Enquête collaborative et le Dufferin-Peel District School Board
Dan Peter a dirigé son premier groupe d’enquête collaborative en 2006, alors qu’il était un consultant en mathématiques au palier élémentaire pour le Dufferin-Peel District School Board. Selon lui, le modèle d’enquête collaborative est la meilleure des méthodes qui permettent de créer des communautés d’apprentissage pour produire des changements en classe.
«Pour la majorité des participants, c’était la meilleure expérience de perfectionnement professionnel de leur vie», a-t-il dit.
Le fait de pouvoir observer ses pairs dans un contexte libre de toute forme de jugement a été très formateur. «Les pédagogues ont prêté attention aux élèves et à la façon dont la leçon a été donnée, et ils ont trouvé l’expérience très intense», se souvient M. Peter.
«Ce n’est pas parce qu’on a une communauté d’apprentissage que l’on progressera», ajoute-t-il, en comparant l’enquête collaborative aux communautés d’apprentissage professionnel (CAP) qui existent actuellement dans la plupart des écoles de la province.
«L’enquête collaborative bénéficie de la présence d’un animateur, cet autre qui a plus de connaissances et qui fait avancer le groupe, grâce à des questions pertinentes autant qu’à ses silences. L’animateur devrait idéalement posséder des connaissances qui s’étendent au-delà de la salle de classe, avoir de solides compétences en animation et savoir écouter.»
L’enquête collaborative permet de regrouper des professionnels aux intérêts communs autour d’un objectif bien circonscrit sur lequel ils se concentrent intensément. Les répercussions sur la pratique de chaque participant sont énormes. Il ne s’agit pas simplement d’améliorer l’enseignement du pédagogue qui donne la leçon; tous les participants voient leur pratique se modifier de façon importante, car ils peuvent voir les choses sous un angle différent. «Ils ont tellement pensé, réfléchi, collaboré qu’ils en sont forcément sortis changé».
Natasha Moore a participé à un groupe avec M. Peter en 2006, alors qu’elle était enseignante en 5e année à la Cardinal Newman Catholic School du Dufferin-Peel District School Board. «J’ai adoré, dit-elle. La collaboration, les différents points de vue, la division du curriculum en toutes petites parties, tout cela a été formidable.»
Composé de quatre personnes, le groupe de Mme Moore a choisi de planifier une leçon sur les fractions équivalentes. Les participants ont obtenu deux jours de congé par mois, et ils ont utilisé quatre de ces jours pour se rencontrer, apprendre à se connaître, établir leurs objectifs dans le cadre de l’enquête collaborative et planifier leur leçon de 40 minutes.
«Elle a été scénarisée», dit Mme Moore. Ensemble, les membres du groupe ont déterminé le meilleur endroit où se tenir, les exemples à donner, la façon de poser des questions. Ils ont prévu les questions et les réponses des élèves et discuté de l’endroit où les élèves devraient s’asseoir dans la classe. «Nous avons même décidé des gestes à utiliser et des mots et du ton avec lesquels s’adresser aux élèves.»
«La séance de discussion sur la leçon a été formidable, relate Mme Moore. Elle-même et trois autres enseignants de son conseil scolaire ont observé la leçon, pris des notes détaillées et participé à la séance de discussion, qui a eu lieu immédiatement après.
Qu’ont-ils conclu? Que feront-ils différemment dorénavant?
Il est important d’expliquer les termes au début d’une leçon et de ne pas tenir pour acquis que les élèves les connaissent. Afficher les mots au mur ou les écrire au tableau.
Utiliser du matériel mais s’assurer que les élèves savent l’utiliser avant la leçon; sinon, il devient une source de distraction. «Maintenant, mes élèves jouent avec du matériel dès la première leçon de mathématiques que je donne en début d’année. Après cela, ils ne veulent plus simplement jouer avec ce matériel, mais l’utiliser de façon appropriée.»
Le plus important à retenir : il faut utiliser une variété d’éléments visuels pour renforcer les messages et les concepts. Par exemple, utiliser un diagramme circulaire pour montrer ce qu’est une moitié, utiliser une bande et en colorier la moitié, et utiliser un modèle, comme un jeu de dames composé d’une moitié de dames blanches et d’une moitié de dames noires. Pourquoi? Tout simplement parce que ce ne sont pas tous les enfants qui comprendront tous les éléments visuels, mais chacun d’entre eux en comprendra au moins un.
