Mary-Jane Page n’est pas une enseignante ordinaire et ses méthodes pédagogiques n’ont rien de traditionnel. Et pourtant, il suffit de quelques clics de souris pour comprendre pourquoi l’Ontario Business Educators’ Association (OBEA) a reconnu son dévouement en la nommant Innovative Business Education Teacher de 2011.
Comme la plupart des pédagogues, Mme Page communique avec les élèves, les parents et les conseillers en orientation, met à jour des ressources et offre des possibilités d’apprentissage différencié. Toutefois, les élèves de Mme Page, eux, viennent de tous les coins de la région d’Halton et il est fort possible qu’ils ne rencontrent jamais leur enseignante en personne. Virtuellement, c’est une autre histoire.
Les communications par courriels et vidéos YouTube font partie du quotidien de Mme Page, y compris des rappels sur les devoirs à rendre et des annonces et conseils sur l’apprentissage en ligne. (Pour avoir un aperçu des conseils sur la gestion du temps que donne Mme Page à ses élèves de Choix de carrière et civisme, consultez (youtube.com/watch?v=Y93eApg_RA0).
Depuis 2005, Mme Page donne des cours au département de l’apprentissage en ligne de son conseil scolaire (Halton District School Board). Grâce à la souplesse de son programme, les élèves apprennent et travaillent non seulement à leur propre rythme, mais aussi à l’endroit et au moment qui leur conviennent, des éléments clés pour la motivation et le succès des élèves.
L’OBEA a décerné à Mme Page son prix le plus important pour avoir élaboré des activités en ligne actuelles, invitantes et pertinentes, et aussi présenté ses stratégies et ressources web à divers congrès. Elle se dit très fière d’avoir remporté le prix, surtout qu’elle aime ce qu’elle fait et qu’elle croit que c’est bénéfique pour les élèves. «Travailler individuellement prend plus de temps, explique Mme Page. Mais d’un autre côté, c’est plus facile. Je personnalise mon cours et mes élèves ont plus de façons de montrer leurs connaissances.»
Leur amour pour la technologie et leur motivation sont une formule gagnante.
En offrant à ses élèves un apprentissage varié et riche, Mme Page est d’avis qu’ils sont plus productifs. «L’ironie est que l’enseignement en ligne fait l’objet de moins de contraintes et d’interruptions, souligne-t-elle. Mes élèves travaillent davantage, pas moins – contrairement à ce qu’on serait porté à croire. Aucune réunion, aucun déplacement à effectuer au laboratoire d’informatique et aucune perte de temps à aider chaque élève à se connecter. Nous n’attendons pas après le serveur. L’enseignement en ligne est une méthode d’apprentissage efficace, qui connaît une popularité grandissante.»
Le conseil scolaire offre des cours en ligne depuis 2002; la première année, 50 élèves ont suivi quatre cours. Cette année, en septembre, dix pédagogues donneront 25 cours différents à plus de 850 élèves. La popularité du programme est partiellement attribuable au fait que les élèves peuvent suivre des cours qui ne sont pas offerts à leur école ou qui sont complets ou annulés à cause d’un manque de participants; c’est souvent le cas dans les petites écoles, car elles offrent moins de cours. Après tout, il suffit de deux élèves de chaque école secondaire pour former une classe en ligne de 32 participants.
Un autre avantage important, dit Mme Page, est l’appui offert aux élèves qui ne peuvent se déplacer pour venir à l’école. Elle a enseigné à des enfants qui souffraient de maladies sérieuses, subissaient des traitements de chimiothérapie, ou qui se remettaient d’une commotion cérébrale ou d’un accident grave. Elle a également travaillé avec des athlètes d’élite et des élèves qui continuent à accumuler des crédits pendant leur travail missionnaire à l’étranger.
L’apprentissage en ligne est le complément idéal de la salle de classe traditionnelle. Les adolescents adorent la technologie et le contrôle qu’apportent le travail et l’apprentissage autonomes. .
La salle de classe traditionnelle n’a pas été un succès pour bon nombre de ses élèves. Certains ont plus de 18 ans et préfèrent ne pas suivre leur cours avec des jeunes de 14 ans. D’autres adorent la technologie et souhaitent essayer une nouvelle approche. «Chaque élève a sa raison, explique Mme Page. Comprendre ce qui les motive, ainsi que leurs forces et leurs capacités, m’aide à les guider vers le succès.
«En outre, je dois comprendre que les élèves travailleront selon leur propre horaire, à leur rythme, et qu’ils termineront les devoirs dans le format qui leur convient le mieux. Leur amour pour la technologie et leur motivation sont une formule gagnante. Un choix remarquable en matière de vecteur d’apprentissage.»
