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Septembre 1999

Consommation de tabac, de drogues et d’alcool en hausse chez les élèves du secondaire


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Consommation de tabac, de drogues et d'alcool en hausse chez les élèves du secondaire

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de Rosemarie Bahr

Une étude de Santé Canada établit un lien entre une attitude négative envers l’école et un large éventail de comportements qui posent des risques pour la santé. Pour parler profession présente un avant-goût de cette vaste étude faite auprès des élèves.

«Nos écoles ont bien des atouts et elles sont dans une situation plutôt bonne. Même chose du côté des relations avec le personnel enseignant», affirme Alan King, professeur, éducateur et chercheur, au sujet des résultats d’une grande enquête menée en 1998 auprès d’élèves des 6e, 8e et 10e années de l’ensemble du pays.

«Cependant, poursuit-il, il y a un assez grand nombre d’élèves que nous n’arrivons pas à toucher. Ils voient la vie et l’école sous un jour plutôt négatif, ce qui les pousse à adopter des comportements néfastes pour eux et pour la société en général.»

L’étude intitulée Tendances dans la santé de la jeunesse canadienne relève des problèmes déjà connus, mais également de nouvelles difficultés : un grand nombre d’élèves sèchent des cours, l’usage de drogues et de tabac est à la hausse, l’intimidation est monnaie courante, et bon nombre d’élèves ne se sentent pas en sécurité à l’école.

Cette enquête d’Alan King, William Boyce et Matthew King sera publiée ce mois-ci par Santé Canada. Elle fait partie d’une étude transnationale de l’Organisation mondiale de la santé, et comprend donc des données comparatives avec d’autres pays. Les données les plus récentes remontent à 1998 et sont comparées à celles de 1990 et 1994.

D’après cette étude, les élèves insatisfaits de leur vie scolaire en raison d’un rendement inférieur aux attentes, de problèmes d’adaptation et de conflits avec le personnel enseignant et les autres élèves ont tendance à se désengager de l’école. Ils fréquentent généralement des amis qui partagent cette attitude, et se livrent avec eux à des comportements qui présentent des risques pour la santé : ils sèchent des cours, fument, boivent et consomment de la drogue.

«On a constaté une hausse plutôt spectaculaire de l’usage de marijuana chez les jeunes de 15 ans», précise Alan King, professeur émérite du Social Program Evaluation Group de la faculté d’éducation de l’Université Queen’s et membre d’un comité du gouvernement de l’Ontario sur la restructuration de l’éducation au secondaire.

C’est l’usage du tabac qui a retenu le plus son attention. «Le nombre de filles qui fument tous les jours me renverse. Dans notre échantillon de 10e année, 23 pour 100 des filles ont pris cette habitude. Ces jeunes se sentent désengagées, marginalisées; elles ont le sentiment d’être dans une impasse. Elles forment des clans parfois extrêmes qui, par exemple, aiment les vêtements noirs et les perçages. D’autres se contentent de se réunir pour fumer et faire la fête.»

LE CHOIX DES ÉLÈVES
«Ce mode de vie, ajoute-t-il, est un choix. Avec tout ce qu’on connaît des effets du tabac, qu’est-ce qui peut bien pousser un jeune à fumer? Sans doute une insatisfaction profonde à l’égard de ses relations avec son entourage.»

D’après l’enquête, plus de la moitié des élèves canadiens sont relativement satisfaits de l’école, bien que le degré de satisfaction baisse au fil des ans. Ainsi, les élèves plus âgés étaient d’avis que le personnel enseignant semblait leur accorder moins d’intérêt en tant que personnes.

Selon les auteurs, lorsque le personnel enseignant doit se concentrer sur les diverses matières et enseigner à un plus grand nombre d’élèves par jour, comme c’est le cas à l’école secondaire, il est moins en mesure de donner aux élèves le temps et l’attention dont ils ont besoin.

Pourtant, la grande majorité des élèves, quelle que soit leur année d’études, affirment qu’ils peuvent obtenir de l’aide supplémentaire de leur enseignante ou enseignant au besoin.

L’enquête révèle que les élèves qui ont une attitude positive envers l’école sont susceptibles d’entretenir de bons rapports avec leurs parents et d’éviter le tabac, l’alcool et la drogue.

L’enquête de 1998 a révélé que 23 pour 100 des filles de 10e année fumaient tous les jours. Deux tiers des filles et 61 pour 100 des garçons de cette année d’études avaient fumé au moins une cigarette.

