Possibilités de
carrière en enseignement plus prometteuses à
laube de lan 2000
Nous
amorçons la meilleure période depuis très
longtemps pour les enseignantes et enseignants qui
entament ou qui poursuivent une carrière en Ontario.
Ironiquement, le pessimisme des dernières années
qui plane sur les perspectives demplois risque
deffrayer les meilleurs étudiants et
étudiantes de la province au moment même où tous
les espoirs sont permis.
de Frank McIntyre et Laverne
Smith
Les propos pessimistes concernant
le surplus denseignantes et denseignants
en Ontario sont désuets. Les récits des
difficultés éprouvées par certains pour décrocher
leur premier emploi en enseignement en Ontario se
font de plus en plus rares; en effet, les étudiantes
et étudiants reçoivent des offres demplois
dès le mois de mars pour la rentrée.
Le nombre
denseignantes et denseignants à la
retraite saccroît régulièrement depuis
plusieurs années. Cette tendance devrait se
maintenir : les diplômés du milieu des années 90 se
trouveront des emplois et leurs nouveaux collègues
profiteront de possibilités demplois accrues
aux paliers élémentaire et secondaire et ce,
partout dans la province.
Il est temps de
se passer le mot que les portes sont grandes ouvertes
aux enseignantes et aux enseignants.
Les changements
démographiques, la politique en vigueur et
létat des finances publiques ont créé un
marché de lemploi houleux pour les nouveaux
enseignants et enseignantes ontariens.

Frank McIntyre |
Dans les années 50 et
60, les inscriptions scolaires ont grimpé en
flèche en raison du baby-boom, de la
croissance économique de
laprès-guerre et de
limmigration. En effet,
léconomie dynamique de lOntario
et lengagement social envers
léducation ont donné lieu à une
croissance inégalée des inscriptions. |
Les
inscriptions du jardin à la 13e année en
Ontario sont passées de 1,5 million délèves
au début des années 60 à plus de deux millions
délèves en 1970.
Les
inscriptions aux programmes de formation à
lenseignement en Ontario ont doublé pour
atteindre un sommet de 14 000 à la fin des années
60 après quelques années dembauche
frénétique. Cest alors que sont apparus les
cours préparatoires de courte durée et
lembauche denseignantes et
denseignants formés à létranger. Le
manque de personnel enseignant des années 60
sest vite transformé en surplus quand les
inscriptions scolaires ont chuté dans les années
70, après le baby-boom.
Contrairement
à sa croissance soutenue des décennies
précédentes, léconomie ontarienne a
traversé, dans les années 70 et au début
des années 80, plusieurs cycles de
récession et de croissance à court terme.
La migration vers lOntario a ralenti.
Un seul facteur a continué de favoriser
lemploi des enseignantes et des
enseignants : lappui gouvernemental aux
écoles est demeuré très élevé. |

Laverne Smith |
Ces
années ont été marquées par de grandes
améliorations dans les salles de classe, en
particulier au palier élémentaire. Les ratios
élèves-enseignant ont diminué, passant de 25 pour
1 en 1970, à 18 pour 1 au début des années
90. Les écoles secondaires ont connu une expérience
parallèle, quoique moins marquée. La politique en
vigueur appuyait ces ratios plus faibles. En outre,
des fonds ont été injectés dans le système des
écoles séparées, et les programmes de jardin et de
maternelle ont été élargis.
Néanmoins, la
baisse des inscriptions explique que cette période
ait été maigre pour le nouveau personnel
enseignant.
Pénurie
temporaire
Une nouvelle
crête sest manifestée en 1985 quand de
nombreux enfants des baby-boomers de
laprès-guerre ont atteint lâge
scolaire. Des programmes de retraite anticipée
spéciaux ont incité de nombreux enseignants et
enseignantes à quitter lenseignement plus tôt
que prévu. Une pénurie temporaire sest fait
sentir, avant que les programmes de formation à
lenseignement se mettent au pas pour produire
plus de diplômés et ramener léquilibre entre
loffre et la demande.
Depuis 1993,
les gouvernements à tous les échelons effectuent
des compressions et les écoles ontariennes en
ressentent les effets.
Au cours des
trois dernières années, les ratios
élèves-enseignant ont grimpé de nouveau. Le nombre
délèves dans les salles de classe
saccroît tandis que les conseils scolaires
annullent les cours et programmes moins populaires et
ceux jugés non essentiels. En outre, le personnel
enseignant travaillant à lextérieur de la
classe est en voie de disparition.
Malgré la
hausse des inscriptions constatée après le
baby-boom, le recrutement a chuté considérablement
au milieu des années 90 au moment où les conseils
scolaires saffairaient à équilibrer leur
budget.
