Septembre 1997

Perspectives de carrière prometteuses
Possibilités de carrière prometteuses

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Possibilités de carrière en enseignement plus prometteuses à l’aube de l’an 2000

Nous amorçons la meilleure période depuis très longtemps pour les enseignantes et enseignants qui entament ou qui poursuivent une carrière en Ontario. Ironiquement, le pessimisme des dernières années qui plane sur les perspectives d’emplois risque d’effrayer les meilleurs étudiants et étudiantes de la province au moment même où tous les espoirs sont permis.

 

de Frank McIntyre et Laverne Smith

Les propos pessimistes concernant le surplus d’enseignantes et d’enseignants en Ontario sont désuets. Les récits des difficultés éprouvées par certains pour décrocher leur premier emploi en enseignement en Ontario se font de plus en plus rares; en effet, les étudiantes et étudiants reçoivent des offres d’emplois dès le mois de mars pour la rentrée.

Le nombre d’enseignantes et d’enseignants à la retraite s’accroît régulièrement depuis plusieurs années. Cette tendance devrait se maintenir : les diplômés du milieu des années 90 se trouveront des emplois et leurs nouveaux collègues profiteront de possibilités d’emplois accrues aux paliers élémentaire et secondaire et ce, partout dans la province.

Il est temps de se passer le mot que les portes sont grandes ouvertes aux enseignantes et aux enseignants.

Les changements démographiques, la politique en vigueur et l’état des finances publiques ont créé un marché de l’emploi houleux pour les nouveaux enseignants et enseignantes ontariens.


Frank McIntyre
Dans les années 50 et 60, les inscriptions scolaires ont grimpé en flèche en raison du baby-boom, de la croissance économique de l’après-guerre et de l’immigration. En effet, l’économie dynamique de l’Ontario et l’engagement social envers l’éducation ont donné lieu à une croissance inégalée des inscriptions.

Les inscriptions du jardin à la 13e année en Ontario sont passées de 1,5 million d’élèves au début des années 60 à plus de deux millions d’élèves en 1970.

Les inscriptions aux programmes de formation à l’enseignement en Ontario ont doublé pour atteindre un sommet de 14 000 à la fin des années 60 après quelques années d’embauche frénétique. C’est alors que sont apparus les cours préparatoires de courte durée et l’embauche d’enseignantes et d’enseignants formés à l’étranger. Le manque de personnel enseignant des années 60 s’est vite transformé en surplus quand les inscriptions scolaires ont chuté dans les années 70, après le baby-boom.

Contrairement à sa croissance soutenue des décennies précédentes, l’économie ontarienne a traversé, dans les années 70 et au début des années 80, plusieurs cycles de récession et de croissance à court terme. La migration vers l’Ontario a ralenti. Un seul facteur a continué de favoriser l’emploi des enseignantes et des enseignants : l’appui gouvernemental aux écoles est demeuré très élevé.
Laverne Smith

Ces années ont été marquées par de grandes améliorations dans les salles de classe, en particulier au palier élémentaire. Les ratios élèves-enseignant ont diminué, passant de 25 pour 1 en 1970, à 18 pour 1 au début des années 90. Les écoles secondaires ont connu une expérience parallèle, quoique moins marquée. La politique en vigueur appuyait ces ratios plus faibles. En outre, des fonds ont été injectés dans le système des écoles séparées, et les programmes de jardin et de maternelle ont été élargis.

Néanmoins, la baisse des inscriptions explique que cette période ait été maigre pour le nouveau personnel enseignant.

Pénurie temporaire

Une nouvelle crête s’est manifestée en 1985 quand de nombreux enfants des baby-boomers de l’après-guerre ont atteint l’âge scolaire. Des programmes de retraite anticipée spéciaux ont incité de nombreux enseignants et enseignantes à quitter l’enseignement plus tôt que prévu. Une pénurie temporaire s’est fait sentir, avant que les programmes de formation à l’enseignement se mettent au pas pour produire plus de diplômés et ramener l’équilibre entre l’offre et la demande.

Depuis 1993, les gouvernements à tous les échelons effectuent des compressions et les écoles ontariennes en ressentent les effets.

Au cours des trois dernières années, les ratios élèves-enseignant ont grimpé de nouveau. Le nombre d’élèves dans les salles de classe s’accroît tandis que les conseils scolaires annullent les cours et programmes moins populaires et ceux jugés non essentiels. En outre, le personnel enseignant travaillant à l’extérieur de la classe est en voie de disparition.

