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Disséquer la technologie
Gadgets, accessoires et applis à gogo conçus pour votre salle de classe.
de Stefan Dubowski
Les pédagogues utilisent les nouvelles technologies pour enrichir les expériences des élèves.
Mais bon nombre d’entre eux restent sceptiques sur le rôle que la technologie devrait jouer en éducation. Certes, les tablettes et les téléphones intelligents proposent une nouvelle façon de transmettre des renseignements et d’aider les élèves à acquérir des compétences essentielles. Mais quels sont les risques? Les élèves comprennent-ils les dangers du partage d’informations en ligne? La tendance vers la technologie creuse-t-elle un fossé entre les enfants qui possèdent une tablette et ceux qui n’en ont pas?
Maintenir un équilibre entre les avantages et les inconvénients est un défi que doivent relever les enseignants de l’Ontario. Nous avons enquêté sur les questions suivantes : Quels sont les types de technologie les plus utiles aux pédagogues et aux élèves? Les ordinateurs portables sont-ils plus pratiques que les tablettes? Les tableaux blancs interactifs ont-ils fait leur temps?
De plus, nous avons découvert plusieurs applications pédagogiques et demandé aux enseignants de la province de les tester.
Qu’avons-nous appris? Malgré l’éventail d’options, les pédagogues préfèrent les produits d’une marque en particulier (petit indice : «A» comme…). Les applications ne sont pas toutes à la hauteur de la publicité. L’enquête a aussi révélé quelques vérités sur l’enseignement au sein d’une génération branchée.

Quel est le plus pratique suivant l’usage?
Ordinateur portable
Pour : À usages multiplesContre : Coûteux
Légers et puissants, ces appareils polyvalents donnent accès à une vaste gamme de logiciels, mais ils peuvent s’avérer coûteux (de 500 $ à 2 000 $). Certains conseils scolaires s’intéressent aux petits ordinateurs portables fonctionnant sous le système Chrome de Google. À environ 250 $ chacun, ils établissent une connexion rapide avec les applications en ligne de Google, dont Docs pour le traitement de texte et Drive pour l’archivage de fichiers. Richard Grignon, EAO, enseignant de commerce et de français à l’Earl of March Secondary School à Kanata distribue des Chromebooks aux élèves à utiliser en classe. Étant donné que les fichiers sont en ligne, les élèves ont accès à l’information de leur ordinateur personnel à la maison.
Téléphone intelligent
Pour : OmniprésentContre : Pas aussi puissant que la tablette
Plus petits que les tablettes, les téléphones intelligents sont populaires auprès des élèves. «Les enfants en ont un en poche, affirme Todd Wright, EAO, administrateur du programme des technologies de l’information et de la communication pour le York Region District School Board. Certains écrans sont plus grands qu’auparavant et donc plus utiles.» Par contre, les téléphones intelligents, comme l’iPhone d’Apple, le Galaxy S III de Samsung et le Z10 de BlackBerry, ne sont pas aussi puissants que les tablettes et les ordinateurs portables, limitant ainsi le nombre de logiciels téléchargeables sur les appareils de poche. Malgré cela, des milliers d’applications sont en vente dans iTunes et Google Play. BlackBerry et Windows Phone 8 en offrent moins (pour l’instant).
Tablette
Pour : PortableContre : Pas aussi puissante qu’un ordinateur portable
Les appareils à écran tactile donnent accès à une variété d’applications dans les magasins en ligne tels iTunes, Google Play et BlackBerry World. Les utilisateurs peuvent acheter un clavier afin de transformer les tablettes en pseudo-ordinateurs portables. Le prix de l’iPad d’Apple, du PlayBook de BlackBerry et de la tablette Galaxy de Samsung varie de 150 $ à 800 $. Tanya Morton, EAO, enseignante-ressource en technologie pour l’Upper Grand District School Board, compte sur son iPad tous les jours. Comme nombre de pédagogues branchés, elle a choisi la tablette d’Apple pour accéder à plus de 700 000 applications. Mme Morton en a découvert plusieurs qui sont particulièrement utiles, y compris Notability pour prendre des notes, Popplet pour organiser ses idées et Typ-O pour aider les élèves à trouver le mot juste.
Quatre applis sous la loupe
Snapseed : La Technical Image Press Association a nommé Snapseed (pour les appareils d’Apple et Android) la meilleure application photographique de 2012. Snapseed permet de rehausser, transformer et partager des photos. Nicole Powell, EAO, enseignante de technologie des communications à la Mary Ward Catholic Secondary School à Toronto, affirme que l’application est utile aux photographes tant novices que chevronnés, car elle permet aux pédagogues et aux élèves d’agrandir certains segments et d’en accentuer les couleurs et le contraste. Toutefois, pour en profiter pleinement en classe, il faudrait fournir des tablettes à tous les élèves.
