de Paris Meilleur, Elizabeth Moore et Betsy Reilly
À lautomne 1996, Paris Meilleur, élève de 6e année, parlait de ses
lectures dété avec son ancienne enseignante de 1re année, Betsy Reilly. Paris se
plaignait que le curriculum lui laissait peu de temps pour entreprendre des projets
personnels et que les classes nombreuses laissaient peu de temps aux enseignantes et
enseignants pour travailler individuellement avec chaque élève. Elle voulait étudier
des sujets qui lintéressaient tout particulièrement.
Betsy Reilly a suggéré un groupe de recherche extrascolaire; cest ainsi
quest né le Groupe détude Zlata à la St. George Public School à London.
La première année, neuf élèves de 6e, 7e et 8e année ont participé à ce
programme extrascolaire. La deuxième année, 28 élèves, y compris six de la première
année, y ont participé. Chaque élève a choisi un sujet qui ferait lobjet
dune recherche de six mois. Avec laide de mentors, les élèves ont étudié
divers sujets, nommément : les châteaux médiévaux, les Celtes dÉcosse au
temps de linvasion romaine, Elizabeth I, la vie privée dHitler, la famine
dIrlande causée par la maladie de la pomme de terre, le mouvement des droits de la
personne aux États-Unis, la pêche au lancer, les enfants Bernardo, la psychothérapie et
les grands noms de la musique rock.
Lengagement de lélève, et non les résultats scolaires, constitue le
critère dadmission au groupe. En outre, lélève ne doit pas prendre de
retard dans ses travaux scolaires. Le programme Zlata vise à compléter les devoirs
décole et non à les remplacer.
Le nom du programme est celui dune jeune fille de Sarajevo dont le journal a
été publié en 1994 sous le titre Le journal de Zlata. Ce livre a ouvert les yeux
du monde aux conséquences du conflit bosniaque sur la population locale. Son journal a
servi de modèle sur limportance de la recherche et de lécriture.
MENTORS DE LUNIVERSITÉ
La plupart des mentors du Groupe détude Zlata sont membres de la Pre-Education
Society de lUniversité Western Ontario. Ces étudiantes et étudiants visent à
être admis à une faculté déducation et à exercer une carrière en enseignement.
Shelly Lyford, bénévole et coordonnatrice en placement de cet organisme, recueille les
demandes de mentors potentiels et effectue le jumelage entre un élève de
lélémentaire et un universitaire.
Parfois, les jumelages se fondent sur le sujet. Une élève de lécole St. George
qui voulait faire une recherche sur la controverse entourant lexploitation des
forêts de Temagami a travaillé avec une étudiante de Western qui participait à la
préservation des forêts de Temagami. Bien que le choix du sujet importe pour
lélève, laccent du programme est mis sur les méthodes de recherche et de
présentation des résultats.
Le sexe du mentor est aussi un facteur déterminant dans un jumelage. La plupart des
jeunes filles de lélémentaire insistent pour avoir une étudiante universitaire
comme mentor. Il est beaucoup plus difficile de trouver des étudiants à jumeler aux
jeunes garçons.
Lélève et son mentor travaillent ensemble une fois la semaine, doctobre
au début davril, pour déterminer un sujet, recueillir et organiser les données,
ainsi que préparer et corriger la présentation. Les rencontres entre lélève et
le mentor se font pendant les heures de classe à une période jugée acceptable par
lenseignante ou lenseignant. Les rencontres ont habituellement lieu à la
bibliothèque de lécole St. George où lenseignant-bibliothécaire David
Zavitz fournit les ressources et assure la supervision de la recherche.
Les membres du groupe se rendent également à la bibliothèque municipale de London
où Dalilah Cummings, bibliothécaire de la collection pour enfants, les familiarise à
diverses ressources livres, périodiques, entrevues, Internet, bandes audio et
vidéo situées dans des sections autres que celle réservée aux enfants.
Les élèves du Groupe Zlata font leur présentation finale à leur classe, souvent
aussi devant les mentors et les parents. Le matériel de recherche, y compris une fiche
dexplication, est présenté à loccasion dune réception à
lintention des mentors et des parents.
