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Mars 1999

 

L’éducation autochtone
selon Ovide Mercredi


Ovide Mercredi, ancien Grand Chef de l’Assemblée des Premières Nations et actuellement professeur à l’Université Laurentienne, a ébloui son auditoire lors du congrès «En quête de cohérence, de passion et d’espoir».

Mercredi devait parler de l’éducation des peuples autochones au Canada. Il a réussi à peindre un portrait prenant d’une jeune vie prise d’assaut par des forces hors de son contrôle ou de celui de ses parents.

Mercredi a grandi dans les années 50 sur une réserve de Grand Rapids, au Manitoba. Les options en matière d’éducation étaient rares. Il pouvait se compter chanceux d’avoir une école élémentaire sur la réserve.

Sa communauté parlait cri. À l’école, on parlait anglais. La récréation était la seule occasion où les enfants pouvaient parler le cri, et ils ne le parlaient que s’ils étaient certains de ne pas se faire prendre.

Mercredi se souvient que même l’été, ses amis et lui se mettaient à parler anglais lorsqu’ils passaient dans la cour d’école et ils passaient au cri une fois arrivés de l’autre côté de la cour.

C’est lorsque le gouvernement manitobain a décidé de construire un barrage près de Grand Rapids que Mercredi a constaté pour la première fois les iniquités entre Autochtones et Blancs en matière d’éducation. Quatre mille travailleurs et leurs familles sont venus travailler à la construction du barrage. On a tout de suite commencé à aménager des écoles dotées d’installations appropriées pour les enfants des travailleurs.

Mercredi a expliqué que la plupart de ses contemporains ont connu une expérience commune, celle des écoles résidentielles. La Loi sur les Indiens a confié à l’Église la responsabilité de l’éducation des enfants autochtones pour assurer leur assimilation dans la société des Blancs. Séparés de leurs parents, de leurs grands-parents et de leur communauté, les enfants n’ont pas appris les valeurs de leur société. Ils ont plutôt appris à lire et à écrire, les mathématiques, la science et la supériorité des Blancs. Ces enfants sont devenus soit très soumis, soit très rebelles. Plusieurs se sont enfui.

Mercredi a déménagé à The Pas dans les années 60 et a fréquenté l’école secondaire intégrée de la ville. Plus tard, avec l’élection d’un gouvernement néo-démocrate au Manitoba, des initiatives ont été mises en place pour aider les adultes à terminer leurs études. Mercredi a profité de cette occasion pour commencer l’université où il a obtenu son grade en droit.

En 1973, les Autochtones ont pris le contrôle de leur système d’éducation. Les écoles résidentielles ont été éliminées et les écoles ont été remises aux bandes. Depuis, dans des degrés variés, les écoles locales sont dirigées par les Autochtones. La présence d’enseignantes et d’enseignants autochtones favorise le changement.

Cependant, le curriculum dans les écoles autochtones continue d’être établi par les provinces, et le gouvernement fédéral se dispute les coûts de l’éducation avec les gouvernements provinciaux et les communautés autochtones.

Mercredi a rappelé à l’auditoire les recommandations récentes sur l’éducation de la Commission royale sur les peuples autochtones. La commission a recommandé, entre autres, que les peuples autochtones rédigent leurs propres lois concernant l’éducation, que les cours d’histoire, de culture et de langues autochtones fassent partie intégrante du système, qu’un plus grand nombre d’enseignantes et d’enseignants autochtones soient formés et embauchés et qu’il y ait davantage de participation de la communauté dans les écoles, ainsi qu’un meilleur système de soutien.