De nombreux pays croient que le but de léducation se résume à ceci :
lexcellence scolaire.
Au contraire, notre système déducation préconise à la fois lexcellence
scolaire, le développement physique et social ainsi que les murs et valeurs. Cette
vision holistique de léducation produit peut-être des finissantes et des
finissants plus complets, mais les tests internationaux ne mesurent encore que les
connaissances et compétences scolaires.
En 1950, le Japon comptait 140 jours dinstruction pendant lannée scolaire
tandis que lOntario en comptait 185. Près dun demi-siècle plus tard, nos
écoles comptent toujours 185 jours dinstruction tandis que le Japon en compte 240.
En outre, leur journée scolaire est de 20 pour cent plus longue que la nôtre.
Leur curriculum et leur vision pédagogique visent à préparer les élèves à
réussir les tests donnant accès à des écoles et à des programmes particuliers. De
nombreux pays asiatiques ont adopté une structure semblable. Ainsi, comme les élèves
passent plus de temps en classe à étudier des matières précises en vue de passer des
tests, ils y réussissent mieux.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, jai remarqué un contraste frappant entre leurs
deux systèmes déducation et celui de lOntario. Jai dabord
visité une école internationale, comprenant des écoles élémentaires et secondaires.
Les édifices modernes nichés dans la région montagneuse tropicale possèdent toutes les
ressources ainsi que la technologie informatique de nos écoles. En outre, de nombreuses
classes comptent environ 15 élèves par enseignant, soit la moitié du ratio
élèves-enseignant des écoles ontariennes. Le curriculum est axé sur les matières
scolaires, en particulier sur les tests. Il est certain que ces élèves seront admis à
nimporte quel établissement denseignement où quil soit, et quils
réussiront.
Située à peine quelques kilomètres plus loin, lécole indigène offre une image
tout à fait différente de la première. Ses 400 élèves logent dans des classes
délabrées, dépourvues délectricité, et, dans certains cas, inondées pendant la
saison des pluies. Il ny a que quelques meubles épars et encore moins de
documentation. Lappui gouvernemental à léducation varie dannée en
année, voire de mois en mois, et il arrive que le personnel enseignant ne soit pas
rémunéré. Ces élèves ne recevront pas le niveau dinstruction qui leur permettra
de prendre leur place sur le marché des emplois international.
Lavenir de léducation passe souvent par limportance dêtre
compétitif à léchelle internationale.
En Ontario, le gouvernement se préoccupe de plus en plus de la transparence de son
système déducation. Ses dernières initiatives portent notamment sur les tests
provinciaux normalisés, un curriculum axé sur les résultats et possédant une structure
explicite, ainsi quun nouveau bulletin provincial faisant appel au pourcentage et au
code graphique pour refléter le rendement des élèves.
La Chine et le Japon possèdent un curriculum très structuré, et leur système
comprend des tests conçus pour faciliter le cloisonnement des élèves. Mais jai
découvert dans ces deux pays un intérêt réel à passer de ce système traditionnel à
un système plus ouvert où lon prépare les élèves à résoudre des problèmes de
façon indépendante et créative.
Le développement de la pensée créative chez les jeunes, la capacité de poser des
questions pertinentes, la résolution de problèmes et le travail déquipe, voilà
les éléments sur lesquels les éducatrices et éducateurs ontariens se concentrent
depuis bon nombre dannées déjà. Et cest peut-être pourquoi nos élèves ne
réussissent pas aussi bien aux tests internationaux que les élèves dautres pays.
Alors que le gouvernement ontarien resserre le curriculum et se concentre davantage sur
la préparation des élèves en vue de tests, question dassurer une plus grande
transparence du système, dautres pays qui réussissent bien aux tests
internationaux, le Japon par exemple, constatent que leurs élèves manquent de
créativité et présentent des lacunes sur les plans de la résolution de problèmes et
des relations humaines, ce qui rend difficile le travail en équipe ou autonome, deux
compétences recherchées sur le marché de lemploi.
Peut-être trouvera-t-on un moyen de réconcilier ces deux positions diamétralement
opposées pour en arriver à un système doté à la fois dune structure et de
créativité.
Influences culturelles
Au Japon, le personnel enseignant ne supervise ni la récréation ni lheure du
repas. On peut seulement imaginer le nombre de poursuites qui seraient entreprises en
Ontario si on éliminait cette supervision. Cest quil y a toute une culture
qui influence le comportement des élèves et les relations entre eux. Léducation
et la réussite scolaire sont de première importance.
En Chine, les salles de classe sont bondées. Mais les élèves manifestent une soif
dapprendre et une discipline étonnante qui leur permettent de se concentrer sur la
tâche à accomplir.
En Ontario, une classe de 50 élèves et plus causerait des problèmes inimaginables de
gestion du comportement, étant donné lattitude et léthique de travail de
nombreux élèves. Cest à souhaiter que la plus récente initiative du gouvernement
de limiter le nombre délèves par classe aura pour effet de régler les problèmes
associés aux classes trop nombreuses.
Même si lAustralie est située à lautre bout du monde, son système
déducation ressemble davantage au nôtre. De fait, on y entreprend des initiatives
semblables aux nôtres, notamment les conseils décole, les plans stratégiques, les
codes de conduite, des énoncés de mission, un curriculum plus structuré et une
transparence accrue grâce aux tests normalisés. Les élèves et le personnel enseignant
nauraient aucune difficulté à passer dun système à lautre.
La technologie progresse, la planéte rapetisse
Un changement de système nécessiterait des changements dordre technologique
difficilement prévisibles.
En Chine, par exemple, jai été étonné de voir quon utilise les
vidéodisques numériques plutôt que les magnétoscopes et vidéocassettes. On a tout
simplement sauté toute une période technologique pour se placer dun seul coup dans
le futur. Et nous, nous utilisons toujours les bonnes vieilles vidéocassettes.
En Australie, jai été abasourdi devant le nombre imposant de personnes qui
utilisent le téléphone cellulaire, peu importe où elles se trouvent. Cest
dailleurs en Australie quon utilise le plus cet outil de communication.
Souvent, les pays dépourvus dune infrastructure pour lélectricité ou le
téléphone, en particulier dans les régions éloignées, préfèrent la technologie
cellulaire de pointe, qui élimine le besoin de débourser des sommes importantes pour
installer un système téléphonique à lancienne. Pourquoi acheter un magnétoscope
quand on peut utiliser les vidéodisques numériques?
Je nai pu mempêcher de penser à toutes les écoles ontariennes qui sont
toujours munies dordinateurs C64 et 286!
Si tel est le cas, devrions-nous repenser limportance des progrès technologiques
dans les écoles ontariennes? Il sagit dun domaine où dautres pays,
moins développés, nous dépassent.
Étant donné que des pays comme le Japon et la Chine envisagent léducation
comme la prestation dun ensemble de connaissances de manière structurée et
systématique, il est probable quils offrent un programme complet en informatique.
En plus dêtre véliplanchiste, Gib Taylor est directeur de la McKenzie Public
School à Thunder Bay. Il enseigne aussi à temps partiel à la faculté déducation
de lUniversité Lakehead.