuser un contrat si le cur lui
en dit.
Elle recommande aux autres retraités
dêtre bien honnêtes avec eux-mêmes et de ne pas retourner en classe par défaut
ou pour ne pas avoir à affronter la réalité de la retraite. Car cest une étape
de la vie, une période où il est peut-être temps de relever de nouveaux défis plutôt
que de répéter toujours les mêmes expériences. Son conseil : pensez bien à ce que
vous voulez et pourquoi, puis faites-le.
LES CONSEILS À LÈRE DU CHANGEMENT
Ernest Morrison, surintendant des ressources
humaines du Conseil scolaire de district Kawartha Pine Ridge, estime que son propre conseil
devra tenir compte des besoins particuliers des enseignantes et enseignants retraités et
même changer certaines politiques pour ne pas quils aient limpression
dêtre une solution de dernier recours.
Par exemple, explique-t-il, les retraités
préféreraient sans doute des placements à plus long terme, plutôt quà court
terme et un certain préavis plutôt quun appel à la dernière minute, surtout
lorsque le téléphone sonne à six heures du matin. Au conseil scolaire de Morrison, on
encouragera les retraités à envisager sérieusement la suppléance et on adoptera de
nouvelles politiques qui tiennent compte de leurs besoins, comme le premier droit de
refus.
«Rien nest comme avant. Le marché
appartient au vendeur», explique Morrison qui vient dexpédier une lettre aux
nouveaux retraités les invitant à revenir en classe à loccasion pour combler des
postes vacants au conseil pendant la prochaine année scolaire. Bien quil prévoit
une réaction généralement favorable à sa lettre, il sait fort bien que certaines
personnes parmi les nouveaux retraités sennuient de lenseignement, tandis que
dautres ny pensent plus du tout.
En fin de compte, dit Morrison, cest
une belle façon darrondir les fins de mois, surtout lorsque ce revenu sajoute
aux prestations de retraite.
Ce revenu supplémentaire est lune des
choses qui attire le plus Bob Greenham à la suppléance, même si son tarif quotidien est
moins de la moitié de ce quil était avant sa retraite et que son contrat de
travail ne comprend ni vacances ni congés de maladie.
LES ÉLÈVES ONT TOUT À GAGNER
Depuis octobre, il enseigne régulièrement
à lécole de Toronto où il occupait le poste de chef des services
dorientation avant de prendre sa retraite. Il aime mettre en pratique des
compétences quil a mis des années à acquérir, sans oublier linteraction
avec les élèves et ses collègues et loccasion de se tenir au courant des
nouveautés. Grand amateur dhistoire et de cuisine, Greenham pense que les élèves
ont tout à gagner dêtre aux côtés denseignants qui les exposent à leurs
intérêts personnels et à leur enthousiasme.
Mais il sait que la suppléance na pas
que de bons côtés. Cest parfois difficile, surtout lorsquune classe
particulièrement odieuse vous traite dimbécile ou lorsque vous vous présentez
pour enseigner à la charmante classe A, mais que le directeur vous oriente plutôt vers
lhorrible classe B. Greenham aime lenseignement, et il veut que cela reste
ainsi. En limitant ses jours de suppléance à deux ou trois par semaine, il conserve son
impression de liberté.
Marcelle Cardinal aime la souplesse et la
liberté quoffre la suppléance. Elle dit de façon pince-sans-rire que la
suppléance lui rappelle constamment comment cest bon dêtre à la retraite.
Spécialiste en français au Québec et comptant 35 ans dexpérience, cette
retraitée de 64 ans vient de déménager dans la région de Peterborough pour se
rapprocher de sa famille.