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          Lenseignant danglais de 10e année de Maggie,
          absent depuis quelques jours, est remplacé par un suppléant. Réagissant au changement,
          la classe est plus bruyante et plus chaotique que dhabitude. Le suppléant propose
          des activités spéciales et ne suit pas les routines habituelles. Au deuxième jour,
          Maggie commence à se balancer davant en arrière et à fredonner tout haut.
          Lorsquon lui demande darrêter, elle se frappe la tête sur le bureau. | 
        
      
      Lorsque Joseph retrouve sa classe de 3e année après avoir été malade pendant
      quelques jours, il découvre que des mobiles, des affiches et des activités sur le thème
      dHalloween ont remplacé le thème de lAction de grâce. La réaction de
      Joseph est de détruire un mobile et dégratigner le bras de son enseignant.
      
       Lintégration
      des élèves ayant des besoins particuliers est à lordre du jour dans les écoles
      ontariennes. De nombreux conseils scolaires essaient dabattre les barrières qui
      séparent les élèves en difficulté de leurs camarades. À chaque année qui
      sécoule, le nombre décoles et de classes spéciales diminue. Certains
      conseils ont adopté une politique dintégration exhaustive. Le Conseil scolaire de
      district catholique dHamilton Wentworth célèbre 30 ans dintégration.
      La plupart des élèves ayant des besoins particuliers parviennent à travailler et à
      jouer dans des environnements intégrés sans incident. Un petit nombre délèves
      trouve malheureusement lécole si déroutante et si stressante que leur anxiété se
      traduit parfois par de lagressivité, ce qui les met eux-mêmes, leurs éducatrices
      et éducateurs et leurs camarades dans des situations peu sécuritaires. 
      Les étiquettes et termes utilisés pour désigner les élèves ayant des besoins
      particuliers sont multiples : déficit de la capacité dattention, maladie de
      Tourette, trouble obsessivo-compulsif, troubles autistiques, etc. Il peut arriver que
      lon soit submergé par la masse dinformation rattachée à ces termes.
      Il existe heureusement des stratégies qui, à un degré plus ou moins grand selon
      lindividu, sappliquent à tous les enfants qui ont des besoins particuliers.
      On peut réduire les comportements de crise en offrant des milieux plus prévisibles
      noffrant pas trop de stimulations.
      
LHYPERSENSIBILITÉ
      
Certains élèves ayant des besoins particuliers sont distraits et perturbés par
      les allées et venues dans la classe, même si celles-ci ne posent aucun problème à la
      plupart des élèves. 
      Brenna, une élève de 17 ans souffrant dhyperactivité avec déficit de
      lattention, compare la classe à une pièce où 20 téléviseurs seraient allumés
      et passeraient des émissions différentes, le tout à un niveau sonore élevé, et où
      elle aurait à résoudre des problèmes présentés sur lun des canaux.
      Pour comprendre ce quun élève atteint de la maladie de Tourette ressent pendant
      une journée scolaire, il suffit dimaginer que plusieurs de ces téléviseurs
      produisent un bruit dongles crissant sur un tableau noir à longueur de journée.
      On peut faire taire ces téléviseurs imaginaires en reconnaissant que
      lhypersensibilité est un problème et en ayant recours à diverses stratégies pour
      minimiser la stimulation :
      
      
          Toutes ces manifestations peuvent provoquer de lagitation chez certains élèves,
            surtout ceux qui sont atteints de la maladie de Tourette ou de troubles autistiques.
          Les changements de saison constituent une autre source éventuelle dagitation. Le
            fait de passer des shorts dété aux pantalons et aux chandails dhiver,
            denlever ou dajouter des vêtements sur les bras et les jambes peut provoquer
            de lirritation. Pour imaginer ce que les élèves en difficulté ressentent, on peut
            considérer que cest comme si lon était sourd et aveugle à leur monde.
          Une fois que lon comprend quils réagissent aux stimuli de différentes
            façons, on peut chercher les raisons des comportements de crise et adapter
            lenvironnement de façon à les prévenir.
          