Group Games : Cette application pour les appareils Android contient les règles et les directives de plus de 50 jeux qui favorisent le travail d’équipe, le leadership et la confiance en soi. Le concepteur soutient que le logiciel offre des activités convenant à divers groupes d’âge, mais Sarah Feddema, EAO, affirme qu’il sied mieux aux élèves de 4e année et plus. Enseignante suppléante de plusieurs matières pour le Durham District School Board, Mme Feddema aime ce guide d’activités physiques et ludiques. Toutefois, les jeux ne doivent pas remplacer le programme de conditionnement physique.
ClassDojo pour enseignants : Développée pour les appareils d’Apple et Android, ClassDojo aide les enseignants à améliorer la manière d’agir en classe. Les pédagogues l’utilisent pour sauvegarder des renseignements sur le comportement des élèves, récompenser la bonne conduite et produire des rapports pour les parents et les administrateurs. Kathleen St. Aubin, EAO, enseignante de 8e année à l’école élémentaire catholique Sainte-Thérèse à Windsor, dit que ClassDojo est facile à utiliser et à personnaliser. Bien qu’il ne soit offert qu’en anglais, elle a toutefois réussi à y noter des observations en français.
Notes for Little Composers : Pour bon nombre d’enfants, les premières leçons de musique sont passionnantes, mais perdent de leur attrait quand elles deviennent plus difficiles. Grâce à Notes for Little Composers pour les appareils d’Apple, les enseignants ajoutent une touche de gaieté à l’apprentissage de la musique. Kelly Webster, EAO, enseignante de musique à la Southwood Public School à Windsor, dit que l’application fait fausse note en ignorant la clef de fa. En outre, la fonction «questionnaire» affiche la réponse avant de laisser aux élèves le temps de répondre. Mme Webster recommande plutôt Music for Little Mozarts.
Tableau blanc interactif
Pour : Technologie éprouvéeContre : Souvent utilisé à tort
Les enseignants utilisent les tableaux blancs interactifs (TBI) depuis 2003. Cependant, ils ne tirent pas toujours le maximum des fonctionnalités de ces systèmes d’affichage électronique. En plus de s’en servir comme simple projecteur, les enseignants et les élèves se doivent d’exploiter la fonction interactive du tableau pour illustrer des idées ou démontrer le cheminement de la pensée. «Pourvu que les élèves les utilisent, les TBI sont fantastiques, déclare Mme Morton de l’Upper Grand District School Board. Sinon, autant avoir un tableau ordinaire.» Todd Wright du York Region District School Board a testé des technologies comme Apple TV et AirServer, qui permettent aux enseignants d’établir un lien entre les TBI et les tablettes et téléphones intelligents. La connexion favorise l’interactivité en classe et incorpore les appareils des élèves à l’expérience des TBI.
Qui contrôle le contenu?
Instagram, service de partage de photos en ligne, a souffert d’une publicité négative sur ses conditions de service l’an dernier. Le service avait modifié son contrat d’utilisation afin de s’approprier les photos téléchargées vers ses serveurs et de les utiliser sans la permission des photographes.
Instagram les a depuis modifiées afin de limiter l’utilisation qu’il fait du matériel des utilisateurs, ce qui soulève une question pour les pédagogues : Qu’advient-il du matériel téléchargé vers les didacticiels par les enseignants et les élèves? Si un pédagogue crée un plan de leçon numérique et le télécharge vers un service d’enseignement en ligne, appartient-il toujours au pédagogue? Ou appartient-il au fournisseur de service?
La plupart des services en ligne précisent que le contenu appartient au créateur, et non au fournisseur. Les enseignants doivent examiner les conditions de service et ne les accepter que si l’entente leur convient. Ils doivent aussi expliquer aux élèves les risques potentiels et ce à quoi ils consentent en s’inscrivant aux services web ou en nuage.
Les services gratuits sont encore plus périlleux. Parfois, les fournisseurs offrent des services gratuits parce qu’ils prévoient vendre les données qu’ils recueillent à d’autres entreprises afin de générer un revenu. Lisez les conditions de service. Découvrez ce que le fournisseur a le droit de faire avec les données téléchargées vers ses serveurs. Vérifiez toute mention suggérant qu’un tiers (une personne ou organisation autre que l’utilisateur et le fournisseur de service) peut accéder au contenu.

Il existe des milliers de programmes éducatifs pour les téléphones intelligents et les tablettes. Quelles sont les applications les plus pratiques? Lesquelles faut-il laisser tomber? Nous en avons trouvé plusieurs pour les pédagogues et d’autres pour les élèves. Découvrez ce que ces aides électroniques vous offrent et la cote que les enseignants leur donnent.