À partir des années 70, époque où la population a été sensibilisée aux dangers du tabac, le taux d’usage du tabac a baissé progressivement jusqu’en 1990. Cependant, malgré la publicité et les programmes antitabac, il augmente depuis chez les adolescents.

Les élèves qui se livrent à un comportement à risque sont plus susceptibles d’en adopter d’autres. Parmi les fumeurs quotidiens de 10e année, 90 pour 100 avaient également consommé de la marijuana.

Comme on consomme de l’alcool dans la plupart des foyers canadiens, il n’est pas étonnant de constater que d’après l’enquête, 90 pour 100 des élèves de 10e année en avaient déjà pris. Par contre, le nombre d’élèves qui boivent toutes les semaines est en baisse. Par exemple, en 1994, 30 pour 100 des garçons de 10e année prenaient de la bière au moins une fois par semaine.

En 1998, cette proportion n’était plus que de 18 pour 100. Pour les garçons de 6e année, ces pourcentages étaient de sept et deux pour cent.

Cependant, en 1998, 43 pour 100 des garçons et des filles de 10e année avaient été «complètement ivres» au moins deux fois. Comme le soulignent les auteurs, ce comportement pourrait représenter un grave problème. C’est à cet âge que commencent à conduire ces jeunes qui, théoriquement, n’ont pas le droit de consommer de l’alcool. En outre, l’abus d’alcool peut donner lieu à des grossesses non désirées, à des maladies transmises sexuellement et à des accidents.

La consommation de bière a peut-être baissé en raison de l’usage accru de marijuana chez les jeunes. En effet, l’enquête a révélé une augmentation considérable de l’usage de hachisch et de marijuana de 1994 à 1998.

En 1998, 44 pour 100 des garçons et 41 pour 100 des filles de 10e année avaient consommé de la marijuana au moins trois fois, par rapport à 30 pour 100 et 27 pour 100 en 1994.

L’usage de solvants présente une légère hausse chez les élèves de 8e année et les garçons de 10e année. L’usage de cocaïne, d’amphétamines et de LSD augmente également.

SÉCHER DES COURS : UN SIGNE DE DÉSENGAGEMENT
L’enquête a permis de constater qu’un nombre étonnant d’élèves, filles et garçons, sèchent des cours, même les plus jeunes.

Les enquêteurs ont ajouté la question sur le séchage de cours à l’enquête de 1998 en supposant que sécher des cours permet aux amis de se rencontrer dans un milieu propice à la consommation de tabac, de drogues et d’alcool.

En 6e année, 29 pour 100 des garçons avaient séché des cours, 11 pour 100 pendant trois jours ou plus et 18 pour 100 pendant un ou deux jours. Chez les filles, 17 pour 100 avaient séché des cours pendant un ou deux jours, et huit pour 100 pendant trois jours ou plus. En 10e année, 21 pour 100 des garçons avaient séché des cours pendant un ou deux jours et 22 pour 100 pendant trois jours ou plus. Vingt-quatre pour cent des filles avaient séché des cours pendant un ou deux jours et 20 pour 100 pendant au moins trois jours.

D’après l’enquête, plus les élèves séchaient des cours, plus ils étaient susceptibles de fréquenter des fumeurs, des buveurs et des usagers de drogue et d’avoir fumé, consommé de l’alcool ou de la drogue eux-mêmes. Les élèves qui séchaient des cours étaient également plus susceptibles de mal s’entendre avec leurs parents et leur entourage à l’école. En d’autres mots, sécher des cours semble un indicateur de marginalisation et de désengagement.

L’INSÉCURITÉ À L’ÉCOLE
La sécurité est un autre sujet mentionné pour la première fois dans l’enquête de 1998. Onze pour cent des garçons de 6e année ne se sentaient pas en sécurité à l’école. Dix pour cent des garçons de 9e année ont dit que leurs amis portaient une arme. La plupart ont affirmé qu’ils le faisaient pour se protéger. Ces pourcentages sont faibles, mais ils ne sont pas négligeables.

Des questions sur l’intimidation ont été posées en 1994 et 1998, une augmentation ayant été constatée en 1998. Les garçons sont plus susceptibles d’être victimes et auteurs d’intimidation, bien qu’on relève une proportion semblable de victimes chez les filles de 10e année.

D’après l’enquête, l’intimidation demeure un problème sérieux. Les victimes sont plus susceptibles de se sentir rejetées et malheureuses et de présenter une baisse de l’estime de soi. Elles sont également plus susceptibles de faire elles-mêmes de l’intimidation.