      LIMPORTANCE DE LA PRÉVISIBILITÉ
            
En introduisant des routines et des espaces prévisibles, on peut également
            réduire lanxiété de façon significative chez de nombreux élèves qui ont des
            besoins particuliers. Un environnement structuré où chaque élève sait ce que lon
            attend delle ou de lui est indispensable pour bon nombre dentre eux.
          Tina Kresina, qui travaille auprès des enfants et des jeunes à lécole
      élémentaire St. Columba à Hamilton, déclare : «Lorsque nous avons des élèves
            atteints du trouble obsessivo-compulsif ou de problèmes de comportement, nous commençons
            par introduire une routine que nous pouvons suivre chaque jour.»
          «Lorsquun élève a eu une crise, un changement de routine dans sa vie familiale
            ou scolaire en est souvent lorigine.» Elle ajoute que «pour être bien acceptées,
            les routines doivent tenir compte des aptitudes et des intérêts des élèves et non pas
      être simplement imposées.»
          Le changement fait partie de la vie et il est parfois impossible à éviter. On peut
            aider les élèves en difficulté à faire face au changement en les prévenant à
            lavance. Pour certains élèves, il est bon davoir des rappels à intervalles
            réguliers avant de changer dactivité.
          Pour dautres élèves, un rappel visuel est préférable. Steve Darby, consultant
            en troubles autistiques, se rappelle «avoir aidé un élève de 15 ans atteint de trouble
            déficitaire de lattention à accepter de passer dune activité à une autre
            en lui offrant un chronomètre qui indiquait la fin dune activité et un emploi du
            temps illustré par des images annonçant la prochaine activité.»
          Surtout dans le cas délèves atteints du trouble obsessivo-compulsif, il faut
      éviter de mettre fin à une activité de façon brutale et de commencer une activité qui
            ne pourra pas être terminée.
          Lespace prévisible est un espace qui ne semble pas changer avec le temps.
            Beaucoup denfants ayant des besoins particuliers, surtout ceux qui sont atteints de
            troubles autistiques, ont besoin dun espace prévisible à un degré plus ou moins
            grand. Ce besoin peut être satisfait en laissant lélève utiliser chaque jour le
            même bureau et en lui attribuant une place qui offre un champ de vision plus constant
       où il sera moins gêné par les allées et venues des autres.
          Les écoles qui font appel à des systèmes de rotation constituent une source
            supplémentaire dimprévisibilité. Marilyn OBrien, enseignante au Conseil
            décoles séparées de Halton, a découvert une stratégie qui permet de rendre la
            situation moins chaotique pour les élèves atteints de troubles autistiques. Elle leur
            permet demmener dans chaque classe un élément de lespace prévisible.
          «Nous encourageons les élèves à avoir un napperon plastifié personnalisé qui les
            suit de classe en classe, explique OBrien. En mettant ce napperon sur leur bureau,
            ils créent un bureau qui reste le même dune pièce à lautre.»
          Les corridors de lécole peuvent être des endroits particulièrement stressants
            pour les élèves atteints de troubles autistiques, les allées et venues constantes des
      élèves étant peu prévisibles. Une façon de surmonter ce problème est déviter
            carrément les corridors pleins délèves ou de choisir les moments où ils sont
            vides. Ceci nest toutefois pas toujours possible ni pratique.
          Un «bouclier humain» peut savérer utile dans des situations chaotiques de ce
            genre. Une enseignante ou un enseignant marche aux côtés de lélève de façon à
            le protéger autant que possible des mouvements des autres élèves. Ladulte devient
            ainsi lespace prévisible de lélève.
          Le degré auquel il faut répondre au besoin de prévisibilité et de sensibilité ne
            dépend pas de létiquette qui suit lélève, mais de la personnalité de
            chaque enfant et de lensemble de ses besoins, ainsi que de lenvironnement
            spécifique à la classe. Pour bon nombre délèves, il sagit simplement
            dadapter légèrement le programme alors que pour une petite minorité, il faut
            faire des changements plus importants.
          Offrir un espace prévisible et tenir compte de lhypersensibilité aux stimuli
            sont des stratégies attrayantes, car elles sont positives, proactives et préventives.
            Doug Trimble, directeur de lécole intermédiaire Highview à Hamilton, souligne que
            ces stratégies permettent déviter les crises plutôt que dy réagir. «Il
            est beaucoup plus facile de créer un environnement le moins propice possible à
            lanxiété ou à lagressivité que de devoir assumer les conséquences
            dun comportement agité», affirme-t-il. 
          Ed Mahony est enseignant-ressource en langue à lécole élémentaire St.
            Columba et Steve Darby travaille avec des enfants autistes à lécole intermédiaire
            Highview de Hamilton. Ils donnent un cours de prévention des crises et
            dintervention intitulé «Rethinking Restraint», portant essentiellement sur les
            troubles autistiques, à lintention des groupes de parents et des enseignantes et
            enseignants intéressés de la province. On peut les joindre à 
      edmahony@hwcn.org.