Les mauvaises
nouvelles se répandent rapidement. Les promotions
des années 1993 à 1995 ont subi le contrecoup de la
faible demande de personnel enseignant en Ontario.
Des recruteurs de la Californie, de la
Nouvelle-Zélande et dailleurs nont eu
aucun mal à convaincre la crème des finissants de
cette époque à joindre leurs rangs.
Chaque
printemps, les mises à pied massives de membres du
personnel des conseils scolaires volent la manchette.
Mais les médias ne racontent jamais par la suite que
la plupart dentre eux se trouvent un poste
avant la rentrée, une fois que les inscriptions se
concrétisent et que les retraites et autres départs
sont finalisés.
Entretemps, les
mauvaises nouvelles concernant le manque
demplois en enseignement se répandent chez les
diplômés, les enseignantes et enseignants, leur
famille et leurs amis. La pénurie demplois en
enseignement est perçue comme étant irréfutable
partout dans la province; à preuve, le faible taux
dinscription aux programmes de formation à
lenseignement.
Demandes
en chute libre
Léducation
en Ontario profite depuis de nombreuses années
dune abondance de recrues brillantes,
dynamiques et motivées. Nos universités reçoivent
normalement de trois à cinq demandes pour chaque
place disponible dans les programmes de formation à
lenseignement. Mais après avoir atteint un
sommet de 25 000 en 1992, les demandes ont chuté à
environ 7 000 en 1997. Certaines universités
risquent davoir un nombre insuffisant
détudiantes et étudiants qualifiés pour
respecter leurs plans dautomne.
Dommage que les
perceptions soient souvent bien éloignées de la
réalité, car ce déclin de lintérêt pour
lenseignement survient au moment où
lOntario amorce le plus important roulement de
personnel enseignant de son histoire.
Une
génération à la retraite
Rappelez-vous
le grand nombre denseignantes et
denseignants embauchés dans les années 60.
Cette génération achève maintenant sa carrière.
Au milieu des années 80, environ 1 000 à 2 000
enseignantes et enseignants prenaient leur retraite
chaque année en Ontario. En 1990, ils étaient 4
500. Ce chiffre devrait continuer daugmenter
pour atteindre presque 6 000 en lan 2005.
Au cours des
neuf prochaines années, plus de 47 000 postes en
enseignement devraient se libérer en Ontario; en
effet, deux enseignants sur cinq prendront leur
retraite.
Une période de
renouveau inégalée samorce dans les écoles
ontariennes, ce qui rend le manque dintérêt
pour les carrières en enseignement encore plus
inquiétant.
Pendant combien
de temps encore les conseils scolaires pourront-ils
combler les postes à partir du surplus du milieu des
années 90? Parmi ces derniers, combien seront partis
enseigner à létranger ou auront entrepris une
nouvelle carrière? Les universités devraient-elles
admettre toutes les candidates et tous les candidats
au programme de formation à lenseignement,
même ceux possédant un minimum de qualifications?
Les diplômés venus dautres provinces ou pays
suffiront-ils à combler les lacunes en Ontario?
On a déjà
traité certaines de ces questions de façon
empirique. Dans notre rapport de 1996 présenté aux
doyennes et aux doyens des facultés
déducation en Ontario, nous avons prévu une
période de faible demande, suivie dune
période de forte demande de nouveaux enseignants en
Ontario, cycle qui devrait durer jusquen
lan 2004. Ce rapport tenait compte dun
certain nombre de facteurs qui pouvaient avoir un
effet sur la demande denseignantes et
denseignants.
Nous avons
examiné laugmentation des inscriptions, les
retraites et autres départs chez les enseignantes et
enseignants à plein temps, la disparition de la 13e
année, labandon de lappui à la
scolarisation des enfants de trois à cinq ans, le
retour en classe des enseignantes et enseignants
travaillant à lextérieur de la classe, ainsi
que la réduction du financement qui pourrait
accroître le nombre délèves dans les
classes.
Une
demande surprenante
Nous avons
considéré plusieurs possibilités en fonction de
ces facteurs, et avons conclu quavec les cycles
de faible et de forte demande, lOntario aura
besoin de 12 000 à 13 000 enseignantes et
enseignants à plein temps par année dici
lan 2004 pour remplacer le personnel disparu.
Si ce chiffre
semble surprenant, cest quil comprend de
nombreux enseignants et enseignantes qui quittent
chaque année lenseignement à plein temps pour
des raisons autres que la retraite : le désir
denseigner à temps partiel ou de faire de la
suppléance, le choix dune nouvelle carrière,
les responsabilités familiales ou le besoin de se
renouveler sont autant de facteurs qui motivent
certains à quitter lenseignement. Quelques-uns
dentre eux réintègreront lenseignement
à temps plein à un autre moment donné, mais ils
seront moins nombreux que ceux qui le quittent.
