La programmation neurolinguistique ou lexplosion
de la recherche dans la classe
Des enseignantes et des enseignants se
servent de la recherche sur le fonctionnement du cerveau dans leur travail grâce à la
gymnastique du cerveau, à lapprentissage par impulsions, à la construction
darbres conceptuels, ainsi quà des bouteilles deau sur les bureaux des
élèves et à beaucoup dencouragement.
Pour en savoir plus sur
la programmation neurolinguistique
de Brad Robertson
Sur le bureau des élèves de la classe de 3e année de Liz Jones-Twomey dans la
région de Waterloo, on trouve une bouteille deau. On les encourage à boire, et pas
seulement à la récréation, mais souvent tout au long de la journée. Il est permis de
manger des fruits et légumes pendant les heures de classe. Tout au long de la journée,
lenseignante et ses élèves participent à des exercices physiques qui visent à
stimuler leur cerveau.
Dans cette classe, il y a beaucoup de mouvement, de rire et dencouragement. Les
élèves étudient ce qui est au programme mais en plus, comment apprendre.
Lenseignante fonde son programme sur le nouveau curriculum de lOntario et le
présente en fonction de la programmation neurolinguistique.
La recherche récente sur le cerveau et son fonctionnement a fait lobjet
dune attention toute particulière au cours des deux ou trois dernières années.
Des enseignantes et enseignants sinscrivent aux ateliers et conférences pour en
prendre connaissance et découvrir comment elle peut améliorer leur enseignement. Ces
séances leur apprennent comment avoir accès plus efficacement aux deux côtés du
cerveau et faciliter ainsi lapprentissage et lenseignement.
CONNECTIVITÉ DES CONNAISSANCES
Lun des fondements de la programmation neurolinguistique sappuie sur le
fait que toute connaissance est enchâssée dans une autre connaissance. Le cerveau
travaille mieux quand il peut lier une idée avec lautre.
Renate Caine, professeure en éducation à la California State University, et Geoffrey
Caine, conseiller pédagogique, ont passé une bonne partie de leur carrière à la
recherche sur le fonctionnement du cerveau. Dans Making Connections, Teaching and the
Human Brain, ils écrivent que le cerveau a la capacité dapprendre et de
comprendre bien plus quand il voit comment les matières sont interreliées plutôt que
lorsquil doit mémoriser des faits et des habiletés de manière isolée. Pour eux,
lenseignement thématique et lintégration du curriculum sont deux méthodes
qui favorisent lapprentissage.
Les enseignantes et enseignants familiers avec cette recherche donnent un aperçu avant
daborder un sujet ou une nouvelle matière. Le cerveau étant de nature curieuse,
ils posent des affiches, des enseignes et des tableaux sur un sujet particulier avant de
le présenter. Ensuite, ils intègrent ce nouvel apprentissage à ce que les élèves
connaissent déjà pour ensuite faire des liens en permettant aux élèves de voir comment
ces connaissances forment un tout.
La construction dun arbre conceptuel constitue lun des meilleurs moyens
deffectuer ces liens. Larbre incorpore graphiques, couleur, images et mots
clés sur une feuille. Lélève peut apprendre à constituer un arbre conceptuel en
mettant lidée ou le sujet principal à létude au centre et en dessinant des
branches qui représentent des idées ou des composantes mineures. Ce procédé permet de
synthétiser le sujet en plus de constituer un excellent moyen pour les élèves de
montrer à lenseignante ou à lenseignant ce quil comprend à partir de
ce quil a appris.
CONSTRUCTION DUN ARBRE CONCEPTUEL
Une fois que lélève connaît le principe de construction dun arbre
conceptuel, la classe neurolinguistique présente des arbres conceptuels sur les sujets
déjà vus, sur ce qui est en cours dapprentissage et sur ce quon apprendra.
Le cerveau a besoin de voir les liens entre ce que lélève fait en classe par
rapport à sa vie. Dans cette situation, lenseignante ou lenseignant doit
pouvoir répondre à chaque élève ce quil en retirera.
Lenseignante ou lenseignant qui affirme que la connexion ne se produit pas
toujours chez lélève peut se réconforter à la lecture de la recherche récente
sur la durée des leçons. David Sousa, ancien surintendant de léducation et
auteur de How the Brain Learns, publié par la National Association of Secondary
School Principals, sest adressé récemment à lAssociation of Supervisory
Officials of Ontario. Il dit que le cerveau apprend mieux au début et à la fin
dune période dapprentissage. La récence primaire a une incidence
considérable sur la façon denseigner étant donné que les élèves se rappellent
plus facilement de ce qui est enseigné au début dune classe et aussi à la fin de
la classe.
