coverfre.jpg (10033 bytes)
Septembre 1998

La programmation neurolinguistique


AG00041_.gif (503 bytes) Retour à la table des matières

 

La programmation neurolinguistique ou l’explosion de la recherche dans la classe

Des enseignantes et des enseignants se servent de la recherche sur le fonctionnement du cerveau dans leur travail grâce à la gymnastique du cerveau, à l’apprentissage par impulsions, à la construction d’arbres conceptuels, ainsi qu’à des bouteilles d’eau sur les bureaux des élèves et à beaucoup d’encouragement.

Purpball.gif (183 bytes) Pour en savoir plus sur la programmation neurolinguistique

de Brad Robertson

Sur le bureau des élèves de la classe de 3e année de Liz Jones-Twomey dans la région de Waterloo, on trouve une bouteille d’eau. On les encourage à boire, et pas seulement à la récréation, mais souvent tout au long de la journée. Il est permis de manger des fruits et légumes pendant les heures de classe. Tout au long de la journée, l’enseignante et ses élèves participent à des exercices physiques qui visent à stimuler leur cerveau.

Dans cette classe, il y a beaucoup de mouvement, de rire et d’encouragement. Les élèves étudient ce qui est au programme mais en plus, comment apprendre. L’enseignante fonde son programme sur le nouveau curriculum de l’Ontario et le présente en fonction de la programmation neurolinguistique.

La recherche récente sur le cerveau et son fonctionnement a fait l’objet d’une attention toute particulière au cours des deux ou trois dernières années. Des enseignantes et enseignants s’inscrivent aux ateliers et conférences pour en prendre connaissance et découvrir comment elle peut améliorer leur enseignement. Ces séances leur apprennent comment avoir accès plus efficacement aux deux côtés du cerveau et faciliter ainsi l’apprentissage et l’enseignement.

CONNECTIVITÉ DES CONNAISSANCES

L’un des fondements de la programmation neurolinguistique s’appuie sur le fait que toute connaissance est enchâssée dans une autre connaissance. Le cerveau travaille mieux quand il peut lier une idée avec l’autre.

Renate Caine, professeure en éducation à la California State University, et Geoffrey Caine, conseiller pédagogique, ont passé une bonne partie de leur carrière à la recherche sur le fonctionnement du cerveau. Dans Making Connections, Teaching and the Human Brain, ils écrivent que le cerveau a la capacité d’apprendre et de comprendre bien plus quand il voit comment les matières sont interreliées plutôt que lorsqu’il doit mémoriser des faits et des habiletés de manière isolée. Pour eux, l’enseignement thématique et l’intégration du curriculum sont deux méthodes qui favorisent l’apprentissage.

Les enseignantes et enseignants familiers avec cette recherche donnent un aperçu avant d’aborder un sujet ou une nouvelle matière. Le cerveau étant de nature curieuse, ils posent des affiches, des enseignes et des tableaux sur un sujet particulier avant de le présenter. Ensuite, ils intègrent ce nouvel apprentissage à ce que les élèves connaissent déjà pour ensuite faire des liens en permettant aux élèves de voir comment ces connaissances forment un tout.

La construction d’un arbre conceptuel constitue l’un des meilleurs moyens d’effectuer ces liens. L’arbre incorpore graphiques, couleur, images et mots clés sur une feuille. L’élève peut apprendre à constituer un arbre conceptuel en mettant l’idée ou le sujet principal à l’étude au centre et en dessinant des branches qui représentent des idées ou des composantes mineures. Ce procédé permet de synthétiser le sujet en plus de constituer un excellent moyen pour les élèves de montrer à l’enseignante ou à l’enseignant ce qu’il comprend à partir de ce qu’il a appris.

CONSTRUCTION D’UN ARBRE CONCEPTUEL

Une fois que l’élève connaît le principe de construction d’un arbre conceptuel, la classe neurolinguistique présente des arbres conceptuels sur les sujets déjà vus, sur ce qui est en cours d’apprentissage et sur ce qu’on apprendra. Le cerveau a besoin de voir les liens entre ce que l’élève fait en classe par rapport à sa vie. Dans cette situation, l’enseignante ou l’enseignant doit pouvoir répondre à chaque élève ce qu’il en retirera.

