Même les étagères les plus solides ont peine à
résister au poids du nombre considérable des ouvrages promettant de faire autorité en
matière dInternet et de son impact sur nos vies. Pourtant, la plupart des livres,
malheureusement, passent bien à côté de leur objectif, car ils nincorporent pas
la vision et linfluence de nos experts en Internet : nos enfants et nos
élèves.
Dans son livre le plus récent, intitulé Growing Up Digital : The Rise of the
Net Generation, Don Tapscott propose une incursion souhaitée et éclairée dune
génération branchée et destinée à apporter des changements à presque tous les
aspects de notre société.
En Amérique du Nord, cette génération Internet compte plus de 80 millions
dadeptes, des enfants dâge préscolaire aux universitaires. Leurs parents
sont issus du baby boom et bien établis; contrairement à eux, leurs rejetons
sennuient devant la télévision à sens unique. Non seulement cette génération
comprend linteractivité immédiate et à voies multiples offerte par les nouveaux
médias électroniques, mais elle nen a jamais assez.
«Pour la première fois de lhistoire, les enfants sont plus confortables et
mieux informés que leurs parents sur une innovation essentielle de la société; et cela
déconcerte les parents», a dit Tapscott. Cela na rien à voir avec le conflit des
générations. Actuellement, on assiste au dépassement dune génération par une
autre plus jeune. Nos enfants sont désormais lautorité dans un monde de plus en
plus numérique où les adultes ont peine à maintenir le rythme du progrès.
Growing Up Digital est le fruit dune année de collaboration entre des centaines
de jeunes et dadultes répartis sur six continents reliés par lInternet.
Tapscott a créé un portrait somme toute anecdotique mais valable dune génération
articulée et remplie despoir que nous voyons tous les jours en classe.
Les éducatrices et éducateurs seront plus particulièrement intéressés par les
chapitres sur lesprit de la génération Internet (N-Gen Mind) et sur leur
apprentissage (N-Gen Learning). Ensemble, ces 72 pages savent nous convaincre quil
sagit bel et bien dune génération qui vit et pense dune façon toute
autre.
Les conclusions de lauteur déplairont aux tenants du statu quo en éducation,
mais si Tapscott vise juste, les écoles, les entreprises et les gouvernements doivent
subir des transformations de fond afin déviter une collision inévitable entre
générations où les perdants du monde numérique deviennent sans intérêt.
Une compression judicieuse aurait fait du bien à cet ouvrage. Tapscott, par moments,
reprend des éléments bien expliqués dans un chapitre précédent. Parents et
éducateurs remettront peut-être en question un certain nombre de généralisations sur
les comportements et les intérêts dont Tapscott se sert pour appuyer cette génération
de 2 à 22 ans.
Ce livre prédit un brillant avenir aux jeunes qui ont un accès illimité à
lInternet, mais demeure plutôt silencieux quant au sort réservé aux élèves qui
ne sont pas branchés.
Tapscott fournit des points de repère intellectuels irrésistibles pour quiconque veut
élever, éduquer, comprendre cette génération Internet sans peur ou même faire affaire
avec elle. Voilà une lecture intéressante. Noubliez pas de consulter le site web
du livre au www.growingupdigital.com.
Stephen Oliver enseigne au programme détudes sur les médias numériques à la
Central Huron Secondary School à Clinton.
En quelque 300 pages, The Right to Learn suit
le mouvement de réforme de léducation au cours des dernières années, fait le
point sur ses problèmes, nous rappelle ses réalisations et trace la voie à suivre pour
la profession enseignante et les décisionnaires avec lesquels nous devons travailler. Ce
livre de Linda Darling-Hammond est logique, bien documenté et convaincant.
Lauteure reconnaît que la réforme de léducation ne se réalisera que
dans les salles de classe où se trouvent des enseignantes et des enseignants novateurs,
informés et créatifs. Selon elle, «La possibilité de faire preuve defficacité
représente le facteur de motivation le plus important dans la décision de se joindre au
corps enseignant et dy rester. Il est à la base du désir de sengager et de
la volonté de travailler.»
Au chapitre sur la création de normes qui nentraîne pas la normalisation,
lauteure, incite les enseignantes et les enseignants à affirmer leur
professionnalisme grâce à lautoréglementation : «Les normes
dexercice
ne sont pas des ordonnances; plutôt, elles reflètent des normes et
des connaissances communes sur les principes sous-jacents à lexercice de la
profession, sur lincidence de diverses techniques et sur la prise de décision.»
Elle réprimande les décisionnaires et les politiciens sur leurs initiatives qui
manquent de vision et dappui du milieu. «Dire aux écoles de changer na
jamais permis de modifier substantiellement lenseignement et ce, pendant des
dizaines dannées de travail à la réforme du curriculum
Les décisionnaires
doivent susciter la capacité et lengagement à accomplir le travail requis plutôt
que de tenir pour acquis que les décrets, à eux seuls, engendrent une nouvelle façon
dexercer la profession, tel quils lenvisagent.»
Américaine, Linda Darling-Hammond reconnaît limportance du rôle dun
organisme comme lOrdre des enseignantes et des enseignants de lOntario dans la
vie professionnelle des membres du corps enseignant. «Une fonction devient une profession
quand elle prend la responsabilité délaborer une base de connaissances commune à
tous ses membres et de transmettre ces connaissances par la formation professionnelle, la
délivrance de la compétence et lévaluation continue par les pairs.»
The Right to Learn utilise une langue claire et convaincante, appuyée par la
recherche récente dune manière qui ne gêne pas à la lecture. Cest là le
genre de livre quil faut lire, dont il faut discuter entre collègues et remettre à
la présidence du conseil décole. Il serait également approprié den
suggérer la lecture à une conseillère ou à un conseiller scolaire ou même à un
député. The Right to Learn devrait être une lecture obligatoire pour les
enseignantes et enseignants, les parents et les politiciens.
Rick Chambers a enseigné langlais pendant 27 ans et est agent de programme à
la Division des questions professionnelles à lOrdre.