Sousa dit que pendant une période de 40 minutes, lattention des élèves est à
son meilleur dans les 20 premières minutes; ensuite, le cerveau a besoin dune pause
denviron dix minutes. Les dix dernières minutes représentent la deuxième
meilleure période denseignement.
Au secondaire où une période dure 80 minutes, le meilleur temps denseignement se
situe dans les 30 premières minutes, suivies dun ralentissement de 30 minutes, suivi
dun excellent temps denseignement pendant les 20 dernières minutes.
La théorie de lapprentissage par impulsions indique aux enseignantes et
enseignants que les élèves ont besoin dun temps de diffusion après une période
très concentrée. La leçon où lélève retient le plus la matière enseignée se
présente comme suit : concentration-diffusion-concentration.
PLUS DE PAUSES
Cette recherche montre aux enseignantes et enseignants que ces périodes de temps clés
dans une leçon sont essentielles pour rejoindre les élèves. Un élève absorbe plus de
matière quand la leçon est plus brève et quand il prend plus de pause. Toute personne
qui apprend, peu importe son âge, passe par une période de ralentissement pendant une
leçon.
Lenseignante ou lenseignant qui, même avec les meilleures intentions,
donne aux élèves les 10 ou 15 dernières minutes de la classe pour ramasser leurs
choses, nettoyer leur bureau ou, parce quils se sont bien comportés, leur permet de
faire une activité calme, passe à côté dun temps dapprentissage de
qualité.
Dans la classe de Liz Jones-Twomey, on trouve une bouteille deau sur le bureau de
chaque élève en raison des conclusions dune autre recherche sur le cerveau et
léducation. Leau favorise lapprentissage et la pensée. Carla
Hannaford, neurophysiologue et éducatrice, a étudié pendant de nombreuses années
comment leau et certains mouvements peuvent améliorer notre potentiel
dapprentissage.
Dans Smart Moves, elle écrit que leau augmente la capacité du sang de
transporter loxygène au cerveau de 100 à 1000 pour cent. Plus lélève boit
de leau, plus il a de lénergie. Un élève qui sennuie ou qui est
apathique et qui ne peut bien se concentrer peut en fait être déshydraté. Cest
pourquoi Liz Jones-Twomey et un nombre croissant denseignantes et denseignants
comme elle rappellent à leurs élèves de boire de leau avant une leçon et leur
permet même de boire pendant la leçon.
GYMNASTIQUE DU CERVEAU
Dans la programmation neurolinguistique, lenseignante ou lenseignant fait
avec ses élèves des exercices physiques qui visent à faciliter lapprentissage. La
gymnastique du cerveau a été conçue par Paul Dennison, chef de lEducational
Kinesiology Foundation en Californie. Elle se fonde sur le principe que les hémisphères
gauche et droit du cerveau ne fonctionnent pas toujours ensemble et que certains exercices
ou mouvements facilitent la connexion. Ces exercices sont tout particulièrement pratiques
dans les périodes de stress ou de blocage.
Sharon Robertson, directrice dune école élémentaire dans la région de
Waterloo, se sert des exercices de gymnastique du cerveau avec son personnel et les
élèves; les enseignantes et enseignants de son école adaptent la gymnastique du cerveau
à leur routine quotidienne. Elle croit fermement que les mouvements de cette gymnastique
permettent aux élèves daccéder à des parties du cerveau qui leur étaient auparavant
inaccessibles. Les modifications de lapprentissage sont souvent instantanées.
Lenseignante ou lenseignant peut commencer la journée en demandant aux
élèves deffectuer des exercices physiques comme le toucher des genoux par la main
opposée, lapplication de pression sur des points précis près du cou pour stimuler
la circulation sanguine au cerveau et le croisement des jambes et des bras dune
manière qui incite automatiquement au calme.
Les enseignantes et enseignants qui se servent de ces techniques signalent souvent que
leur groupe est plus facile à gérer et prêt à apprendre chaque jour.