Malgré la hausse des inscriptions constatée après le baby-boom, le recrutement a chuté considérablement au milieu des années 90 au moment où les conseils scolaires s’affairaient à équilibrer leur budget.

Les mauvaises nouvelles se répandent rapidement. Les promotions des années 1993 à 1995 ont subi le contrecoup de la faible demande de personnel enseignant en Ontario. Des recruteurs de la Californie, de la Nouvelle-Zélande et d’ailleurs n’ont eu aucun mal à convaincre la crème des finissants de cette époque à joindre leurs rangs.

Chaque printemps, les mises à pied massives de membres du personnel des conseils scolaires volent la manchette. Mais les médias ne racontent jamais par la suite que la plupart d’entre eux se trouvent un poste avant la rentrée, une fois que les inscriptions se concrétisent et que les retraites et autres départs sont finalisés.

Entretemps, les mauvaises nouvelles concernant le manque d’emplois en enseignement se répandent chez les diplômés, les enseignantes et enseignants, leur famille et leurs amis. La pénurie d’emplois en enseignement est perçue comme étant irréfutable partout dans la province; à preuve, le faible taux d’inscription aux programmes de formation à l’enseignement.

Demandes en chute libre

L’éducation en Ontario profite depuis de nombreuses années d’une abondance de recrues brillantes, dynamiques et motivées. Nos universités reçoivent normalement de trois à cinq demandes pour chaque place disponible dans les programmes de formation à l’enseignement. Mais après avoir atteint un sommet de 25 000 en 1992, les demandes ont chuté à environ 7 000 en 1997. Certaines universités risquent d’avoir un nombre insuffisant d’étudiantes et étudiants qualifiés pour respecter leurs plans d’automne.

Dommage que les perceptions soient souvent bien éloignées de la réalité, car ce déclin de l’intérêt pour l’enseignement survient au moment où l’Ontario amorce le plus important roulement de personnel enseignant de son histoire.

Une génération à la retraite

Rappelez-vous le grand nombre d’enseignantes et d’enseignants embauchés dans les années 60. Cette génération achève maintenant sa carrière. Au milieu des années 80, environ 1 000 à 2 000 enseignantes et enseignants prenaient leur retraite chaque année en Ontario. En 1990, ils étaient 4 500. Ce chiffre devrait continuer d’augmenter pour atteindre presque 6 000 en l’an 2005.

Au cours des neuf prochaines années, plus de 47 000 postes en enseignement devraient se libérer en Ontario; en effet, deux enseignants sur cinq prendront leur retraite.

Une période de renouveau inégalée s’amorce dans les écoles ontariennes, ce qui rend le manque d’intérêt pour les carrières en enseignement encore plus inquiétant.

Pendant combien de temps encore les conseils scolaires pourront-ils combler les postes à partir du surplus du milieu des années 90? Parmi ces derniers, combien seront partis enseigner à l’étranger ou auront entrepris une nouvelle carrière? Les universités devraient-elles admettre toutes les candidates et tous les candidats au programme de formation à l’enseignement, même ceux possédant un minimum de qualifications? Les diplômés venus d’autres provinces ou pays suffiront-ils à combler les lacunes en Ontario?

On a déjà traité certaines de ces questions de façon empirique. Dans notre rapport de 1996 présenté aux doyennes et aux doyens des facultés d’éducation en Ontario, nous avons prévu une période de faible demande, suivie d’une période de forte demande de nouveaux enseignants en Ontario, cycle qui devrait durer jusqu’en l’an 2004. Ce rapport tenait compte d’un certain nombre de facteurs qui pouvaient avoir un effet sur la demande d’enseignantes et d’enseignants.

Nous avons examiné l’augmentation des inscriptions, les retraites et autres départs chez les enseignantes et enseignants à plein temps, la disparition de la 13e année, l’abandon de l’appui à la scolarisation des enfants de trois à cinq ans, le retour en classe des enseignantes et enseignants travaillant à l’extérieur de la classe, ainsi que la réduction du financement qui pourrait accroître le nombre d’élèves dans les classes.

Une demande surprenante

Nous avons considéré plusieurs possibilités en fonction de ces facteurs, et avons conclu qu’avec les cycles de faible et de forte demande, l’Ontario aura besoin de 12 000 à 13 000 enseignantes et enseignants à plein temps par année d’ici l’an 2004 pour remplacer le personnel disparu.