Compte tenu de
ce qui précède, il faudra chaque année de 7 500 à
8 500 nouveaux enseignants et enseignantes en
Ontario.
Nos conclusions
se voient confirmées dans une étude réalisée par
Statistique Canada en 1997 qui tient compte
uniquement des retraites, et non des autres facteurs
de départ déjà mentionnés. Même avec cette
estimation de loin insuffisante, Statistique Canada
prévoit un nivellement de loffre et de la
demande de personnel enseignant en Ontario
jusquen lan 2005, en supposant que les
inscriptions aux programmes de formation à
lenseignement demeurent aux niveaux actuels.
Létude fédérale indique que lexplosion
des retraites anticipées que nous constatons en
Ontario est moins prononcée dans les autres
provinces où elle accuse dailleurs un certain
retard.
Mieux
renseignés
De façon
générale, nous savons maintenant que la demande de
personnel aux paliers élémentaire et secondaire
augmentera sensiblement dans la plupart des régions
de la province et dans la plupart des domaines
denseignement.
Il nous sera
possible de préciser ces prévisions à
lavenir grâce au numéro didentité
assigné à chaque membre du personnel enseignant que
doit adopter lOrdre des enseignantes et des
enseignants de lOntario, les conseils
scolaires, ainsi que le Conseil dadministration
du régime de retraite des enseignantes et des
enseignants de lOntario. Ce numéro nous
permettra de mieux prévoir les pénuries aux plans
régional, linguistique et des programmes.
Les futurs
enseignants et enseignantes seront beaucoup mieux
informés sur le marché de lemploi. En outre,
le personnel enseignant disposera de plus
dinformation sur les ouvertures dans les postes
de responsabilité, ce qui leur permettra de mieux
planifier leur carrière.
Le surplus
denseignantes et denseignants du milieu
des années 90 en Ontario sera facilement éliminé
au cours des prochaines années. Les possibilités de
carrière sont très prometteuses pour les nouveaux
enseignants et enseignantes en Ontario à laube
de lan 2000. Même ceux et celles qui
termineront leurs études dici lan 2000
peuvent sattendre à de bonnes possibilités de
carrière dans leur province.
La concurrence
restera forte encore quelques années jusquà
ce que les diplomés des dernières années se
trouvent des postes permanents. Leurs nouveaux
collègues devront peut-être se contenter de postes
de suppléance, de contrats de durée limitée et
décoles qui ne constituent pas nécessairement
leur premier choix pendant quelque temps encore.
Faire
preuve de souplesse
Mais ceux et
celles qui se montreront souples dans leur recherche
dun premier emploi et qui pourront envisager
leur carrière à long terme seront sans doute
récompensés dans un avenir assez proche par un
emploi permanent en enseignement dans une école qui
leur convient.
En Ontario, les
deux enseignants sur cinq qui prendront leur retraite
au cours des neuf prochaines années quitteront aussi
des postes de responsabilité. Les deux prochaines
décennies sannoncent favorables pour les
enseignantes et enseignants qui aspirent à des
postes de chef de section, de directeur adjoint et de
directeur décole.
Les écoles ont
besoin de jeunes professionnels qui sont les
meilleurs, les plus brillants et les plus dévoués
de leur génération. Lavenir de
lenseignement repose sur une relève
talentueuse, surtout en cette période de ressources
affaiblies, dinscriptions à la hausse, de
changements au curriculum et de chambardements
organisationnels.
Le manque
dintérêt en enseignement est le résultat
dinformations désuètes concernant les
possibilités demploi. Lenseignement en
Ontario constitue une carrière viable pour de
nombreux membres de la nouvelle génération. Il est
grand temps de se passer le mot!
Frank
McIntyre est conseiller en ressources humaines à
lOrdre des enseignantes et des enseignants de
lOntario et ancien vice-doyen de la faculté
déducation de lUniversité York. Laverne
Smith est doyenne de léducation à
lUniversité Nipissing et membre de
lOrdre des enseignantes et des enseignants de
lOntario. Ancienne doyenne de
lUniversité du Nouveau-Brunswick, Mme
Smith a effectué beaucoup de recherches dans les
domaines de la formation à lenseignement au
Canada et de ladministration éducationnelle.
Consultez
le texte
intégral (en anglais seulement)
de leur rapport à lOntario Association of
Deans of Education intitulé, Teacher
Supply and Demand: The Coming Decade in Ontario.