Educreations :
Disponible en ligne ou depuis un appareil d’Apple, Educreations permet de créer et de partager des vidéos. Élèves et enseignants peuvent réaliser de courts vidéoclips qui incorporent des narrations et des notes manuscrites pour illustrer les leçons ou faire des présentations. Comparez Educreations à un tableau blanc interactif enregistrable. L’entreprise soutient que le créateur reste propriétaire de toute matière téléchargée vers le service. Janet Vander Ploeg, EAO, enseignante de 2e et 3e année à la Grand Valley and District Public School à Grand Valley, utilise Educreations dans ses cours. Selon elle, l’application aide les élèves à expliquer le cheminement de leur pensée et elle en recommande l’utilisation. Toutefois, elle souligne qu’on ne peut modifier les vidéos. En cas d’erreur, il faut tout recommencer.
(POUR LES PÉDAGOGUES)
Flashcardlet :
Conçu pour les iPhone, iPad et autres appareils d’Apple, Flashcardlet facilite l’étude de plusieurs matières par des exercices intensifs rapides effectués avec des fiches. Les utilisateurs téléchargent le matériel offert par des fournisseurs tels Brainscape et Quizlet dans leurs jeux de fiches, qu’ils peuvent ensuite partager. Kelly Smyth, EAO, enseignante à Oakville, affirme que Flashcardlet est un excellent outil pour mémoriser les leçons et elle aime le fait que les élèves peuvent partager les jeux de fiches. Par contre, elle est d’avis qu’il est difficile d’y inscrire des renseignements et souligne que les boutons «Delete» et «Done» sont très proches l’un de l’autre : l’élève pourrait, par mégarde, effacer un jeu entier. Malgré tout, l’application en vaut la peine.
(POUR LES ÉLÈVES)
Grades: Student Organizer :
Cette application Android est conçue pour aider les élèves à respecter leur horaire, à organiser leurs devoirs et à remettre leurs travaux à temps. Les élèves peuvent calculer le résultat de leurs tests et faire le suivi de leurs moyennes pondérées cumulatives. Student Organizer s’intègre au calendrier de Google, ce qui permet d’utiliser un seul calendrier à partir de tout portable ayant accès à l’internet. Marc Paradis, EAO, enseignant de géographie et d’actualité mondiale à la St. Pius X Catholic High School à Ottawa, déclare que l’application ne vaut pas le coût du téléchargement. Selon lui, l’installation est complexe et la navigation pénible. «Des tas de logiciels d’attribution de notes existent sur le marché; celui-ci ne m’intéresse pas.»
(POUR LES ÉLÈVES)
Clipix :
Disponible en ligne ou depuis un appareil d’Apple ou Android, Clipix facilite l’organisation et la sauvegarde de liens, d’images et de vidéos. De plus, les élèves peuvent partager des vidéoclips avec leurs camarades – parfait pour les projets en groupe. Tanya Morton, EAO, pédagogue ressource en technologie pour l’Upper Grand District School Board, affirme que Clipix est difficile à installer. «Les élèves ne pourront pas lancer l’application eux-mêmes», dit-elle. Clipix recueille aisément des renseignements en ligne, mais sa configuration ne semble pas convenir à l’iPad (l’appareil que Mme Morton a utilisé pour tester le logiciel). Les images paraissent floues à l’écran, comme si l’application avait été conçue pour un écran plus petit comme celui de l’iPhone et non de la tablette.
(POUR LES ÉLÈVES)
Pépites technologiques
Plateforme de blogue convivial pour élèves
Développé par des enseignants, Kidblog.org présente une plateforme de blogage tout à fait différente. Les pédagogues peuvent l’utiliser pour donner aux élèves leur propre blogue pour publier des commentaires et participer à des discussions sur les leçons et les travaux. Les créateurs affirment que Kidblog permet de faire l’apprentissage de la citoyenneté numérique et de développer des compétences en écriture. Le service n’affiche aucune publicité et les élèves n’ont pas à fournir d’adresse électronique pour y participer.
Groupes LinkedIn pour enseignants
Emergingedtech.com est une ressource en ligne qui offre une liste de groupes LinkedIn pour les enseignants. L’International Association of Academic Professionals offre une approche globale au partage des meilleures pratiques pédagogiques; Teacher’s Lounge répond aux besoins des enseignants du jardin d’enfants à la 12e année; Technology Integration in Education fournit des moyens novateurs de joindre la technologie à l’éducation; et E-Learning 2.0 exploite les techniques et technologies de l’apprentissage en ligne.