En ce qui concerne les résultats, Mme Moore dit : «En tant qu’enseignante, je suis plus consciente de ma propre pratique maintenant. Chaque fois que je donne des leçons sur les fractions, j’utilise des représentations et des éléments visuels pour capter l’attention des divers apprenants de ma classe. Je réfléchis à ma pratique constamment maintenant. Je prévois les questions et les réponses de mes élèves. Je réfléchis à la façon dont je donne des instructions et à la façon dont je parle, à l’endroit où je me tiens dans la classe, aux gestes que j’utilise.»
L’enquête collaborative pour les étudiantes et étudiants en enseignement
Dan Peter enseigne maintenant à la faculté d’éducation de l’Université York. Afin de présenter l’enquête collaborative à ses étudiants, il a lancé un programme pilote regroupant trois étudiantes et un mentor, durant le deuxième stage. Ils intègrent l’enquête collaborative au programme.
L’an dernier, M. Peter a recruté Mme Moore comme mentor et accompagnatrice pour l’enquête collaborative. Elle faisait partie de l’équipe qui a ouvert l’école St. Josephine Bakhita, une nouvelle école du Dufferin-Peel Catholic District School Board. Trois étudiantes, Nina Bekanovic, Shannon Jordan et Athena Prosdocimo, ont travaillé dans sa classe de 4e et 5e année et participé à des enquêtes collaboratives pour l’apprentissage des mathématiques. Cette année, Mme Bekanovic occupe un poste de suppléante à long terme pour le Halton Catholic District School Board et Mme Prosdocimo termine un contrat de suppléance à long terme en maternelle et au jardin d’enfants à l’école St. Josephine Bakhita.
«Avoir le temps de collaborer, de partager des idées, de parler de la façon d’enseigner quelque chose et d’anticiper la réaction des élèves a constitué un important apprentissage pour moi, dit Mme Prosdocimo. Nous avons parlé de la pédagogie différenciée dans nos cours à l’Université York, mais le fait de planifier la façon, d’attirer l’attention de 20 apprenants différents sur notre leçon, puis être en mesure d’observer le résultat en classe, cela a été extrêmement formateur.»
Elle dit que le fait d’observer l’a sensibilisée à tout ce qui se passe dans la classe, des choses dont elle n’avait jamais pris conscience à titre d’enseignante.
Pendant la moitié d’une année scolaire, Mme Moore et ses étudiantes ont effectué trois enquêtes collaboratives. Chaque fois, elles ont invité d’autres enseignants, ainsi que le directeur à observer les leçons planifiées dans le cadre de l’enquête collaborative; chaque fois, la confiance et les compétences des étudiantes ont augmenté.
«Nous étions toujours en train de discuter de notre pratique ou d’y réfléchir : à l’heure du midi, à la récréation, au cours de la planification, après l’école. Grâce à l’enquête collaborative, j’ai beaucoup plus conscience de ma pratique professionnelle», dit Mme Prosdocimo.
Importants apprentissages du groupe d’enquête collaborative de l’école St. Josephine Bakhita
- Avoir pleinement conscience du temps passé à chaque activité.
- Proposer une activité motivante au début de chaque leçon.
- Utiliser des exemples tirés de la vie quotidienne le plus possible. Par exemple : pour une leçon sur les triangles, commencer par demander aux élèves de donner des exemples de triangles qu’ils voient dans leur vie quotidienne.
- Commencer par définir les concepts et les termes importants.
- Prêter attention aux signes d’intérêt et de désintérêt.
- Réfléchir attentivement aux exemples à donner, à la façon d’écrire au tableau, à l’endroit où se tenir dans la classe.
- Ne pas tenir pour acquis qu’un enfant qui ne lève pas la main ne prête pas attention à la leçon.
Selon Fred Albi, directeur de l’école St. Josephine Bakhita, «L’enquête collaborative aide à accélérer le développement de compétences; il permet à des enseignants débutants, comme Athena, de réfléchir à diverses stratégies d’enseignement et d’apprentissage et de déterminer ce qui fonctionne bien pour eux et pour les autres. C’est un type de perfectionnement professionnel. Il en existe d’autres qui sont aussi efficaces. Mais ce que j’aime de l’enquête collaborative, c’est qu’elle s’adresse aux pédagogues et porte sur ce qui se passe dans leur classe. Ce programme a la précision de la bonne pédagogie.»