«Il est intéressant de voir le nombre de personnes
      qui ont réussi quelque chose de vraiment remarquable dans la vie, souligne Pamela Wallin,
      et qui rattachent lorigine de leur réussite à un point tournant de leur vie où,
      en 4e, 6e, ou 12e année, une enseignante ou un enseignant leur a dit quelque chose qui a
      tout fait chavirer.»
      Pamela Wallin sait de quoi elle parle. Elle a interviewé des milliers de personnes
      pendant ses 20 ans de carrière en journalisme.
      Elle aussi a une enseignante remarquable. Sauf que dans son cas, son enseignante est
      aussi sa mère. Leone Wallin a enseigné au secondaire à Wadena en Saskatchewan (pop. 1 600 habitants) pendant 35 ans.
      «Dans une petite localité, lenseignante représente beaucoup, elle est un
      modèle pour les autres, ajoute-t-elle. Il nétait jamais question du nombre
      dheures de travail ou de temps supplémentaire. Elle enseignait langlais, le
      théâtre, elle conseillait les enfants. Je crois quelle enseignait quil faut
      agir, quil faut donner et quil faut participer.»
      Wallin nétait pas la seule à dire de sa mère quelle était remarquable.
      «Les gens me téléphonent et me disent : "vous ne me connaissez pas, mais je suis
      allé à lécole dans les années 50 à Wadena et votre mère était mon enseignante
      et elle a changé ma vie".»
      Elle sen est aperçue en suivant sa mère pour «laider» après
      lécole quand elle montait une pièce de théâtre. «Je crois bien comprendre la
      véritable définition du mot enseignant parce que, quand elle saffairait à monter
      une pièce avec les enfants, on pouvait la voir mettre en valeur des talents et des
      compétences que les jeunes ignoraient avoir.»
      Vers le milieu des années 60, Wallin était en classe danglais de 9e année avec
      sa mère comme enseignante. Elle devait lappeler Madame Wallin, bien quelle
      essayait de trouver des façons de ne pas avoir à lappeler par quelque nom  que
      ce soit.
      Wallin dit que sa mère était différente parce quelle sattendait à la
      participation dans la classe. «Elle apportait en classe des coupures de journaux et
      nous demandait de trouver quels étaient les parallèles avec Hamlet. Elle essayait de
      trouver un moyen dinclure les autres, de donner un contexte contemporain à des
      textes historiques. Lidée que des enfants pouvaient discuter dans une classe était
      révolutionnaire. Il fallait toujours rester tranquille.»
      Il y avait quelque chose de frustrant dans la situation de Wallin : «Comme
      jétais une bonne élève et que ma mère était lenseignante, les autres
      soupçonnaient tout le temps que javais dû voir le test avant. Jen ai passé
      du temps à dire aux autres que ce nétait pas vrai, que ma mère ne ferait jamais
      cela.»
      Wallin dit que lexpérience lui a appris à séparer sa vie professionnelle de sa
      vie personnelle, à demeurer objective comme journaliste et ce, tout en conservant des
      amis qui pourraient un jour faire partie des actualités. «Je repense toujours à ma
      relation avec ma mère et je sais quil y a toujours deux côtés à une médaille.»
      
      Pour Wallin, le journalisme est une autre forme denseignement. «Cest
      lexploration et léchange didées. Elle la fait devant une classe
      et je le fais devant une caméra.»
      Leone Wallin téléphone sa fille à loccasion pour corriger sa grammaire.
      «Cest souvent à la blague, dit-elle, et parfois, elle emprunte des détours pour
      dire le fond de sa pensée du genre "Oh, jentends des choses à la télévision
      et à la radio que jai peine à croire". Puis, je sais ce qui
      mattend
»
      Leone a peut-être pris sa retraite de la classe, mais elle continue encore à
      enseigner.