Les enseignants affirment que la toile a tout changé
Selon un sondage en ligne mené par Pew Research Center auprès de pédagogues d’écoles intermédiaires et secondaires, 92 p. cent ont affirmé que l’internet a un effet important sur l’accès aux ressources pédagogiques; 69 p. cent ont dit que l’internet améliore leur capacité à partager des idées avec d’autres pédagogues; 67 p. cent ont déclaré que la toile augmente leur capacité d’interagir avec les parents; et 57 p. cent ont affirmé que la toile favorise les interactions avec les élèves.
Échangez, achetez et vendez des leçons en ligne
Vous croyez que votre dernier plan de leçon est génial? Pourquoi ne pas en profiter? Le site TeachersPayTeachers.com invite les enseignants à vendre, acheter et partager du matériel pédagogique. On soutient que le site héberge plus de 80 000 ressources gratuites et 500 000 produits payés, et compte plus de 1,75 million d’utilisateurs inscrits. Des produits mis en vente récemment incluent un jeu d’activités hivernales, une leçon de prévention contre l’intimidation et des directives pour la présentation d’une scène de Shakespeare en classe.
Rendre l’apprentissage amusant

English Idioms : Conçu pour les appareils de BlackBerry et Android, ce jeu confie aux élèves une petite créature, animée par le savoir, dont il faut s’occuper. La créature croît à mesure que l’élève répond aux questions sur les expressions idiomatiques anglaises. Caterina Cosentino, EAO, enseignante en affectation spéciale (coach en littératie et en numératie) pour le Dufferin-Peel Catholic District School Board, aime bien le concept du jeu. Cependant, les élèves s’ennuient vite, car l’application ne compte qu’une trentaine d’expressions. Knowledge Pets convient aux élèves qui aiment les choix multiples.

Poisson affamé : Grâce à cette application d’Apple, les élèves apprennent à additionner. En serrant des chiffres ensemble, ils résolvent des problèmes d’addition et nourrissent leur poisson, qui adore avaler des nombres. Offerte en français et en anglais, l’application Poisson affamé suscite l’intérêt des élèves dès l’âge de trois ans, dit Isabelle Cormier Richard, EAO, enseignante de 1re année à l’école élémentaire catholique Pierre-Elliott-Trudeau à Nepean. Cependant, l’offre «gratuite» est trompeuse : les enseignants déboursent jusqu’à 7 $ pour avoir accès à des fonctions supplémentaires, dont la soustraction.

Stick Pick : Choisissez un élève au hasard en agitant votre iPhone ou iPad. Il s’agit d’écrire le nom de vos élèves sur les bâtonnets de Stick Pick. Quand vous agitez votre portable, l’application en surligne un. Ainsi, vous êtes certain que tous les élèves ont la chance de participer. Lorelei Jenkins, EAO, enseignante de jardin d’enfants à la St. Bernard’s Catholic School à Orillia, affirme que Stick Pick est amusant et pratique, mais dispendieux pour les pédagogues qui se limitent à choisir des noms au hasard. Ceux qui veulent utiliser les autres fonctions, comme la capacité de faire le suivi des bonnes réponses, trouveront cette application plus utile.
Apple c. Android c. BlackBerry
Le marché regorge de tablettes et de téléphones intelligents. Apple, BlackBerry, appareils Android et autres… Les pédagogues ont l’embarras du choix. Quelle est la meilleure plateforme?
Si la popularité était le critère de sélection, Apple remporterait la palme. Davantage d’enseignants utilisent les produits d’Apple que tout autre produit sur le marché. Selon Ipsos Reid, entreprise d’études de marché, 29 p. cent des gens au Canada ont un iPhone. Résultat : Apple est en tête de l’industrie. Selon les données recueillies par l’Ordre, l’iPhone est le téléphone intelligent le plus populaire chez les enseignants.
«Les applications sont conviviales et à l’avant-garde du marché, explique Bill MacKenzie, EAO, président de l’Organisation ontarienne pour la cybernétique en éducation. Mais des problèmes importants de mise en œuvre à grande échelle subsistent.»
Par exemple, un enseignant prête un iPad à un élève pour créer une présentation en classe. Le procédé de sauvegarde hors tablette est complexe. Par conséquent, l’élève suivant aura accès au travail de l’élève précédent, ce qui présente un problème potentiel de protection des renseignements personnels. De plus, les administrateurs éprouvent des difficultés à faire la mise à niveau de plusieurs tablettes en même temps; certains élèves doivent travailler avec des applications désuètes.
Malgré la popularité d’Apple, certains conseils scolaires semblent préférer la plateforme de Google. Nombre d’entre eux achètent les ordinateurs portables légers Chromebooks de Google au lieu des tablettes iPad. «Le Chromebook fonctionne avec un clavier intégré; il est donc plus facile d’y taper des renseignements, remarque Richard Grignon de l’Earl of March Secondary School. Les tablettes sont parfaites pour donner des présentations, mais moins pratiques pour les produire.»