L’enseignante ou l’enseignant qui affirme que la connexion ne se produit pas toujours chez l’élève peut se réconforter à la lecture de la recherche récente sur la durée des leçons. David Sousa, ancien surintendant de l’éducation et auteur de How the Brain Learns, publié par la National Association of Secondary School Principals, s’est adressé récemment à l’Association of Supervisory Officials of Ontario. Il dit que le cerveau apprend mieux au début et à la fin d’une période d’apprentissage. La récence primaire a une incidence considérable sur la façon d’enseigner étant donné que les élèves se rappellent plus facilement de ce qui est enseigné au début d’une classe et aussi à la fin de la classe.

Sousa dit que pendant une période de 40 minutes, l’attention des élèves est à son meilleur dans les 20 premières minutes; ensuite, le cerveau a besoin d’une pause d’environ dix minutes. Les dix dernières minutes représentent la deuxième meilleure période d’enseignement.

Au secondaire où une période dure 80 minutes, le meilleur temps d’enseignement se situe dans les 30 premières minutes, suivies d’un ralentissement de 30 minutes, suivi d’un excellent temps d’enseignement pendant les 20 dernières minutes.

La théorie de l’apprentissage par impulsions indique aux enseignantes et enseignants que les élèves ont besoin d’un temps de diffusion après une période très concentrée. La leçon où l’élève retient le plus la matière enseignée se présente comme suit : concentration-diffusion-concentration.

PLUS DE PAUSES

Cette recherche montre aux enseignantes et enseignants que ces périodes de temps clés dans une leçon sont essentielles pour rejoindre les élèves. Un élève absorbe plus de matière quand la leçon est plus brève et quand il prend plus de pause. Toute personne qui apprend, peu importe son âge, passe par une période de ralentissement pendant une leçon.

L’enseignante ou l’enseignant qui, même avec les meilleures intentions, donne aux élèves les 10 ou 15 dernières minutes de la classe pour ramasser leurs choses, nettoyer leur bureau ou, parce qu’ils se sont bien comportés, leur permet de faire une activité calme, passe à côté d’un temps d’apprentissage de qualité.

Dans la classe de Liz Jones-Twomey, on trouve une bouteille d’eau sur le bureau de chaque élève en raison des conclusions d’une autre recherche sur le cerveau et l’éducation. L’eau favorise l’apprentissage et la pensée. Carla Hannaford, neurophysiologue et éducatrice, a étudié pendant de nombreuses années comment l’eau et certains mouvements peuvent améliorer notre potentiel d’apprentissage.

Dans Smart Moves, elle écrit que l’eau augmente la capacité du sang de transporter l’oxygène au cerveau de 100 à 1000 pour cent. Plus l’élève boit de l’eau, plus il a de l’énergie. Un élève qui s’ennuie ou qui est apathique et qui ne peut bien se concentrer peut en fait être déshydraté. C’est pourquoi Liz Jones-Twomey et un nombre croissant d’enseignantes et d’enseignants comme elle rappellent à leurs élèves de boire de l’eau avant une leçon et leur permet même de boire pendant la leçon.

GYMNASTIQUE DU CERVEAU

Dans la programmation neurolinguistique, l’enseignante ou l’enseignant fait avec ses élèves des exercices physiques qui visent à faciliter l’apprentissage. La gymnastique du cerveau a été conçue par Paul Dennison, chef de l’Educational Kinesiology Foundation en Californie. Elle se fonde sur le principe que les hémisphères gauche et droit du cerveau ne fonctionnent pas toujours ensemble et que certains exercices ou mouvements facilitent la connexion. Ces exercices sont tout particulièrement pratiques dans les périodes de stress ou de blocage.

Sharon Robertson, directrice d’une école élémentaire dans la région de Waterloo, se sert des exercices de gymnastique du cerveau avec son personnel et les élèves; les enseignantes et enseignants de son école adaptent la gymnastique du cerveau à leur routine quotidienne. Elle croit fermement que les mouvements de cette gymnastique permettent aux élèves d’accéder à des parties du cerveau qui leur étaient auparavant inaccessibles. Les modifications de l’apprentissage sont souvent instantanées.

L’enseignante ou l’enseignant peut commencer la journée en demandant aux élèves d’effectuer des exercices physiques comme le toucher des genoux par la main opposée, l’application de pression sur des points précis près du cou pour stimuler la circulation sanguine au cerveau et le croisement des jambes et des bras d’une manière qui incite automatiquement au calme.

Les enseignantes et enseignants qui se servent de ces techniques signalent souvent que leur groupe est plus facile à gérer et prêt à apprendre chaque jour.