Si ce chiffre semble surprenant, c’est qu’il comprend de nombreux enseignants et enseignantes qui quittent chaque année l’enseignement à plein temps pour des raisons autres que la retraite : le désir d’enseigner à temps partiel ou de faire de la suppléance, le choix d’une nouvelle carrière, les responsabilités familiales ou le besoin de se renouveler sont autant de facteurs qui motivent certains à quitter l’enseignement. Quelques-uns d’entre eux réintègreront l’enseignement à temps plein à un autre moment donné, mais ils seront moins nombreux que ceux qui le quittent.

Compte tenu de ce qui précède, il faudra chaque année de 7 500 à 8 500 nouveaux enseignants et enseignantes en Ontario.

Nos conclusions se voient confirmées dans une étude réalisée par Statistique Canada en 1997 qui tient compte uniquement des retraites, et non des autres facteurs de départ déjà mentionnés. Même avec cette estimation de loin insuffisante, Statistique Canada prévoit un nivellement de l’offre et de la demande de personnel enseignant en Ontario jusqu’en l’an 2005, en supposant que les inscriptions aux programmes de formation à l’enseignement demeurent aux niveaux actuels. L’étude fédérale indique que l’explosion des retraites anticipées que nous constatons en Ontario est moins prononcée dans les autres provinces où elle accuse d’ailleurs un certain retard.

Mieux renseignés

De façon générale, nous savons maintenant que la demande de personnel aux paliers élémentaire et secondaire augmentera sensiblement dans la plupart des régions de la province et dans la plupart des domaines d’enseignement.

Il nous sera possible de préciser ces prévisions à l’avenir grâce au numéro d’identité assigné à chaque membre du personnel enseignant que doit adopter l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, les conseils scolaires, ainsi que le Conseil d’administration du régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario. Ce numéro nous permettra de mieux prévoir les pénuries aux plans régional, linguistique et des programmes.

Les futurs enseignants et enseignantes seront beaucoup mieux informés sur le marché de l’emploi. En outre, le personnel enseignant disposera de plus d’information sur les ouvertures dans les postes de responsabilité, ce qui leur permettra de mieux planifier leur carrière.

Le surplus d’enseignantes et d’enseignants du milieu des années 90 en Ontario sera facilement éliminé au cours des prochaines années. Les possibilités de carrière sont très prometteuses pour les nouveaux enseignants et enseignantes en Ontario à l’aube de l’an 2000. Même ceux et celles qui termineront leurs études d’ici l’an 2000 peuvent s’attendre à de bonnes possibilités de carrière dans leur province.

La concurrence restera forte encore quelques années jusqu’à ce que les diplomés des dernières années se trouvent des postes permanents. Leurs nouveaux collègues devront peut-être se contenter de postes de suppléance, de contrats de durée limitée et d’écoles qui ne constituent pas nécessairement leur premier choix pendant quelque temps encore.

Faire preuve de souplesse

Mais ceux et celles qui se montreront souples dans leur recherche d’un premier emploi et qui pourront envisager leur carrière à long terme seront sans doute récompensés dans un avenir assez proche par un emploi permanent en enseignement dans une école qui leur convient.

En Ontario, les deux enseignants sur cinq qui prendront leur retraite au cours des neuf prochaines années quitteront aussi des postes de responsabilité. Les deux prochaines décennies s’annoncent favorables pour les enseignantes et enseignants qui aspirent à des postes de chef de section, de directeur adjoint et de directeur d’école.

Les écoles ont besoin de jeunes professionnels qui sont les meilleurs, les plus brillants et les plus dévoués de leur génération. L’avenir de l’enseignement repose sur une relève talentueuse, surtout en cette période de ressources affaiblies, d’inscriptions à la hausse, de changements au curriculum et de chambardements organisationnels.

Le manque d’intérêt en enseignement est le résultat d’informations désuètes concernant les possibilités d’emploi. L’enseignement en Ontario constitue une carrière viable pour de nombreux membres de la nouvelle génération. Il est grand temps de se passer le mot!

Frank McIntyre est conseiller en ressources humaines à l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario et ancien vice-doyen de la faculté d’éducation de l’Université York. Laverne Smith est doyenne de l’éducation à l’Université Nipissing et membre de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario. Ancienne doyenne de l’Université du Nouveau-Brunswick, Mme Smith a effectué beaucoup de recherches dans les domaines de la formation à l’enseignement au Canada et de l’administration éducationnelle.

Consultez le texte intégral (en anglais seulement) de leur rapport à l’Ontario Association of Deans of Education intitulé, Teacher Supply and Demand: The Coming Decade in Ontario.