Des
      programmes de formation accessibles et offerts par des professionnels
      
      Les Centres et Réseaux de
        formation de lOntario ont été créés pour répondre aux besoins du personnel
        enseignant des écoles de langue française.
      
      de Jacqueline Pelletier
      
      Comment offrir des services de perfectionnement professionnel
      à moins de 10 000 enseignantes et enseignants répartis sur lensemble du territoire
        ontarien quand les ressources se font rares? Comment sassurer que la qualité des
        services offerts soit la même partout?
      La communauté franco-ontarienne a trouvé la
        réponse en créant les Centres et Réseaux de formation de lOntario.
      Tout comme les «teacher centres» dautrefois, les Centres
        et Réseaux trouvent leur fondement dans le principe «pour et par les enseignants».
        Ils élaborent des programmes et en assurent la prestation dans leur région respective,
        et fournissent des programmes de formation requis pour mettre en uvre les directives
        du ministère de lÉducation et de la Formation.
      Diane Chénier, présidente de lAssociation des
        enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), souligne que
      «
lefficacité dun programme de formation est directement liée au
        degré de participation des enseignantes et des enseignants au processus
        délaboration. Tant que les Centres et Réseaux respecteront ce principe dans
        lidentification des besoins et la prestation de leurs services, ils demeureront un
        outil de formation très valable pour les enseignantes et les enseignants de la
        province.»
      
      Fondés entre 1992 et 1995, les Centres et Réseaux de
        formation de lOntario sont des consortiums régionaux de conseils scolaires
        catholiques et publics, dassociations professionnelles et de partenaires divers,
        nommément les universités, les collèges et TFO. Il en existe six, soit un pour
        chaque région de lOntario : le sud-ouest, le centre, le centre-nord, le nord-ouest,
        le nord-est et lest. Tous ont pignon sur rue, mais ce qui les caractérise,
        cest quils uvrent sur lautoroute, virtuelle ou de bitume.
      Contrairement aux «teacher centres», il ne sagit donc
        pas de lieux de rassemblement. «Nos lieux de formation sont les 129 écoles et les
        sièges sociaux des conseils scolaires», déclare avec enthousiasme Lise Charland,
        coordonnatrice du Réseau de lest.
      Bref, on se déplace ou on se branche, car les enseignantes
        et les enseignants du système scolaire de langue française de la province ont accès à
        des programmes de perfectionnement professionnel de qualité, conçus pour eux et offerts
        en français.
      
      Le modèle : les «Teacher Centres »
      
      Longtemps, les programmes de perfectionnement professionnel
        offerts aux enseignantes et aux enseignants du système scolaire de langue française
        nexistaient tout simplement pas. Il fallait suivre des cours en anglais ou se rendre
        au Québec. En 1986, avec ladoption de la loi sur les services en français, le
        besoin de programmes sest accru encore davantage.
      Denyse Brisson, aujourdhui surintendante de
        léducation, est reconnue comme linstigatrice des Centres et Réseaux.
        Dans les années 80, elle travaillait au Centre danimation pédagogique (CAP) du
        Conseil des écoles séparées dOttawa.
      Selon Denyse Brisson, le CAP représente «
les premiers
        balbutiements des Centres et Réseaux». Son expérience au CAP et son inquiétude
        face à la pénurie des ressources lavaient convaincue de lurgence de créer
        de nouvelles structures axées sur la mise en commun par les enseignantes et les
        enseignants de leurs connaissances, de leur expertise et de leurs besoins.
      En 1990, Brisson participe à Toronto à la Conférence
        internationale sur les centres denseignants. «Il existait à cette époque un
        réseau pancanadien, le Network of Canadian Teacher Centres, mais dans le monde éducatif
        français de lOntario, rien. Pour en savoir plus, jai donc entrepris une
        tournée de centres denseignants en Angleterre, pays dorigine du concept.» 
      Denyse Brisson revient de cette aventure plus convaincue que
        jamais : il faut inventer un modèle où les éducatrices et éducateurs sont à la fois
        apprenants et experts. Avec quelques collègues et fortement appuyée par Raymond
        Chénier, alors sous-ministre adjoint au ministère de lÉducation, elle multiplie
        ses efforts de promotion : conférences, ateliers, forums, articles publiés dans les
        revues professionnelles, rencontres avec les décideurs; rien nest négligé.
      Ce travail porte fruit dès 1992 où elle conclut avec le
        ministère la première de six ententes qui donne naissance aux Centres et Réseaux de
        formation de lOntario. Denyse Brisson dirigera le tout premier : celui du centre
        de lOntario. 
      Au cours des trois ou quatre années suivantes, chaque
        région a reçu des fonds allant de 500 000 à 560 000 $. En 1996, le ministère a
        intégré les Services consultatifs de langue française (SCLF) dans les Centres et
        Réseaux. Cela représentait entre quatre et onze conseillères et conseillers
        pédagogiques par centre.
      Comme lexplique Robert Arsenault, coordonnateur des
        projets spéciaux à lOffice de la qualité et de la
        responsabilité en éducation : «Lintégration des SCLF permet de mieux
        arrimer les priorités provinciales aux priorités régionales. Ainsi les forces sont
        multipliées, ce qui permet de mieux cibler la formation à offrir et de poursuivre les
        objectifs locaux et ceux du ministère.»
      Les centres sont de plus en plus soutenus par les conseils
        scolaires de leur région : «Un conseil assume les frais du loyer, un autre
        soccupe de notre comptabilité et un troisième assure la supervision de nos
        activités, explique Danielle Lemieux, coordonnatrice dans la région du centre-nord. La
        collaboration est grande.»
      
