Stigler et Hiebert au sujet de l’étude de la leçon

L’étude de la leçon se fait en quatre étapes. James Stigler et James Hiebert ont d’abord adapté le modèle japonais au contexte nord-américain, puis les conseils scolaires, les écoles et le personnel enseignant l’ont modifié à leur tour. Stigler et Hiebert ont publié leurs constatations en 1999 dans The Teaching Gap: Best Ideas from the World’s Teachers for Improving Education in the Classroom.

Première étape – Définir le problème et fixer les objectifs

Un groupe de cinq à sept pédagogues cernent d’abord l’élément qui pose problème aux élèves. Il s’agit d’habitude d’un sujet important lié à un objectif clé du curriculum : résolution de problème, apprentissage autonome, compétence mathématique de base, etc. Les enseignants déterminent ensuite quel aspect ou concept particulier du curriculum ils pourraient aborder pour atteindre cet objectif plus vaste. Ils parlent entre eux des pratiques exemplaires et font des recherches sur d’autres stratégies à utiliser pour enseigner ce concept et susciter l’engagement de tous les élèves.

Il est préférable qu’une tierce personne ou un animateur externe guide le groupe. Dans le modèle japonais, cette personne s’appelle le «tiers expert». Tout au long des étapes, l’animateur aide le groupe à avancer et à maintenir le cap sur la tâche à accomplir, ainsi qu’à développer un fort esprit de confiance et de collaboration.

Deuxième étape – Planifier

Après beaucoup de recherches, de réflexions et d’échanges, le groupe commence à planifier la première leçon visant à enseigner le concept aux élèves ciblés. La leçon est planifiée en menus détails (souvent même comme un scénario), et comprend la séquence des activités, les questions de l’enseignant, les questions anticipées de la part des élèves et les réponses afférentes, le temps prévu pour chaque élément, les stratégies d’enseignement différencié, la disposition des pupitres des élèves, l’endroit d’où l’enseignant donnera sa leçon et ses mouvements dans la classe, les exemples les plus appropriés, les activités d’anticipation et de récapitulation, et ainsi de suite.

Il arrive parfois, durant cette étape de planification, que le groupe décide qui donnera la leçon et l’aspect de la leçon que les autres observeront. La leçon est une activité commune que n’importe qui peut enseigner. Ce qui est important n’est pas de savoir qui donne la leçon, mais bien quelle incidence cette dernière aura sur les élèves et ce qui arrivera durant sa prestation.

Les membres de l’équipe planifient ce qu’ils observeront et comment ils inscriront leurs commentaires sur les points importants, tels l’engagement de tous les élèves, le temps consacré au travail, la pertinence et l’effet des exemples, des éléments visuels et des objets de manipulation, ainsi que l’utilisation du tableau noir ou blanc, ou d’un tableau-papier. La compréhension des élèves est le principal indicateur qu’observeront les membres du groupe, et ils déterminent au préalable quelle forme prendra cette observation. De même, ils doivent décider de la manière dont ils observeront et mesureront la confusion ou la compréhension des élèves sans interrompre l’enseignant ou s’immiscer dans la leçon.

Troisième étape – Application

L’application est la prestation de la leçon de démonstration ou de recherche publique observée par les collègues. Souvent, d’autres enseignantes et enseignants qui ne font pas partie de l’équipe sont invités à observer la leçon. La direction de l’école, des chefs de section ou des enseignants titulaires ou spécialistes d’autres matières qui ne connaissent pas le contenu ni le sujet sont de bons choix, car ils fournissent un regard neuf. Le groupe peut aussi enregistrer la leçon sur bande vidéo, mais il doit d’abord expliquer bien clairement aux élèves que l’enregistrement vise au perfectionnement professionnel des enseignants et ne les cible aucunement. Il est important, bien sûr, que les élèves agissent le plus naturellement possible.

Quatrième étape – Évaluation de suivi

Cette évaluation se fait de préférence le jour même de la mise en application. La personne qui a enseigné la leçon de démonstration commence, puis d’autres observateurs commentent l’efficacité de la leçon. Chacun fait porter ses propos sur l’engagement et la compréhension des élèves, et non pas sur l’enseignant qui en a fait la prestation. Le but est de savoir si les élèves ont compris le concept. Les enseignants peuvent aussi inviter les élèves à dire ce qu’ils ont pensé du déroulement de la leçon.

La discussion se concentre sur ce qu’il faudra faire de la même manière et autrement la prochaine fois, sur ce qui a bien ou mal fonctionné. Elle donne aussi l’orientation que prendront les recherches ultérieures et l’amélioration continue des pratiques. S’ils suivaient le modèle japonais, les enseignantes et enseignants commenceraient dès lors à planifier la prestation de la même leçon.

L’un des principaux résultats constatés à la fin et tout au long du processus est l’ampleur et l’importance de son incidence sur la pratique professionnelle des enseignantes et enseignants, c’est-à-dire sur ce qu’ils font dans leur propre classe après avoir fait cette étude de la leçon et l’effet qu’elle a sur l’apprentissage de leurs élèves.