Le groupe détude a gagné la faveur des parents. Maureen Scarborough, dont le
fils Neil a effectué une recherche sur la pêche, a dit : «Jai peine à
croire tout le temps quil a consacré au projet de recherche. Pendant des mois, il
ny en avait que pour son mentor et à quel point il avait hâte de travailler avec
lui.»
La réception permet également aux élèves de remercier leur mentor publiquement. En
plus des remerciements dusage, les mentors tirent dautres avantages de cette
relation. «Je naurais jamais cru que des jeunes sintéressent à des sujets
de cette nature! Chaque fois que je travaille avec mon élève, japprends quelque
chose», ajoute Marc Laurente, un mentor.
Pour les autres, la participation au Groupe Zlata solidifie leur plan de carrière.
Andrea Pyper, étudiante à lUniversité Western, insiste : «Ma participation
au programme ma persuadée que javais pris la bonne décision en choisissant
lenseignement.»
LE MENTORAT : LA CLÉ DU SUCCÈS
Elizabeth Moore et Paris Meilleur, deux élèves de 7e année, et Betsy Reilly,
coordonnatrice du Groupe Zlata, ont interviewé des élèves et des mentors qui ont
participé à la première année du programme en 19961997. Elles voulaient en
savoir plus sur la façon de travailler entre élèves et mentors, sur ce quils
percevaient comme étant efficace, à conserver, à modifier ou encore à éliminer. Les
résultats obtenus ont ensuite servi à organiser le Groupe Zlata pour la prochaine
année.
Daprès les entrevues, la relation élève-mentor constituait lélément le
plus réussi. Les élèves ont non seulement pu forger de nouvelles amitiés, mais ils ont
aussi pu découvrir leur potentiel.
Isabel Mercier, étudiante en philosophie qui a travaillé avec deux élèves de 7e
année, a dit : «Si la plupart des filles avaient la possibilité de profiter de
cette expérience, elles ne deviendraient pas aussi timides. Je crois vraiment quil
est utile que quelquun te dise : "Tu sais, je suis intelligente et cela ne fait
pas nécessairement de moi une abrutie ou une indésirable".»
La plupart des jumelages ont été positifs, mais lun dentre eux a mal
tourné parce que le mentor ne respectait pas les périodes de rencontre prévues.
Lélève sest découragé et a presque abandonné son projet de recherche.
Après cette expérience, il a été suggéré de sassurer de présenter le projet
en détail au mentor potentiel et deffectuer la sélection des mentors plus
soigneusement.
Lors de la deuxième année, malgré une préparation et des communications
améliorées, la même proportion de jumelages, soit dix pour cent, a échoué.
Heureusement, ces échecs ont été détectés tôt et de nouveaux mentors ont été
assignés.
En outre, on suggère quun mentor ne travaille quavec un seul élève, et
non deux, et que lon tienne des réunions régulièrement afin que chaque mentor
soit davantage en contact avec lenseignante ou lenseignant responsable de la
coordination et les autres mentors. Les mentors ont indiqué avoir besoin quon les
rassure pendant la période de ralentissement, en janvier, quand les élèves ne sont pas
encore remis de leurs vacances. Vers la fin du programme, les mentors veulent des attentes
plus claires quant à la présentation des travaux et à leur rôle dans la
correction-révision.
VERS LA TROISIÈME ANNÉE
Le Groupe détude Zlata est sur le point damorcer sa troisième année et
devrait fournir une riche expérience aux élèves de lélémentaire et à leurs
mentors universitaires.
Peter Ainsworth dit, tout comme les parents dautres membres du Groupe Zlata,
quil est heureux de «voir, en plus des sports et de la musique, une activité
extrascolaire pour les élèves axée sur la recherche.»
Pour les mentors, le programme permet dacquérir de lexpérience et de
parfaire leurs connaissances. Les élèves qui ont donné lélan au programme
continuent de faire preuve denthousiasme. Leurs mentors leur servent
dinspiration. Pour Devon Hysen, une élève : «En passant du temps avec mon
mentor, jai senti que je pouvais devenir une étudiante comme elle.»
Emma Jolliffe résume le tout ainsi : «Ce que jaime le plus du Groupe
Zlata, cest que je peux étudier un sujet qui mintéresse. Jaime passer
du temps avec mon mentor qui croit que mes intérêts sont importants, mais qui ne me
laissera pas faire tout ce que je veux.»