Steve Oliver, EAO, est le chef du programme d’enseignement en ligne du même conseil scolaire. Il dit qu’une des forces principales de Mme Page est de saisir comment ses élèves apprennent. «Elle comprend la nature de l’enseignement en ligne et sait pourquoi les enfants veulent apprendre par ce moyen. Elle se tient au courant en matière de technologie, et garde son travail actuel et pertinent.»
M. Oliver explique que les pédagogues qui enseignent en ligne doivent concevoir la salle de classe de manière différente et visualiser l’expérience d’apprentissage pour les élèves. «Elle sait que les élèves peuvent participer au cours dans la soirée et qu’ils ne le font pas tous les jours. Afin de permettre à chacun de ses apprenants de travailler à son gré, l’enseignant doit faire preuve de patience et de souplesse. L’élève se trouve au centre de l’apprentissage. Mary Jane fait un travail exemplaire.»
Mme Page comprend que la salle de classe traditionnelle n’est pas le milieu d’apprentissage idéal pour tous les élèves. «Dans nos salles de classe, on a tous constaté que certains élèves distraient les autres et nuisent à leur apprentissage, dit-elle. Les enfants travaillent-ils mieux chez eux les pieds sur le divan ou assis sur un banc dans un amphithéâtre? De nos jours, ils peuvent apprendre et participer au cours de n’importe où.»
Il va de soi qu’elle laisse les élèves négocier la date de tombée des principaux travaux, pourvu qu’ils aient atteint les objectifs qu’ils se sont fixés durant le trimestre pour les devoirs mineurs. Elle leur permet également de prendre des décisions sur la façon d’entreprendre les travaux majeurs.
Ses élèves de 12e année en entrepreneuriat créent des cybersites commerciaux à l’aide de logiciels de conception gratuits comme Google [sites.google.com], Wix [wix.com] ou Weebly [education.weebly.com]. Lorsque Mme Page enseigne dans une salle de classe, ses élèves ne peuvent utiliser que les logiciels autorisés par le conseil scolaire et leurs sites sont hébergés sur le serveur de l’école, souvent plus lent.
«Lorsque les élèves travaillent de la maison (en utilisant différents systèmes d’exploitation), ils ont accès plus facilement aux logiciels gratuits. Les élèves qui travaillent en ligne simulent davantage la création d’un site pour affaires, et ce, sans frais.» Les élèves de Mme Page utilisent divers logiciels, ils créent notamment :
• des cartes avec Prezi [prezi.com]
• des affiches ou des collages avec BigHugeLabs [bighugelabs.com]
• des récits animés avec Go! Animate [www.goanimate.com] et Xtranormal [xtranormal.com]
• des chansons, des enregistrements et des affiches avec PodOmatic [podomatic.com]
• des présentations avec Google Presentations [google.com ➞ Documents ➞ Présentations].
Jetez un coup d’œil sur des projets de commerce en ligne réalisés par des élèves à sites.google.com et des présentations récentes sur les affaires municipales à .
Outre les avantages techniques dont les élèves bénéficient à la maison, Mme Page a remarqué que plusieurs d’entre eux manifestent une plus grande liberté d’expression en ligne qu’en classe. Ils redoutent moins le jugement de leurs camarades. Du même coup, les élèves et les enseignants sont plus heureux et plus motivés. «Auparavant, on craignait que l’apprentissage en ligne élimine les enseignants et les emplois, dit-elle. Loin de là. L’apprentissage en ligne ne remplacera jamais la salle de classe.»
La popularité du programme est partiellement due au fait que les élèves peuvent suivre des cours qui ne sont pas offerts à leur école ou qui sont complets ou annulés à cause d’un manque de participants.
Mme Page convient que les élèves doivent développer et perfectionner leurs compétences interpersonnelles, soit travailler en collaboration, faire des présentations animées et débattre des questions. «Ce sont des compétences de vie du XXIe siècle qu’ils n’acquerront pas en travaillant seulement en ligne.»
Cependant, l’apprentissage en ligne est le complément idéal de la salle de classe traditionnelle. Les adolescents adorent la technologie et le contrôle qu’apportent le travail et l’apprentissage autonomes. Une enseignante d’études commerciales primée n’est-elle pas mieux placée pour leur enseigner les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans la vie? «On pourrait penser que nos élèves sont prêts à affronter le monde ou qu’ils sont spécialistes en technologie parce qu’ils passent un temps inouï en ligne, dit M. Oliver. Mais il existe une différence entre maîtriser les médias sociaux et pouvoir apprendre en ligne. Mary Jane aide les élèves à apprendre à survivre et à réussir dans le milieu de l’apprentissage électronique. C’est un jeu de compétences qui est essentiel à leur succès.»
Rien n’est plus important qu’aider les élèves à réussir, que ce soit sur le divan à Burlington ou dans une mission à l’autre bout du monde.