Les élèves qui intimident leurs camarades sont généralement un peu plus vieux que ces derniers et ont des problèmes scolaires. Ils sont également plus susceptibles de fumer, de boire ou de prendre de la drogue, ainsi que d’avoir été eux-mêmes victimes d’intimidation.

LES BONS AMIS... ET LES MAUVAIS
L’enquête souligne que l’intégration sociale, c’est-à-dire le fait d’avoir des amis, est une arme à deux tranchants. Selon elle, l’intégration sociale est essentielle à la bonne santé et au bonheur. Les élèves qui se classaient bien sur l’échelle d’intégration étaient moins susceptibles de se sentir déprimés, impuissants ou vulnérables à l’intimidation. Ils étaient plus susceptibles d’avoir une bonne estime de soi et d’aimer l’école.

En outre, selon l’enquête, certains élèves passent beaucoup de temps avec leurs amis en soirée. Un tiers des garçons de 13 ans passaient au moins cinq soirées par semaine avec leurs amis.

Ces élèves sont généralement bien intégrés socialement. Cependant, ils sont également susceptibles d’avoir des amis qui boivent, fument et prennent de la drogue, et de fumer, boire, consommer de la drogue et sécher des cours eux-mêmes. Enfin, ils ont tendance à avoir une attitude négative envers l’école et à intimider leurs camarades.

Environ le quart des élèves passaient cinq soirées ou plus par semaine avec leurs amis, un peu plus qu’en 1994. Le plus souvent, ils n’étaient pas supervisés. C’est pendant ces périodes, d’après le rapport, que «les comportements à risque pour la santé sont susceptibles de se produire». Donc, c’est quand les jeunes sortent avec leurs amis qu’ils risquent de fumer, de boire ou de prendre de la drogue.

«Selon les données, les jeunes ne passent pas beaucoup de temps avec leurs parents, souligne King. Un nombre étonnamment élevé commencent à sortir avec leurs amis, sans supervision, à un très jeune âge. Nos enfants passent moins de temps avec leurs parents et sont légèrement moins susceptibles d’entretenir des rapports ouverts avec eux que ceux d’autres pays.»

L’enquête révèle également que relativement peu d’élèves se livrent à des comportements à risque pour la santé lorsqu’ils ne sont pas associés à un groupe de jeunes portés à prendre des risques.

«L’une des principales constatations de cette étude, ajoute King, réside dans le fait que les jeunes n’ont pas tous le même statut dans les écoles. Certains sont appréciés, d’autres le sont moins. Ces derniers sont plus susceptibles d’adopter des comportements à risque pour la santé. Il y a donc un système social dont l’école est le reflet, peut-être de façon plus évidente que dans la société adulte. Aller à l’université et obtenir un diplôme de médecine ou de droit, ça rapporte plus que de quitter l’école et de travailler dans un centre commercial.»

King et ses collaborateurs concluent à l’échec relatif de la plupart des programmes visant à enrayer l’intimidation, le tabagisme et l’usage d’alcool et de drogue. Selon eux, il faut adopter une démarche intégrée et systémique qui fait intervenir le foyer, l’école, les camarades et la collectivité.

Leur rapport suggère aux écoles d’employer des méthodes d’enseignement et d’apprentissage axées sur l’interaction sociale et le perfectionnement. Un programme d’activités parascolaires variées établi en fonction des intérêts des élèves, la formation de classes titulaires stables et des programmes d’encadrement aideraient bien des élèves du secondaire à échapper à l’isolement social dans lequel ils se trouvent. Les auteurs suggèrent également aux parents d’organiser à la maison des activités amusantes et saines pour leurs enfants et leurs amis.

King souligne que les écoles devraient faire en sorte que tous les jeunes se sentent acceptés. «Il faut prévoir non seulement des programmes d’études, mais également des programmes parascolaires visant à répondre aux besoins de tous les jeunes.»

«Il s’agit pour l’école, surtout au palier secondaire, de savoir comment s’y prendre, ajoute-t-il. Elle doit aider les jeunes à s’orienter vers différents cheminements de carrière, et c’est là un processus très délicat qu’il faut entreprendre de façon réfléchie. Il est non seulement irréaliste, mais néfaste d’attendre de tous les jeunes qu’ils aillent à l’université. Parmi les changements que j’aimerais voir adoptés, il faudrait assurer un soutien accru de la part du personnel enseignant et des conseillers, et une meilleure participation des parents.»

Pour obtenir un exemplaire de l’étude Tendances dans la santé de la jeunesse canadienne, adressez-vous à www.hc-sc.gc.ca/hppb/enfance-jeunesse/index.html.