Une première : trois universités
ontariennes passent par l’agrément initial
de Rick Chambers, Lise Presseault et Laura Sheehan
D’après Linda Darling-Hammond de l’Université Columbia,
l’indicateur le plus important dans l’apprentissage de l’enfant est la
compétence de l’enseignante ou de l’enseignant. «Autrefois, nous pensions que
le succès de l’élève se fondait uniquement sur sa compétence. Maintenant, nous
savons que la réussite scolaire d’un élève est le résultat de la compétence de
l’enseignante ou de l’enseignant et du travail de l’élève.»
Avec d’autres chercheurs, elle a fait la preuve du lien entre une solide
pédagogie et des programmes de formation initiale à l’enseignement où les
étudiantes et étudiants font un apprentissage sur les matières à enseigner, le
curriculum, les liens entre la connaissance et les acquis, l’importance des objectifs
de l’élève, les compétences que les élèves doivent acquérir, la structure
imposante requise pour appuyer l’apprentissage de l’élève, les comportements
de l’élève et des enseignantes et des enseignants, ainsi que l’importance
d’avoir la réaction des mentors, des collègues et des amis.
L’Ordre met au point un processus d’agrément des programmes de formation
initiale à l’enseignement fondé sur des recherches de ce type. Comme toute autre
profession autoréglementée, la profession enseignante agrée les facultés pour
s’assurer que leurs programmes appuient les normes d’exercice de la profession,
pour favoriser l’amélioration des programmes et pour assurer la transparence.
L’année dernière, l’Ordre a mis sur pied un projet pilote qui
s’échelonnera sur trois ans pour agréer les 11 facultés d’éducation. Trois
établissements ont déjà passé par ce processus et, le 12 juin, le comité
d’agrément de l’Ordre a étudié les rapports de trois panels et accordé
l’agrément initial aux universités Laurentienne, Nipissing et Queen’s.
LE PROJET PILOTE
Au départ, le comité d’agrément a travaillé avec deux sous-comités composés
de personnes représentant l’Ontario Association of Deans of Education, ainsi que des
membres et du personnel de l’Ordre en vue d’élaborer un processus et des
critères d’agrément. Ils ont envoyé une ébauche de ces lignes directrices aux
deux facultés et à l’école concernées ainsi que des suggestions. Les lignes
directrices décrites dans le Manuel d’agrément initial de l’Ordre sont
le résultat de cette collaboration.
Le comité d’agrément a indiqué quels éléments étaient requis pour prouver
que les programmes offerts par une faculté d’éducation répondaient aux critères
de l’agrément initial : cours, renseignements sur l’inscription, critères
d’admission et d’obtention du diplôme, politiques de l’université et de
la faculté, renseignements financiers, curriculum vitæ des membres du corps professoral,
technologie, partenariats avec la communauté et d’autres établissements, ententes
de stage, et un cadre conceptuel cohérent.
Au cœur de ce processus, en plus des trois établissements, se trouvaient les
membres des panels d’agrément. Chaque panel comptait jusqu’à cinq
personnes : une personne nommée par l’université visée par
l’évaluation, un membre de l’Ordre et des membres du comité d’agrément
ou du conseil de l’Ordre.
Le panel d’agrément de l’Université Laurentienne se composait de Lorraine
Dionne-Laurin, nommée par l’université, autrefois du Conseil scolaire de district
catholique de Sudbury; de Jean Grisé, membre de l’Ordre et à l’emploi du
Conseil scolaire de district catholique des Grandes Rivières à New Liskeard; ainsi que
de Paul Charron, Michel Gravelle et Marilyn Laframboise, tous membres du conseil.
Au sein du panel d’agrément de l’Université Nipissing, on trouvait Avis
Glaze, nommée par l’université, du Conseil scolaire de district de York et
anciennement commissaire à la Commission royale sur l’éducation; Ron Leeking,
membre de l’Ordre et à l’emploi du Conseil scolaire de district de Kawartha
Pine Ridge; ainsi que Donna Marie Kennedy, Cecilia Reynolds et Frances Thorne, membres du
comité d’agrément.
Enfin, le panel d’agrément de l’Université Queen’s se composait de
Callista Markotich, nommée par l’université et à l’emploi du Conseil scolaire
de district catholique Algonquin et Lakeshore; de Martha Dutrizac, membre de l’Ordre
et à l’emploi du Conseil scolaire de district catholique de London; ainsi que de
Larry Capstick et Frances Thorne, membres du comité d’agrément.
