
L'enseignante remarquable de Rosie MacLennan
La médaillée d’or olympique Rosie MacLennan révèle comment son enseignante de 5e année l’a aidée à poursuivre ses rêves olympiques.
DE RICHARD OUZOUNIAN
Parfois, les enseignantes et enseignants poursuivent leur carrière en ayant aucune idée de la grande influence qu’ils exercent sur la vie de leurs élèves. Heureusement, Rosie MacLennan n’est pas avare de gratitude!
Cette athlète du trampoline âgée de 24 ans et originaire de King City (Ontario) a bénéficié d’une reconnaissance mondiale quand elle a gagné la première et seule médaille d’or canadienne aux Jeux olympiques de Londres, en 2012, à la compétition féminine de trampoline. Quand on lui a demandé qui l’avait aidée le plus à obtenir cette première place, elle a d’abord reconnu la contribution de ses entraîneurs; puis, elle a remercié une personne spéciale avec qui elle se souvenait avoir travaillé alors qu’elle était en 5e année à la King City Public School.
«Elle m’a aidée à acquérir de l’assurance en dehors du monde du sport; elle m’a montré à corriger mes faiblesses et à décupler mes forces; elle m’a enseigné à reconnaître les occasions de croissance et d’apprentissage, affirme Mme MacLennan. Et, encore mieux, elle m’a encouragée : “Tu peux y arriver, Rosie, disait-elle, tu le peux.”»

Cette personne spéciale est Lori Baskin, EAO, enseignante possédant un quart de siècle d’expérience dans le système d’éducation de l’Ontario. Mme Baskin se souvient de la jeune Rosie tout aussi clairement : «Rosie n’était pas comme tout le monde, raconte-t-elle. Elle gérait 50 projets en même temps. Elle voulait tout essayer – non seulement le trampoline, mais la danse, la gymnastique et le violon. Tous les soirs après l’école, elle était très occupée et arrivait à tout équilibrer. Mais, surtout, elle faisait toutes ces activités avec grâce et assurance.»
Mme MacLennan offre un autre point de vue sur cette période : «La 5e année a été remplie de défis pour moi. Je n’étais pas très débrouillarde socialement. J’avais du mal à me faire des amis et à les garder. J’avais une amie, mais nous étions différentes des autres filles de la classe. Mme Baskin nous a aidées à comprendre qu’il n’y avait rien de mal à être différentes», affirme-t-elle.
Elle m’a aidée à acquérir de l’assurance en dehors du monde du sport; elle m’a montré à corriger mes faiblesses et à décupler mes forces.
Mme Baskin rit en se souvenant de ces détails : «Rosie était petite, elle ne mesurait que cinq pieds, et Caitlin, sa meilleure amie, était beaucoup plus grande. Elles formaient un duo fort hétéroclite, mais elles étaient toujours ensemble. Et je les appuyais du mieux que je pouvais.»
Il semble que Mme Baskin et la jeune Rosie aient été toutes les deux à un moment décisif de leur vie quand elles se sont rencontrées. Mme Baskin revenait tout juste d’un congé parental après avoir donné naissance à des triplés, et Rosie, ainsi que le reste de la classe, venait de vivre le départ soudain de son enseignante précédente.
«Nous étions un groupe assez impétueux et je pense que nous avions complètement épuisé l’autre enseignante! Mais Mme Baskin était à la hauteur du défi, se souvient Mme MacLennan. Elle était très ouverte aux discussions et c’est la première chose que nous avons remarquée. Elle nous guidait au lieu de nous donner des ordres. Elle était positive et nous encourageait. Et elle était très patiente.»
La fermeté et la constance quotidiennes de Mme Baskin constituaient le cœur de ce qu’elle offrait à ses élèves. Mais elle avait aussi le don de reconnaître quand quelque chose d’extraordinaire était nécessaire.
Elle se souvient d’un test de mathématiques en particulier auquel Rosie avait obtenu une note parfaitement respectable tout en sentant qu’elle aurait pu faire beaucoup mieux. «Je me souviens qu’il y avait un petit banc sur lequel elle s’assoyait dans l’entrée. Je m’y suis assise à côté d’elle et lui ai dit : “Tu dois tourner la page et aller de l’avant. Dans le grand ordre de l’univers, ce n’est rien.” Et c’est ce qu’elle a fait. Elle ne s’est pas apitoyée longtemps sur son sort; elle a simplement compris ce qu’elle devait améliorer. Et c’est ce genre de détermination qui l’a amenée au sommet lors des Olympiques. Mais elle n’y songeait probablement pas à l’époque.»

(tout en haut) Lori Basking, EAO, et son ancienne élève de 5e année et médaillée d'or olympique, Rosie MacLennan, rattrapent le temps perdu.
Assez curieusement, c’était une aspiration de la jeune Rosie que Mme Baskin ignorait. «J’ai toujours voulu participer aux Olympiques, même en 5e année, affirme Mme MacLennan. C’était une passion si grande que j’écrivais des histoires me mettant en scène aux Olympiques. C’est bizarre, elles ne parlaient pas de moi en compétition ni même gagnant une médaille; elles parlaient simplement de moi aux Jeux : être à bord de l’avion et voyager. Et c’était assez pour nourrir mon rêve!»
En fin de compte, le programme pour élèves doués de la King City Public School a été transféré à l’Aurora Senior Public School. Encore une fois, Mme Baskin et la jeune Rosie se sont retrouvées dans la même école. Même si elle n’était plus dans la classe de Mme Baskin, Rosie a continué à faire partie de sa vie. Cette dernière se souvient que Rosie a participé à un spectacle à l’école. «Même à cette époque, les gens avaient du respect pour Rosie. Elle a rebondi si haut qu’elle a touché au plafond, mais ça ne l’a pas arrêtée. Quand un plafond était trop bas, elle en trouvait un plus haut. À ce moment-là, j’ai su qu’elle réussirait tout ce qu’elle entreprendrait.»
Après les Olympiques, Mme MacLennan est retournée à l’Aurora Senior Public School pour parler aux élèves, et c’est Mme Baskin qui l’a présentée. «Elle a parlé de la façon dont j’étais et de la détermination que j’avais, relate Mme MacLennan. J’ai dit aux jeunes que le secret était de trouver quelque chose que l’on aime et de s’y adonner. Je leur ai dit que c’était à eux d’établir leurs propres limites, que l’on aboutit à rien si l’on n’y croit pas.»