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Septembre 1999

Incertitude persistante sur de nombreuses questions complexes relatives à
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«... l’attitude que doit adopter une enseignante ou un enseignant efficace face à une situation donnée en classe se résume en deux mots : ça dépend.»

– Richard Murnane, Harvard Graduate School of Education

Depuis que le premier ministre Mike Harris a décidé d’imposer au personnel enseignant de l’Ontario des évaluations régulières, des chercheurs en éducation se penchent sur des programmes d’autres provinces, des États-Unis, d’Australie et de Grande-Bretagne visant la transparence de la formation du personnel enseignant.

Les éducateurs et parents ontariens qui cherchent à se renseigner sur l’évaluation systématique des enseignantes et enseignants et des personnes qui aspirent à le devenir se tournent généralement vers nos voisins du Sud, qui ont beaucoup d’expérience en la matière. Cependant, une étude récente sur le principal fournisseur de tests des États-Unis ne permet pas d’obtenir d’indications claires sur les avantages de l’évaluation, ni même de déterminer s’il s’agit du meilleur moyen de rendre la profession transparente.

Tous les états n’ont pas mis en œuvre des mécanismes d’évaluation. Ainsi, l’Indiana a plutôt adopté un programme axé sur l’encadrement et la formation systématique. L’Utah oblige son personnel enseignant à choisir un «collègue de perfectionnement professionnel» comme mentor, à élaborer un plan de perfectionnement et, pendant les cinq ans de validité du brevet d’enseignement, à choisir parmi un large éventail d’activités de formation.

Au Canada, l’Alberta a choisi récemment de rendre la profession transparente par le perfectionnement obligatoire. Son personnel enseignant doit désormais dresser et respecter un plan annuel de croissance professionnelle.

Richard Murnane, professeur à Harvard, remet en cause les tests couramment utilisés aux États-Unis. Selon lui, les futurs enseignants devraient être tenus de passer un test de notions de base tôt dans leurs études, voire dès le palier secondaire, afin de pouvoir communiquer efficacement avec leurs futurs élèves et leurs parents.

Dans un article paru en 1991, il a affirmé qu’il est essentiel de bien connaître les matières pour être bon enseignant, et qu’en principe, il serait également souhaitable d’évaluer la connaissance des matières des candidats au brevet d’enseignement.

«Cependant, dit-il, je doute que les tests à choix multiples administrés actuellement dans plus de 20 états permettent de bien évaluer la connaissance des matières. La difficulté d’élaborer des tests à choix multiples valables pour évaluer les connaissances démontrent qu’il faut faire preuve d’une très grande prudence dans l’évaluation de la connaissance des matières des personnes voulant obtenir un brevet d’enseignement.»

Le regretté Albert Shanker, très respecté ancien président de l’American Federation of Teachers, préconisait des normes plus strictes pour les enseignants américains. Il voyait d’un bon œil les tests d’admission aux programmes de formation à l’enseignement imposés dans un nombre croissant d’états.

AU-DELÀ DES NOTIONS DE BASE
Cependant, il a émis des réserves dans un article paru en novembre 1996 dans Phi Delta Kappan. «L’ennui, c’est que ces tests ne nécessitent pas une connaissance approfondie des matières. Un examen d’admission d’usage courant, le Praxis I (ou les tests semblables élaborés par des organismes comme le National Evaluation System), est un simple test sur les notions de base qui ne poserait aucune difficulté à un élève de
10e année. Ces tests permettent de s’assurer qu’il n’y aura pas d’enseignants analphabètes, mais ils ne garantissent pas un enseignement de qualité.»

«En fait, poursuit-il, la souplesse exagérée des critères d’admission pourrait dissuader bon nombre d’étudiants intellectuellement sérieux et bien préparés de s’inscrire à un programme de formation à l’enseignement.»

Shanker préconisait de rendre obligatoires des tests rigoureux dans les principales matières – anglais, mathématiques, sciences et études sociales – pour accéder aux programmes de formation à l’enseignement, comme les écoles de médecine imposent des tests exigeants pour présélectionner leurs candidats.

L’Educational Testing Service (ETS) de Princeton, au New Jersey, a élaboré les tests Praxis I que Shanker a critiqués, de même que les tests d’habileté scolaire SAT, couramment utilisés pour présélectionner les étudiants voulant s’inscrire à l’université. L’ETS a également élaboré la série de tests Praxis II sur la connaissance des matières.

Dans une étude menée en 1999 pour l’ETS, intitulée The Academic Quality of Prospective Teachers: The Impact of Admissions and Licensure Testing, Drew Gitomer, Andrew Latham et Robert Ziomek abordent de nombreuses questions complexes et controversées concernant l’évaluation.

Leur comparaison des notes obtenues par plus de 300 000 futurs enseignants aux tests Praxis, des notes aux SAT et des moyennes pondérées cumulatives révèle que contrairement aux conclusions de recherches précédentes, selon lesquelles les enseignants américains ont des aptitudes inférieures à celles d’autres personnes de formation universitaire exerçant une profession libérale, «les enseignants ont des aptitudes égales ou supérieures à celles de l’ensemble des étudiants d’université».

Cependant, les auteurs mettent en garde les états qui veulent améliorer la qualité de l’enseignement en relevant les notes de passage au Praxis et à d’autres tests. Ils soulignent que cette mesure contribuerait à exclure du bassin d’enseignants éventuels les membres des minorités, surtout les Afro-Américains. Les Américains d’origine asiatique, dont les notes sont supérieures à la moyenne, sont également exclus dans une plus forte proportion que les autres par la batterie de tests à choix multiples Praxis.