VISITE SUR PLACE
En mars, les membres de chacun des trois panels ont participé à des séances de
formation aux bureaux de l’Ordre, puis lu les documents soumis par la faculté ou
l’école respective. Ensuite, ils se sont rendus sur place pendant cinq jours.
Dans chaque cas, le panel a travaillé à huis clos à son arrivée le dimanche pour
passer en revue les documents et composer les questions pour les entrevues du lendemain.
Parmi les personnes interviewées se trouvaient la directrice ou la doyenne et son
adjoint, le recteur, le vice-président aux affaires scolaires, les membres du corps
professoral, le registraire, le bibliothécaire, le personnel du bureau des stages, des
étudiantes et étudiants, des chargés de cours, des administrateurs des conseils
scolaires de district associés, des anciens, des membres du comité consultatif du
personnel enseignant et autres.
Le jour suivant était consacré à une visite de l’établissement et d’une
orientation générale de l’université. L’école ou la faculté avait
également préparé une salle où étaient exposés les travaux des étudiantes et
étudiants ainsi que du matériel. Portfolios, projets de recherche-action, vidéos de
leçon, retour sur les stages, projets et modèles d’étudiantes et
d’étudiants, curriculums, cédéroms, renseignements sur des sites web et autres
documents étaient exposés à l’intention des membres du panel.
Les entrevues ont commencé tôt et se sont terminées tard. Les panelistes ont passé
leurs soirées à revoir les observations et renseignements recueillis plus tôt dans la
journée et à préparer les questions des entrevues du lendemain.
Le mercredi soir, le panel avait terminé ses entrevues. On prévoyait que le rapport
et les recommandations du panel seraient prêts avant le départ des membres le jeudi.
Chaque panel a travaillé tard le soir pour en arriver à un consensus.
On avait prévenu l’Ordre que tenter de rédiger le rapport sur place ne
permettrait pas une mûre réflexion. En effet, le jeudi après-midi, chaque panel, de
lui-même, avait décidé que l’ébauche du rapport devrait suffire pour le moment et
que le groupe devrait se réunir deux semaines plus tard pour compléter la rédaction.
Chaque panel avait pour mandat de recueillir de l’information et de formuler des
observations sur le programme. D’après ce qu’ils ont appris, les membres de
chaque panel ont formulé des recommandations que la faculté a étudiées afin de prendre
les mesures en conséquence avant la prochaine ronde d’agrément.
La recherche, les entrevues et les observations du panel ont formé la base de la
mention d’agrément accordé par le comité d’agrément qui a étudié chaque
rapport le 12 juin et pris un vote accordant ainsi l’agrément initial aux
universités Nipissing et Queen’s et l’agrément conditionnel à
l’Université Laurentienne.
DES LEÇONS POUR LA DEUXIÈME RONDE
La prochaine étape du processus d’agrément consiste à mettre en pratique les
leçons apprises pendant la première ronde. Dany Laveault, évaluateur de
l’Université d’Ottawa, a effectué une étude du processus. Ses
recommandations, ainsi que les commentaires et suggestions des personnes et groupes
intéressés qui ont répondu à l’appel de l’Ordre font partie de la deuxième
version du Manuel d’agrément initial. En outre, le manuel comprendra
l’ébauche intitulée Normes d’exercice de la profession enseignante, juillet
1998 élaborée par le comité des normes d’exercice de la profession et
d’éducation de l’Ordre.
Pendant l’été, les quatre prochains programmes devant être revus, soit ceux des
universités d’Ottawa – français et anglais – de Windsor et York, ont
commencé à travailler avec l’Ordre pour se préparer. D’ici la fin de la
troisième année, les 11 facultés auront passé par le processus d’agrément
initial.
Dans The Right to Learn (1997), Linda Darling-Hammond dit : «Les
professions se servent de stratégies comme l’agrément d’écoles
professionnelles et l’évaluation par les pairs sur le site même comme moyens
d’évaluer, de critiquer et d’améliorer l’exercice de la profession.»
Le projet d’agrément des facultés d’éducation représente une étape
importante dans l’atteinte de notre but ultime : améliorer le rendement des
élèves en favorisant la formation des enseignantes et des enseignants.
Rick Chambers, Lise Presseault et Laura Sheehan sont agents de programme à
l’Unité d’agrément de l’Ordre de enseignantes et des enseignants de
l’Ontario.