Or, Normand Frenette, professeur agrégé à l’IEPO/UT, fait une mise en garde : l’enseignement et l’apprentissage ne sont pas dictés par une quelconque science magique. Pour lui, la programmation neurolinguistique peut être très attirante pour les enseignantes et enseignants qui tendent à incorporer le plus de stratégies le plus rapidement possible. Il rappelle qu’il faut des études à long terme pour vérifier la valeur de l’explosion de la recherche sur le fonctionnement du cerveau.

Pourtant, les enseignantes et enseignants comme Liz Jones-Twomey répondent aux innovations neurolinguistiques comme tout enseignant chevronné sait le faire : en lisant, en apprenant, en expérimentant et en se servant de ce qui fonctionne pour elle et ses élèves dans la classe.

Brad Robertson est directeur de la Westvale Public School à Waterloo. On peut communiquer avec lui à robertson@sympatico.ca

Pour en savoir plus sur la programmation neurolinguistique

Sousa, David, How the Brain Learns (National Association of Secondary School Principals, 1995). Regard sur 15 années de recherche sur le fonctionnement du cerveau et sur ce que cela signifie pour les élèves. L’auteur apporte un nouvel éclairage sur les méthodes pédagogiques efficaces et l’apprentissage qui fait le meilleur usage de la mémoire, de l’attention et des modèles de rappel. Le chapitre intitulé Practitioner Corners incorpore recherche et méthodes pédagogiques. Voilà un ouvrage pratique et facile à lire, peu importe le niveau auquel vous enseignez.

Jensen, Eric, Brain Compatible Strategies (Turner Point Publishers, 1997). L’auteur a passé la majeure partie de sa vie à lier la recherche sur le cerveau aux applications en classe. Il a écrit de nombreux ouvrages sur ce sujet, notamment The Learning Brain (Turning Point Publishers, 1994) et Superteaching (Turning Point Publishers, 1995). Dans ce livre, vous trouverez pour vous et vos élèves des activités amusantes qui sont directement liées à une recherche reconnue sur la façon d’apprendre. Eric Jensen n’inclut pas beaucoup d’information technique sur ces activités, mais plutôt une longue liste de ressources pour chacune d’entre elles. Bon nombre d’activités pourraient être considérées comme faisant partie d’un enseignement de qualité même si nous ignorons comment elles fonctionnent. Cet ouvrage vous donne la raison d’être de vos bonnes méthodes pédagogiques ainsi que de bonnes idées d’activités pour le cerveau.

Jensen, Eric, Introduction to Brain Compatible Teaching (Turner Point Publishers, 1998). L’enseignement approprié au cerveau est une méthode multidisciplinaire fondée sur la recherche qui dit quelles sont les conditions les plus favorables pour que le cerveau apprennent. Ce livre en présente au lecteur les fondements et lui donne une bonne idée des principales différences entre la méthode appropriée au cerveau et les méthodes traditionnelles. C’est une lecture à ne pas manquer pour l’enseignante ou l’enseignant qui lit sur le sujet pour la première fois.

Campbell, Don, The Mozart Effect (Avon Books, 1997). On sait que la musique peut influencer notre humeur, nous rendre heureux, triste, nous faire réfléchir, nous inspirer. On sait maintenant aussi que le pouvoir de la musique est encore plus vaste. Cet ouvrage présente la recherche sur le lien entre l’apprentissage, la créativité et l’exposition à la musique. Il montre comment le son et la musique peuvent stimuler l’apprentissage et la mémoire et comment certains types de musique peuvent ralentir les ondes du cerveau et les rendre ainsi plus susceptibles à l’apprentissage.

Hannaford, Carla, Smart Moves (Great Ocean Publishers, 1995). Cette neurophysiologue et éducatrice nous dit pourquoi il faut bouger pour apprendre. Elle nous dit aussi dans un langage accessible quels moments sont les plus favorables à l’apprentissage.

Making Connections (Addison Wesley, 1994), de Caine et Caine, et Accelerated Learning for the 21st Century (Delacorte Press, 1997), de Colin Rose, sont deux autres ouvrages à conseiller.

Voici quelques sites web à visiter : Jensen Learning Corp. www.TheBrainStore.com ; Association for Supervision and Curriculum Development www.ascd.com ; Learning Research and Development Center www.lrdc.pitt.edu/; et Education Commission of the States www.ecs.org