ÉVALUATION TROMPEUSE DES FEMMES
Les auteurs soulignent également un autre aspect troublant de l’évaluation. «Compte tenu des notes aux SAT, les évaluations du personnel enseignant expliquent la proportion de femmes dans l’échantillon, car les femmes obtiennent généralement des notes inférieures aux hommes à ces tests, malgré le fait que selon d’autres mesures, leurs aptitudes sont au moins équivalentes.»

En outre, en exigeant des notes plus élevées, on réduit le bassin d’aspirants enseignants alors même qu’il y a une forte pénurie de personnel enseignant.

«On peut supposer que c’est en partie par crainte de manquer de personnel enseignant que les états ne relèvent pas les notes de passage. Cependant, quelques états sont parvenus à maintenir des normes élevées. Ainsi, le système de portfolio du Connecticut Beginning Educator Support and Training (BEST) représente un exemple d’évaluation rigoureuse du rendement qui a permis de rehausser les aptitudes du personnel enseignant au Connecticut.»

«Par contre, ces normes coûtent cher. Si le Connecticut parvient à maintenir un bon bassin d’enseignants, c’est en grande partie parce qu’il offre le salaire moyen de loin le plus élevé au pays, soit 51 495 $ US en 1994-1995.»

«Les décideurs, affirment les auteurs de l’étude, doivent envisager avec prudence l’évaluation du personnel enseignant. Selon nos données, il ne suffit pas de relever la note de passage pour améliorer la compétence du personnel enseignant. Des tests plus rigoureux devraient permettre de s’assurer qu’ils ont les compétences nécessaires, mais si on ne s’en sert pas judicieusement, les problèmes touchant la disponibilité et la diversité de personnel, déjà criants, pourraient s’aggraver.»

L’évaluation du personnel enseignant améliore-t-elle la qualité de l’enseignement?

«Compte tenu des données de l’étude, poursuivent les chercheurs, il faut retenir que les tests Praxis ne sont pas conçus pour prévoir l’efficacité des enseignants. Ces tests d’admission et d’obtention du brevet mesurent les connaissances dites essentielles pour un enseignement efficace, mais n’évaluent pas l’ensemble des compétences que doit détenir un enseignant chevronné. Par conséquent, la réussite à un test Praxis ne garantit pas la qualité de l’enseignement. Par contre, elle permet d’affirmer qu’une personne a acquis un niveau de connaissances suffisant pour un débutant.»

LACUNES DES TESTS
Le professeur Murnane souligne cet aspect. «Il s’agit avant tout de savoir si le recours aux tests à choix multiples dans la délivrance des brevets d’enseignement permet de faire en sorte qu’un plus grand nombre d’enseignants compétents, aux antécédents variés, enseignent aux enfants du pays. J’en doute, pour plusieurs raisons.»

«D’abord, les questions visant à évaluer les "connaissances générales" reflètent inévitablement, dans une certaine mesure, la culture blanche majoritaire. Puis, les tests à choix multiples sur les "connaissances professionnelles", exigés dans 24 états pour obtenir un brevet d’enseigne-ment, ne permettent pas de déterminer avec certitude si les candidats possèdent les connaissances nécessaires pour bien enseigner, car les questions procurent rarement un contexte suffisamment complexe pour décrire de façon réfléchie comment réagir dans une situation difficile. Il s’agit là de graves lacunes.»

«Selon des recherches menées récemment, l’attitude que doit adopter un enseignant efficace dans une situation donnée en classe se résume en deux mots : ça dépend.»

«Enfin, l’utilisation du test du NTE (Praxis) sur les connaissances professionnelles écarte les candidats du droit chemin. Au lieu d’apprendre à bien enseigner, les candidats qui ont de faibles notes s’évertuent à apprendre les "bonnes" réponses. Je doute qu’on puisse mieux enseigner en passant des heures à apprendre à réussir des tests à choix multiples sur les connaissances professionnelles.»

Les programmes américains d’évaluation du personnel enseignant ont donné naissance à une nouvelle industrie qui produit des sites web, des documents de préparation aux tests et des programmes de formation. Aux États-Unis, alors que les enseignants et les aspirants à cette profession piochent leur version des notes Coles en attendant la prochaine série de tests, le débat sur l’évaluation se poursuit au sein de la profession.

Pour en savoir plus sur l’étude The Academic Quality of Prospective Teachers: The Impact of Admissions and Licensure Testing, consulter le site www.ets.org/praxis/.

L’Alberta adopte un modèle différent pour démontrer la transparence de la profession enseignante et améliorer l’enseignement

Les enseignantes et enseignants ontariens peuvent également s’inspirer de ce qui se fait dans l’Ouest, où les décideurs ont choisi un moyen différent d’améliorer l’exercice de la profession enseignante et de la rendre transparente auprès du public et des responsables provinciaux de la délivrance de brevets d’enseignement.

La nouvelle politique provinciale de croissance, de supervision et d’évaluation de l’Alberta oblige tous les enseignants à élaborer un plan annuel de croissance professionnelle.

Au début de l’année scolaire, l’enseignant doit présenter à la direction de l’école ou à un groupe désigné de collègues un plan de perfectionnement des connaissances, des aptitudes et des attributs visant à approfondir ses compétences et à optimiser le rendement des élèves. À la fin de l’année, une rencontre avec la direction ou les collègues permet de déterminer ce qui a été tiré de la mise en œuvre du plan.

La politique provinciale ne se limite pas aux cours structurés. Elle vise également des activités de recherche, des projets collectifs de programmes d’études, des groupes de discussion ou l’encadrement de collègues.

Pour obtenir des renseignements sur les plans de croissance, visitez le site web de l’Alberta Teachers’ Association www.teachers.ab.ca  ou du ministère de l’Éducation de l’Alberta www.ednet.edc.gov.ab.ca