      Collaboration à l'échelle provinciale 
      
      Cette collaboration se remarque aussi à léchelon
        provincial. En effet, les membres de lassociation provinciale des Centres et
        Réseaux se réunissent régulièrement, que ce soit en personne ou par
        téléconférence. Cette association analyse les besoins et élabore des stratégies de
        perfectionnement professionnel.
      Chaque année, les Centres et Réseaux se partagent
        les dossiers denvergure provinciale, comme léducation physique et la santé
        ou les arts. Chacun conçoit des programmes et les diffuse dans lensemble de la
        province. Par exemple, un cours de physique conçu en vertu dune entente de
        partenariat, notamment avec les centres du sud-ouest et du centre de lOntario et
        Contact Nord, est actuellement mis à lessai sur lInternet. 
      «Lesprit de partenariat est très fort entre les
        régions, ce que nous faisons, nous le mettons en commun, raconte Danielle Lemieux. Nos
      échanges produisent une synergie que jai rarement vue, et ça prend de
        lampleur.»
      La mise en commun élimine le dédoublement; Constance
        Legentil, coordonnatrice du centre du sud-ouest, explique : «Lorsque le nouveau bulletin a
      été introduit, notre centre a conçu un guide détaillé portant sur la gestion de
        laspect électronique du bulletin. Puis, on a offert une formation à distance à
        laquelle a participé un conseiller pédagogique de chaque région.»
      La coordonnatrice du centre de lest confirme : «On ne
        dédouble pas. Quand une région offre un service, dans la mesure du possible, on le
        partage. Notre mission est de maintenir la qualité de léducation et il faut
        collaborer et déployer tous les moyens pour y parvenir.»
      
      Services variés et sur mesure 
      Les services proposés par les Centres et Réseaux comprennent
        des ateliers thématiques, lobservation du personnel de direction dune école
        et des tables de réflexion pédagogique. Les thèmes abordés sont variés : leadership,
        administration des tests provinciaux, planification du curriculum, stratégies
        denseignement, etc. Si possible, les centres recrutent du personnel enseignant
        dexpérience de la région pour élaborer et mettre en uvre les programmes.
      Parfois, la demande vient directement dune enseignante
        ou dun enseignant qui la présente à sa direction qui, en retour, lachemine
        vers le Centre ou le Réseau de la région et négocie les modalités de prestation.
        Sil le faut, on crée une formation sur mesure. 
      Il arrive aussi quen effectuant sa planification, un
        conseil scolaire identifie un besoin de formation pour lensemble de son personnel
        enseignant. Le centre crée alors un plan de formation ciblé qui peut comprendre des
        modules existants ou nouveaux.
      Enfin, à une enseignante ou à un enseignant ayant un besoin
        particulier, on offre un appui personnalisé ou on loriente vers un service
        existant, dans une université de la région par exemple.
      Pas étonnant donc si plusieurs reconnaissent demblée
        que depuis lentrée en scène des Centres et Réseaux, la qualité, la
        diversité et le nombre des programmes de formation se sont grandement améliorés. Cours
        dété, formation du samedi, séries dateliers thématiques sétalant
        sur quelques soirées ou sur plusieurs semaines; dannée en année, le dédoublement
        des services disparaît devant la montée dune programmation orchestrée.
      
      Les défis de l'avenir 
      La création de douze conseils de langue française constitue
        un défi de taille pour les Centres et Réseaux. Ces conseils embrasseront-ils
        lesprit de concertation qui anime ces organismes? Choisiront-ils de consacrer les
        ressources financières requises pour assurer un appui solide au perfectionnement
        professionnel? 
      Selon Robert Arsenault, il le faudrait, car la prochaine
      étape, au-delà de la mise en commun des ressources, cest la conception dun
        plan de formation pour chaque district. Ce sont les mêmes écoles, les mêmes
        enseignantes et enseignants, les mêmes besoins quavant, répète-t-on dun
        bout à lautre de la province. Il suffit que les douze conseils collaborent pour que
        les Centres et Réseaux puissent poursuivre leur mission. Que chaque conseil se
        dote dun secteur de formation est peu probable et non souhaitable. Après tout, la
        concertation a fait ses preuves.
      Pour lui, la mise sur pied des Centres et Réseaux est
        arrivée à point. Sans eux, les programmes de formation offerts au personnel enseignant
        des sections et des petits conseils de langue française seraient rares et mal répartis.
      LOrdre des enseignantes et des enseignants de
        lOntario sera en mesure dagréer les programmes de formation et les organismes
        qui les offrent. Danielle Lemieux exprime sans doute le souhait de tous ses collègues en
        disant : «Il faut démontrer que nos Centres et Réseaux sont les mieux outillés
        pour offrir les programmes, et que nos services sont de la plus haute pertinence et
        dune qualité impeccable.»
      Les Centres et Réseaux sont connus  une culture
        dapprentissage moderne et dynamique est née. Lisolement géographique
        sestompe devant lampleur de la collaboration provinciale et lefficacité
        des technologies de communication. Le vaste territoire de lOntario sest en
        quelque sorte transformé en un village de lapprentissage au service des
        enseignantes et enseignants francophones. 
      
      Plus que jamais, les enseignantes et enseignants francophones
      ont accès à des services de perfectionnement professionnel de qualité, dans leur
      langue, quils uvrent en milieu urbain ou rural, dans les petits comme dans les
      grands conseils scolaires, catholiques et publics.