Or, Normand Frenette, professeur agrégé à lIEPO/UT, fait une mise en
garde : lenseignement et lapprentissage ne sont pas dictés par une
quelconque science magique. Pour lui, la programmation neurolinguistique peut être très
attirante pour les enseignantes et enseignants qui tendent à incorporer le plus de
stratégies le plus rapidement possible. Il rappelle quil faut des études à long
terme pour vérifier la valeur de lexplosion de la recherche sur le fonctionnement
du cerveau.
Pourtant, les enseignantes et enseignants comme Liz Jones-Twomey répondent aux
innovations neurolinguistiques comme tout enseignant chevronné sait le faire : en
lisant, en apprenant, en expérimentant et en se servant de ce qui fonctionne pour elle et
ses élèves dans la classe.
Brad Robertson est directeur de la Westvale Public School à Waterloo. On peut
communiquer avec lui à robertson@sympatico.ca
Pour en savoir plus sur la programmation
neurolinguistique Sousa, David, How the
Brain Learns (National Association of Secondary School Principals, 1995). Regard sur
15 années de recherche sur le fonctionnement du cerveau et sur ce que cela signifie pour
les élèves. Lauteur apporte un nouvel éclairage sur les méthodes pédagogiques
efficaces et lapprentissage qui fait le meilleur usage de la mémoire, de
lattention et des modèles de rappel. Le chapitre intitulé Practitioner Corners
incorpore recherche et méthodes pédagogiques. Voilà un ouvrage pratique et facile à
lire, peu importe le niveau auquel vous enseignez.
Jensen, Eric, Brain Compatible Strategies (Turner Point Publishers, 1997).
Lauteur a passé la majeure partie de sa vie à lier la recherche sur le cerveau aux
applications en classe. Il a écrit de nombreux ouvrages sur ce sujet, notamment The
Learning Brain (Turning Point Publishers, 1994) et Superteaching (Turning Point
Publishers, 1995). Dans ce livre, vous trouverez pour vous et vos élèves des activités
amusantes qui sont directement liées à une recherche reconnue sur la façon
dapprendre. Eric Jensen ninclut pas beaucoup dinformation technique sur
ces activités, mais plutôt une longue liste de ressources pour chacune dentre
elles. Bon nombre dactivités pourraient être considérées comme faisant partie
dun enseignement de qualité même si nous ignorons comment elles fonctionnent. Cet
ouvrage vous donne la raison dêtre de vos bonnes méthodes pédagogiques ainsi que
de bonnes idées dactivités pour le cerveau.
Jensen, Eric, Introduction to Brain Compatible Teaching (Turner Point
Publishers, 1998). Lenseignement approprié au cerveau est une méthode
multidisciplinaire fondée sur la recherche qui dit quelles sont les conditions les plus
favorables pour que le cerveau apprennent. Ce livre en présente au lecteur les fondements
et lui donne une bonne idée des principales différences entre la méthode appropriée au
cerveau et les méthodes traditionnelles. Cest une lecture à ne pas manquer pour
lenseignante ou lenseignant qui lit sur le sujet pour la première fois.
Campbell, Don, The Mozart Effect (Avon Books, 1997). On sait que la musique peut
influencer notre humeur, nous rendre heureux, triste, nous faire réfléchir, nous
inspirer. On sait maintenant aussi que le pouvoir de la musique est encore plus vaste. Cet
ouvrage présente la recherche sur le lien entre lapprentissage, la créativité et
lexposition à la musique. Il montre comment le son et la musique peuvent stimuler
lapprentissage et la mémoire et comment certains types de musique peuvent ralentir
les ondes du cerveau et les rendre ainsi plus susceptibles à lapprentissage.
Hannaford, Carla, Smart Moves (Great Ocean Publishers, 1995). Cette
neurophysiologue et éducatrice nous dit pourquoi il faut bouger pour apprendre. Elle nous
dit aussi dans un langage accessible quels moments sont les plus favorables à
lapprentissage.
Making Connections (Addison Wesley, 1994), de Caine et Caine, et Accelerated
Learning for the 21st Century (Delacorte Press, 1997), de Colin Rose, sont deux autres
ouvrages à conseiller.
Voici quelques sites web à visiter : Jensen Learning Corp. www.TheBrainStore.com ; Association
for Supervision and Curriculum Development www.ascd.com
; Learning Research and Development Center www.lrdc.pitt.edu/; et Education Commission of the States www.ecs.org
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